Saturday, October 02, 2010

Scott Pilgrim, l'amour et rock & roll contre les ex maléfiques

Rarement un tel engouement pour un comics fut autant mérité que l'effervescence entourant Scott Pilgrim de Brian Lee O'Malley. Le film qui s'apprête a sortir en France vers la fin de l'année n'aura pas atteint les objectifs commerciaux déments des studios mais aura contribué à pousser de plus en plus de monde vers les six volumes originaux et en faire l'un des best sellers actuel.

Interprété à l'écran par l'acteur attitré aux adolescents maladroit, Michael Cera, Scott prend les traits d'un sympathique canadien, aux traits étirés façon manga, dont le quotidien se divise entre ses potes, ses histoires d'amour malheureuses et son groupe de rock. Tout change quand il fait la rencontre de Ramona, en tombe amoureux et se retrouve obligé d'affronter les ex petits amis maléfiques de celle-ci avant de pouvoir sortir avec elle.

Rock, amourette, turpitude adolescentes, tout cela pourrait puer la série du mercredi matin joué par des acteurs Hollywood chewing gum si O'Malley n'avait pas autant de facilité à écrire des dialogues crédibles, entrainant et réalistes. Scott et ses potes sont des ados désinhibés et naturellement cool. "Cool" est surement ce qui résume le mieux Scott Pilgrim dans son ensemble. Toutes personnes nourrit aux histoires de super héros et de pouvoirs fantastiques croisés à un quotidien fait de musique et de sorties aurait aimé vivre la vie de Scott.

Parfois superficiel mais toujours attendrissant, l'univers crée par O'Malley évolue de chapitre en chapitre au fil des saisons et des rencontres. En seulement six volumes illustrés par un trait minimalistes, à la fois original et familier, chacun, ami comme rivale, prend des décisions sur sa vie et grandit avec la constante impression de ne pas lire une oeuvre de fiction mais un petit bout d'un univers parallèle auquel aurait accès l'auteur. Scott Pilgrim tient du disque de pop parfait en cela qu'il sonne tout simplement juste du début à la fin. Impossible de se sortir la création de la tête quand de page en page la dépendance devient de plus en plus forte et il ne faut donc pas s'étonner quand le jour de la sortie du dernier volume, certains se sont précipités chez leur vendeur de comics en expirant de soulagement devant la pile de comics fraichement arrivé (anecdote véridique colporté par l'un de mes libraires comics favoris: Arkham, rue Broca, allez-y, ce sont les meilleurs).

Des super pouvoirs acquis par un régime vegan aux jumeaux maléfiques constructeur de robot, la quête de Scott contre les ex maléfiques de Ramona n'est finalement qu'un prétexte pour permettre à Scott de s'affirmer, tout comme nous avons tous eu une relation d'adolescence par laquelle nous avons grandit et appris à définir nos objectifs et nos envies. D'une petite histoire de conquête du coeur d'une bien aimé, Brian Lee O'Malley illustre avec toute la maitrise d'un maître de la bande dessinée, qui n'en est pourtant qu'à ses débuts, la vie complexe d'une adolescence moderne, à la fois romancé et réaliste. Une histoire universel et presque consensuel qui ne sacrifie pourtant en rien sa fraicheur pour plaire à tous et se contente "juste" d'être sincère.

Sunday, September 26, 2010

Costume en latex, robot géant et combat du bien contre le mal : Yatterman !


Après s'être fait connaître des fans de cinéma asiatique par des films d'horreur (The Audition) et d'action (Dead or Alive 1), des drames psychologiques (Visitor Q), réinventant constamment les règles des genres a son bon vouloir pour satisfaire les besoins de ses scénarios surprenant, Takeshi Miike se consacre depuis 2007 a une production beaucoup moins abondante et moins original, quoi que toujours satisfaisante pour le peu que l'on ne regrette pas trop les effets de surprises constant que l'on ressentait forcement en regardant des films comme Tokyo Triad Society, Ichi the killer, Dead or Alive 1 et 2 (le 3 étant a éviter) ou Gozu.

