Friday, November 10, 2006

the Authority - Ou sont passé les héros des années 90 ?

Je pourrais parler des comics que j'ai acheté recemment mais je ne peut pas. Je n'y arrive pas. La seule personne qui occupe mon esprit en ce moment, artistiquement parlant, désolé les cannes ne m'excitent pas, c'est Warren Ellis. Warren Ellis, un auteur anglais bien connus de mes lecteurs pour être la garantis d'une lecture distrayante, intelligente et interessante. Peu de flop a son actif mais un désir constant de repousser ses propres limites. Planetary, série qui va bientot se conclure, vient de me rappeler exactement ce que j'aime chez lui. Et ce n'est pas son humour anglais froid et cynique. Je l'aime bien pour ça, mais, non, ce n'est pas ce qui m'impressionne. Ellis, comme beaucoup d'auteurs de sa génération, avec Grant Morrisson ou Garth Ennis, ont rédéfinis le comic book adulte et participé a sa maturation. Warren Ellis par contre est celui qui aura le plus d'impact sur notre génération de lecteur, que nous le voulons ou non. La raison s'explique en un seul titre : the Authority. Je ne pense pas que beaucoup de gens réalisent a quel point cette série a eu un impact sur le comic book mais pourtant on le ressent aujourd'hui.

the Authority, par sa débauche de violence et ses personnages grossier et egocentrique, fut le coup de pied final aux super héros violent que Kingdome Come, de Mark Waid et Alex Ross, regardait comme des enfants battard qui avaient perdus les rêves de leurs ainés. Le don de soi, la dignité de l'homme, le respect était remplacé par la violence et la quête de la gloire à tout prix. D'ailleurs, je viens de me rendre compte qu'un des éléments central de Kingdome Come, l'explosion d'un personnage au pouvoir atomique causant la disparition d'un état americain entier, est très semblable a l'introduction de Civil War, la destruction d'une école par un super vilains aux pouvoirs explosif. Inspiration inconsciente ou rencontre de grands esprits, l'un ou l'autre ça n'a pas d'importance. Revenons plutot a the Authority. Le point final de la violence gratuite. Les tars des super héros moderne des années 90 exagérés jusqu'a la frontière de l'heroïsme pour jetter un regard méprisant sur tout ce qui n'est pas allé au bout du concept et voulait imposer un format batard ou le super héros serait violent mais plein d'idéaux. Non, Le rêve de the Authority est utopique mais aussi réaliste. On va vous sauver, et on va vous forcer a être sauvé, que vous le voulez ou non.

C'est avec ce petit doigt de cynisme melé a un désir de redemption de l'humanité, propre au style de Ellis que l'on retrouve dans Transmetropolitan, que the Authority a permis un reveil des troupes. Que l'on le veuille ou non, le super héros doit se battre pour quelqu'un et pas juste pour le plaisir. Un héros sans devoir n'est pas un héros, c'est un mercenaire. the Authority ne s'offre pas au plus offrant et c'est cela qui les mène a leur perte en voulant faire trop bien. Le concept de Ellis s'arrête d'ailleurs a mon avis avec la mort de Jenny Sparks. La violence de Mark Millar est par la suite beaucoup trop exagéré et perd de vue les valeurs de Jenny Sparks, la leader de l'équipe d'origine. L'équipe de Mark Millar veut ramasser la gloire elle aussi, tout comme les personnages de Kingdome Come, et c'est pour cela qu'ils "meurent" l'espace de quelques numéros. Vient ensuite la phase politique ou l'idéalisme revient sous la plume de Ed Brubaker mais pas le super héroisme. On passe alors au super héros intellectuel typique d'un comic book consommé par un public adulte. L'equipe de Warren Ellis était, elle, un compromis entre les deux générations, et offrait autant de dose d'adrenalyne que de pistes de reflections sociale et politique. Plus du premier que du deuxième, mais quand même.

the Authority, vu par Warren Ellis, était une réponse a tout ce que voulait les lecteurs. Des héros charismatiques ? Check. Des histoires passionantes avec beaucoup d'actions ? Check. Des dialogues direct ? Check. Des personnages diverses et non en carton pate ? Check. Le public ne veut pas de gay ? Dommage pour vous. Check. Et enfin, des effets speciaux que le cinema ne pourra pas rattraper avant des dizaines d'années. Check. Ah, ouais, vous pouvez faire apparaitre des clones d'un même personnage sur un écran de cinéma ? Mais est ce que vous pouvez faire un film ou une equipe se bat contre des dieux en s'introduisant à l'intérieur d'eux et en pulverisant leur système nerveux ? Ah, c'est plus dur hein ... Ellis a poussé le bouchon assez loin pour que personne ne puisse l'atteindre. A partir de là, ou était la surenchère ? Pourquoi avoir besoin de faire plus fou que ça ? Explorons les nouvelles pistes, voilà, ce que disaient Ellis en sonnant la fin des super héros des années 90. Allez voir ailleurs, il n'y a plus rien a faire par ici. Aventurier du scénario, scientifique de la bande déssiné. Ellis repousse le format dans ses limites et se sert de l'experience de ses prédecesseurs pour construire son propre monde. Inébranlable. Une légende. Ensuite, c'est encore une autre histoire.