Sunday, March 14, 2010

Joe the Barbarian #01 et #02 de Grant Morisson et Sean Murphy (Vertigo) 2,99$


Un jeune adolescent dans un monde de jouet devenu bien réel. Un adulte perdu dans son monde d'enfance devenu bien réel. Chacun sait que ce qu'il voit est une illusion mais l'impact de leurs actions dans cet univers se retranscrit d'une manière ou d'une autre dans la réalité. Le scénario de Joe the Barbarian est similaire à celui de Kingdom of the Wicked, de Ian Edginton et D'Israeli, mais pas identique. Les deux protagonistes se distingue par leur âge et donc leur vision des évènements. Kingdom of the wicked était une psychanalyse onirique et fantastique d'un auteur de livres pour enfants. Joe the Barbarian se présente pour l'instant comme l'hallucination d'un ado en pleine crise d'hypoglicémie, à la fois conscient de ce qu'il est nécessaire de faire pour aller mieux mais piégé dans l'univers de son imagination qui transforme sa maison en un univers parallèle.

D'abord prévu pour six numéros, cette histoire se déroulera finalement sur huit par la force de la collaboration entre Grant Morrison (The Invisibles, WE3, Superman) et Sean Murphy. Ce dernier fait briller l'univers imaginé par Morrison d'angles originaux où le lecteur peut s'introduire dans l'action et percevoir le malaise constant dans lequel nage Joe. Fils d'un père soldat aujourd'hui défunt qu'il visite au cimeterre dans les premières pages, fils d'une mère absente car trop occupé par ses problèmes d'argents, collégien maltraité par les brutes du coin mais pas abandonné car objet d'attention d'une jeune fille attentionné, Joe est l'adolescent typique de toutes les histoires que l'on semble connaitre dès la première case. Murphy et Morrison ressasse les classiques pour mieux le distinguer par la suite.

Tout dans son univers peut parler au lecteur de comics lambda. Son imaginaire est aussi bondé de visages familiers. Des clones de Transformers, de G.I.JOE ainsi que Batman & Robin accueil le jeune garçon dans cet univers mis à feu et à sang par un ennemi inconnu. Les visages de plastiques sont fermés. Batman s'appuie sur l'épaule d'un autre justicier costumé, un couple d'ours en peluche avance tant bien que mal, l'oursonne rose amputée d'une patte claudiquant sur ses béquilles. Les détails sont dizaines dans ces pages. A tel point que l'histoire que l'on pourrait croire familière devient de plus en plus original. Passé le premier numéro introductif assez peu riche en contenu narratif, le second permet une plus grande exploration des enjeux qui se révèleront surement beaucoup plus important si l'histoire se déroule sur six autres numéros.


L'attention apporté à cette série du fait de la présence de Grant Morrison au scénario permettra à Sean Murphy de devenir l'une des nouvelles star du comics, cela il n'y a pas a en douter. Mais a peine commencé, il ne faudrait pas conclure de suite cette histoire comme si son issu était déjà connu. Morrison n'est pas homme à s'avachir sur ses acquis et l'univers onirique et réel le connait bien puisqu'il s'est fait connaitre avec Arkham Asylum, une histoire dont la force était justement de mêler le rêve à la réalité pour qu'en découle une plus grande vérité sur le personnage de Batman. Joe en revanche n'a pas encore autant vécu que cela que son quotidien semble être tiré de toute part, tout comme le conflit dans lequel il vient de tomber en compagnie de ses jouets. De là à dire que l'on peut pronostiquer une psychanalyse imaginaire d'un personnage de papier, il est permis d'en attendre autant de la part du scénariste écossais.

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