Yatterman constitue la première aventure de Miike dans le monde du film pour "enfant". Un genre que l'on aurait jamais cru le réalisateur capable de visiter bien que Zebraman le montrait déjà capable de film comique ridicule et bon enfant. Adapté d'une série anime japonaise des années 70, les deux héros, Gan et Ai, accompagné de leur robot fonctionnant sur pile, Omotchama, doivent affronter un trio de voleur inventif mais maladroit, les Doronbo, menés par la plantureuse et sexy Doronjo, ses deux acolytes Boyacky, amoureux de sa chef, et Tonzura. Les deux équipes font évidemment pensé au dessin animé Pokemon, de même que les petits robots crée par le véhicule robot des Yatterman dont les seules paroles sont de répéter leur nom.

Raconté comme un enchainement de trois épisodes de la série où les Dorombo inventent de nouveaux moyens de gagner de l'argent illégalement (en vendant a des prix défiant toute concurrence des robes de mariés, par exemple) jusqu'à ce que les Yatterman interviennent, le tout est lié par la quête de quatre pierres sacrés formant un crane capable de créer un évènement incroyable. Poussé par les troubles causés par les pierres qui font disparaitre mystérieusement des objets, et l'enlèvement d'un archéologue dont la fille accompagne les Yatterman dans la découverte de la vérité sur ce qu'il est advenu de son père.

Les différentes situations entrainent l'intervention des inventions robotiques des deux camps tandis que le plan échafaudé par une mystérieuse force extérieur provoque de nombreuses catastrophes (plus ou moins dramatique, comme la disparition d'un pont ou de la lettre O du mot Boite de la devanture d'un magasin appelé la Boite à outil). Pas un goutte de sang ne sera versé, ce qui constitue déjà presque un exploit pour un film de Miike. En revanche, les sous-entendus sexuelles (un robot Vierge des Borombo pousse des "Oh oui" quand il attaque) typiquement japonais auront de quoi surprendre les spectateurs étrangers à la culture locale.

Si l'on fait donc exception de ces gags pas subtile du tout, Yatterman peut être vu par tout public de fan de série de robot ou de film d'aventures délirant. Les inventions visuels débordent de tout côté tout au long du film dans ce japon à la technologie avancé où le couple de héros se bat tout de même avec une baguette et un bilboquet électrique ! A sa sortie, Yatterman rentra en première place du box office japonais et ce n'est pas difficile de comprendre pourquoi jeune et moins jeune se sont retrouvés dans cette grande boite a surprise graphique où l'on rit et sourit innocemment comme rarement.

Séance de spiritisme pour drame humain sur lit de fantome


Réalité avant le culte Kaîro qui amena une plus grande reconnaissance pour Kiyoshi Kurosawa, Séance montre déjà ses capacités a renouveler le genre fantomatique japonais avec une histoire de couple où interviennent des éléments fantastiques afin de souligner le malaise grandissant dans la banalité du quotidien d'un homme et d'une femme pour qui la normalité est la source d'un désagrément sous jacent et persistant.

Le film commence d'abord étrangement en se concentrant sur des personnages secondaires, un professeur de psychologie et un jeune étudiant passionné de para psychologie cherchant à démontrer l'existence et l'efficacité de ces techniques. Pour se faire, il rencontre Jun, une jeune femme doué d'un don de medium. Son mari, Sato, interprété par un acteur régulier de la filmographie de Kiyochi Kurosawa (déjà acteur principal dans Charisma, Cure, Retribution, Kaïro...), Koji Yakusho, preneur de son, rentre le soir et mange avec sa femme, échange des conversations banales avec elle et travaille parfois tard tandis que sa femme part se coucher. La distance quasi constante entre eux, malgré un amour de tout évidence sincère, va se réduire lors d'un passage au mont Fuji où Sato se rend pour enregistrer des bruissements de feuille pour son travail.

L'enlèvement d'une fillette dans un square se poursuit en effet dans le mont Fuji et, alors que la petite court pour échapper à son ravisseur, elle va se cacher dans une boite apporté par Sato. Celui-ci la referme sans vérifier son contenu et rentre chez lui, laissant son contenu mystérieux abandonné. Pendant ce temps la, sa femme est de nouveau contacter pour ses dons, mais cette fois par la police, pour l'aider à la recherche de cette petite fille disparu. Les conséquences de ce concours de circonstance vont alors les emmener dans le territoire du thriller et secouer le tranquillité de leur couple et son apaisante et étouffante normalité.

