Sunday, March 07, 2010

Heavy Liquid ou Qui est Paul Pope? (Vertigo)


J'aime ma vie mais si l'on me proposait de vivre celle de Paul Pope j'hésiterais. Avec une tête pareille il aurait pu être mannequin ou chanteur dans un groupe de rock. Il chante surement très bien en plus. Il est aussi parait-il très aimable. Son talent au crayon lui a permit de côtoyer des groupes de rock (John Spencer Blues Explosion dont l'un des flyer est un tee-shirt), s'associer à une marque pour produire une ligne de vêtement (DKNY) ou éditer des illustrations sur bois (voir le site de NakatomicInc). Tout ce que touche cet auteur est enchanteur car son travail l'est. Je m'avancerais même jusqu'à dire qu'il fait parti des auteurs les plus intéressants et originaux des années 90. Une accolade qui n'est que mérité grâce à un style capable de croiser des influences aussi variés que Hugo Pratt (Corto Maltese) pour la vive émotion de ses planches, Goseki Kojima pour le dynamisme (Lone wolf and Cub) et Jack Kirby pour l'imagination. Un savant fou l'aurait crée, il n'aurait pas mieux fait.

Les histoires de Pope baignent d'un enthousiasme et d'une fronde adolescente baigné d'intelligence et de romantisme. Heavy liquid est un film noir du futur où un talentueux voleur part à la recherche d'une substance mystérieuse et convoité qui l'amènera jusqu'à une ancienne petite amie et au delà des frontières de son être. La conclusion vous laissera haletant, dans l'espoir dans savoir plus tout en sachant pertinent que toutes les réponses ne pourront venir que de votre propre imagination. Une incroyable aventure pourtant conté avec autant de maitrise narrative que graphique. Maitrise de l'encrage. Noir, blanc, grise et rouge suffisent pour les traits des villes futuristes ou les pas de ce héros, dont les traits sont clairement ceux de Pope, vont le porter.

Paul Pope sait que les meilleurs histoires parlent d'amour tragique et de héros triomphant contre l'adversité mais il n'en fait pas sa seule arme en y ajoutant une désinvolture rock and roll et une conception futuriste à la William Gibson (Casanova de Matt Fraction et Fabio Moon s'en inspire beaucoup). Enfin, la richesse de l'univers de Pope fait de ses personnages des créations dont la page n'est qu'une limite abstraite. Leur caractère et leurs émotions décollent instantanément. Ils ont toujours été et continue de vivre au-delà des cases où ils apparaissent. Une fois le volume refermé ils continueront à vivre des aventures. Les pages se tournent, les illustrations sortent, les tee shirts passent mais jamais il ne faillit. Il reste lui-même et entraine son art là où il le désire. Un artiste précieux et complet dont la place est déjà assuré au panthéon qu'il rejoindra une fois le dernier trait tiré. On a heureusement encore le temps de voir venir.

2 comments:

Unknown said...

J'ai découvert paul pope très récemment finalement et je me suis procuré le batman et le 100%. Je trouve ton article très juste. Il a une façon de "sculpter" ses personnages qui les rend tout de suite familiers et attachants. Quant à son style alors là chapeau le mec parce que réussir à faire du noir et blanc avec ce dynamisme et cette virtuosité quand on connait les maitres qui l'ont précédés... Inimitable !!!

Hororo said...

Le fait d'avoir travaillé au Japon pour un studio d'animation l'a pas mal aidé je pense. Après, il y a aussi son style de base que tu peux voir dans Heavy Liquid mais ses planches dans Batman Year 100 sont d'une puissance rare dans un comics, même pour une histoire de Batman.