Comme il l'avait montré dans Cure et prouvé dans Kaïro, Kurosawa maitrise l'espace de sa caméra et use parfaitement des même angles mort et du même type de petite fille qu'Hideo Nakata a popularisé dans Ring. Toutefois, la part importante de fantastique et de mysticisme de Ring est remplacé par un enfermement profond d'un couple dans son quotidien et dans leur propre maison, désormais à la fois hanté par un fantôme mais aussi par leur propre culpabilité. Le mélange des trois genres, thriller, drame et fantastique, se concrétise merveilleusement dans une heure et demi de malaise. Sans jamais accentuer trop les effets sursautant pour asseoir plutôt une grisaille qui sera poussé à son paroxysme dans la dépression urbaine de Kaïro, Séance montre que Kurosawa maitrise non seulement très bien la question d'une menace fantomatique mais la mise en scène subtile des émotions de ses personnages.


Séance - Bande annonce Vost FR
envoyé par _Caprice_. - Court métrage, documentaire et bande annonce.

Four lions de Chris Morris


Projeté en ouverture de l'Etrange festival, Four lions dénote un peu du reste de la programmation par un sévère manque d'horreur, de fantastique et de folie. En fait, ce premier film de Chris Morris, après une carrière à la radio et à la télévision anglaise, s'approprie un des thèmes les plus risqués actuellement : le terrorisme islamiste. Risqué car la plus grande crainte est d'attiré la vengeance de ces même terroriste, comme la prouvé l'affaire des dessins parodiques de Mahomet ou même un récent épisode de South Park. Bref, pour de nombreux producteur, un film de ce genre doit représenté un risque, potentiel ou réel, de recevoir plus que des critiques de spectateurs et de critiques.

Pourtant, contrairement à ces fameux dessin de Mahomet qui n'avait de choquant que la controverse ridicule qu'ils ont causés, Four lions, avec son humour grossier et rentre dedans, réussit a décrire les terroristes avec surement plus de justesse que les multiples reportages télévisés que l'on a pu voir depuis les attentats du onze septembre. Simple, ridicule, idiot et surtout perdus, les quatre héros de Chris Morris veulent désespérément se faire entendre en commettant un acte terroriste sur le sol anglais. Leur détermination doit toutefois être tempéré par leur inaptitude grotesque a faire valoir leur qualité de soldat de l'islam radicale devant leurs collègues ou même a se décider sur quel cible choisir (une mosquée? un poste de police? Internet?).

Tout aussi sympathique et drôle que dangereux, Omar (un père de famille bien intégré à la communauté dont la femme et le fils soutiennent son ambition terroriste), Waj (un sympathique ahuris de premier ordre), Barry (l'incapable et despotique membre qui désire être leader du groupe sans en avoir les idées) et Faisal (le benêt du groupe dont le projet est d'entrainer des corbeaux a se faire exploser) forment un quatuor dont le caractère et la détermination en disent long sur la condition et l'origine des personnes dont la conviction dans la cause radicale va jusqu'au terrorisme.

L'humour de Morris ne s'attaque pas non plus qu'au terrorisme et parodie donc absolument, police, armée américaine, collègue de travail britannique et islamisme radicale passif (le frère d'Omar ne cherche pas a se faire sauter mais ne peut tolérer qu'une femme reste dans la même pièce que lui). A ce titre, Four lions est une comédie satyrique parodique outrancière dans ses gags dont le rythme soutenu va à la fois vers des situations toujours plus folle tout en étant plus dramatiques les unes que les autres. A mi-chemin entre la comédie et l'engagement politique, Morris fait de Four lions un film aussi distrayant qu'essentiel à une époque où il est nécessaire de rappeler que le meilleur remède à la paranoïa ambiante et à la peur est le rire.

No mercy de Kim Hyeong Joon


Présenté par le réalisateur Alejandro Jodorowsky, scénariste de bande-dessinée (L'Incal, le Lama Blanc, Bouncer, Juan Solo...), réalisateur (El Topo, la Montagne sacrée...) et romancier, dans le cadre de sa sélection pour l'Etrange Festival, No mercy était vendu comme une alternative réaliste à Old boy dont le final nous laisserait avec une marque indélébile. Deux heures plus tard, comme promis, le public ressortait avec l'esprit habité par une conclusion au souvenir tenace. Qu'en est-il toutefois du reste du film?

Contrairement à The Chaser de Na Hong-jin, film auquel No mercy ne peut éviter d'être comparer, le talent et la personnalité de réalisateur de Kim Hyeong-joon dont c'est aussi le premier film, ne sont pas révélés instantanément, encore trop marqué par des influences américaines qui font de No mercy une sorte d'anomalie dans la galerie de film noir crée ces dernières années par le cinéma coréen. Boon Joon-Ho, Kim Jee-woon et Park Chan-wook ont tous marqués par le public par une réalisation capable d'un compromis entre le dynamisme américain et le travail d'atmosphère du cinéma japonais.

Encore jeune, et malheureusement, pour lui, précédé par une suite de classique ou futur classique, No mercy n'impressionne pas autant et déçoit même par un classicisme inattendus pour un réalisateur en provenance d'un pays dont l'originalité et la qualité de la production ont amenés tout les regards vers eux. Pourtant, l'histoire de vengeance dépeinte ici ne souffre pas d'un manque d'efficacité ou de rythme. Bien au contraire, le parcours haletant de ce père médecin légiste pour sauver sa fille de la machination mis en place par un jeune activiste écologiste va de Charybde en Scilla pour tromper la police, et le faire libérer le kidnappeur de prison où celui-ci s'est lui-même fait enfermer après avoir avoué le meurtre d'une jeune fille, secoue le spectateur et le plonge dans une intrigue aussi déjà-vu que passionnante.

Ainsi, si l'on oublie un peu les références évidentes, ou tout simplement que l'on ne les connait pas, No mercy peut passer pour un très bon film noir péchant simplement par manque d'originalité, mais pas d'efficacité, dans un genre renouvelé par des perles comme Sympathy for Mr Vengeance et Memories of murder. On pouvait aussi en attendre plus d'un film sélectionné par un être autant avide d'originalité que Jodorowsky. Celui-ci avait pourtant bien prévenu le public en parlant d'un final réaliste et étouffant. No mercy mérite effectivement d'être vu rien que pour celui-ci. Sans fonctionner sur une surenchère de violence comme A serbian film ou une réalisation époustouflante comme Old boy, No mercy permet à Kim Hyeong-joon de se faire une place dans l'industrie coréenne et d'attirer l'attention sur ses capacités qui ne manqueront pas de se développer après un au départ prometteur.

Mutant Girl Squad de Yoshihiro Nishimura, Noboru Iguchi et Tak Sagakushi


Machine Girl, de Noboru Iguchi, et Tokyo Gore Police, de Yoshihiro Nishimura, ont déjà été chroniqués sur ce site, c'est donc au tour d'une réalisation des deux même réalisateur, et de l'acteur Tak Sakaguchi, mondialement connu grâce à Versus de Ryûhei Kitamura, d'être chroniqué ici, Mutant Girl Squad.

Le scénario est encore une fois un gros prétexte a de nombreuses scènes gore mélangeant comédie et action. Une jeune lycéenne dont c'est le seizième anniversaire va découvrir qu'en plus d'être rejeté par le groupe de gamine insolente qui font de sa vie au lycée un enfer, elle est une Hiruko, une espèce de mutante pourchassée par le gouvernement japonais. Vite rejoint par le groupe de résistant Hiruko, elle subit un entrainement pour mené une contre attaque contre le gouvernement japonais et le Japon tout entier.

Produit par Sushi Typhoon, une filiale la Nikkatsu, l'une des grande boite de production japonaise, Mutant Girl Squad reste fidèle a la ligne de conduite extrême et délirante introduite par les productions des deux réalisateurs, et en 2000 par Versus, sorte d'ancêtre de ces productions que d'autres comparent aux plus extrême, et n'ayant rien de comique, film chinois de catégorie 3 comme Man behind the sun. Ici, la présentation même du logo de la boite est prétexte au ridicule avec une explosion d'un sushi dont la lamelle de poisson est soulevé par le vent. A partir de là, on peut s'attendre à tout et tout arrive effectivement.

Apparition d'arme par les membres, à la Tokyo Gore Police, découpage d'ennemie et transformation en baguette, tête fantomatique volant sur un gâteau, tout aussi fantôme, soldat armé de mitraillette nasale... Chaque scène possède son lot d'idée farfelue balancé au hasard comme un bukkake géant tout aussi jouisif pour les créateurs que ceux qui le reçoivent dans la gueule. Le grand guignole à la japonaise ne laisse aucune appréhension et aucun complexe l'empêché de créer. Les défauts évident comme le jeu des acteurs ou le manque de budget pour créer des effets spéciaux convainquant sont détournés comme des forces. Si une explosion de tête n'est pas effrayante alors elle sera d'autant plus comique.

Bien moins ambitieux et toutefois tout aussi efficace que le malsain et inventif Tokyo Gore Police, Mutant Girl Squad n'a cessé de récolter des applaudissements des spectateurs lors de sa première et de sa seconde projection lors de l'Etrange Festival (oui, j'étais présent aux deux). La parodie de film d'horreur est tout aussi assumé et maitrisé que dans Brain Dead avec toutefois comme grande différence de ne pas s'appropier seulement les codes du genre mais de créer de nouvelles situations abérrente et grotesques aussi hilarante qu'enthousiasmante de part tant de créativité. Si Takashi Miike semble avoir laisser d'horreur derrière lui pour l'instant, d'autre continue de faire du Japon le pays le plus intéressant dans le genre en terme de folie.

Cargo de Ivan Engler et Ralph Etter (2010)


Quand il fut présenté à l'Etrange Festival, il y a quelque semaines, la mention de l'exclusivité de sa distribution, accompagné des nombreux éloges concernant la réalisation d'un tel film de science fiction de qualité, d'autant plus quand il provient d'un pays inattendu, la Suisse, avait de quoi surprendre. Destiné à une sortie directement en DVD sans être diffusé dans les salles françaises, la qualité du produit, tel qu'il était décrit, faisait miroité un nouveau cas de classique en devenir éloigné des yeux du grand public par des distributeurs ne croyant pas dans la viabilité d'un produit original.

Ce paragraphe devrait donc défendre de mille manières les grandes qualités de cette histoire de SF mêlant le drame et l'action à une romance interdite. A la sortie du film, ses défauts multiples volaient bien trop haut dans les esprits pour en faire l'histoire attendu par la comparaison avec l'excellent Moon de Duncan Jones présenté l'année dernière.

Celui-ci, soutenu par la performance d'acteur du génial Sam Rockwell, seul être humain de l'histoire apparaissant comme un personnage actif dans l'histoire, traitait de l'isolement dans une base spatiale et d'un sentiment grandissant de paranoïa parfaitement mis en scène en une heure et demi de huit clos dans une base spatiale. Cargo en revanche tente de traiter de nombreux sujets sans les creuser suffisamment pour que l'on soit capable de dire à la fin du film qu'elle en était son propos, un comble pour un film de SF.

Isolé dans un vaisseau en partance pour un eldorado réservé aux plus chanceux et riche des rescapés de la planète Terre que l'on dit inhabitable, l'héroïne médecin de bord va vite sentir la présence d'un être étranger et prévenir ses compagnons conservés dans une stase artificielle pour la durée du voyage. Très vite, de curieux évènement et la mort d'un personnage attise l'inquiétude de tous et il devient nécessaire de découvrir quel secret peut bien contenir ce vaisseau amenant un ravitaillement à une base spatiale.

Les rebondissement vont alors s'accumuler et rester parfois sans explication jusqu'à la fin du film alors qu'il aurait suffit d'étayer l'histoire pour ne pas brouiller le tout. Les principaux évènements sont aussi très prévisibles pour un habitué à des intrigues de science fiction, tout en maitrisant efficacement ceux-ci, le scénariste traine en terre trop familier pour attiser l'intérêt du spectateur.

A l'instar d'Eden log du français Franck Vestiel, Cargo est un grand spectacle futuriste admirablement bien orchestré grâce aux prousses des effets spéciaux actuel. Malgré son origine géographique atypique, Cargo prouve que l'on a pas besoin de venir des Etats-Unis pour éblouir les grands écrans avec des créations d'architectures futuristes crédibles et fascinante. Mais derrière ces effets visuels il y a surtout un scénario en forme de gruillère que les performances très honorables des acteurs principaux, bien dans leur rôle, ne suffisent pas à remplir pour cacher les points d'interrogations laissés bien trop en évidence par les réalisateurs, Ivan Engler (aussi scénariste) et Ralph Etter, et les scénaristes Arnold Busher, Patrik Steinmann et Thilo Röscheisen. La main responsable du coup de feu qui sauvent la vie de l'héroïne, la raison de l'accès impossible au dossier du représentant des services secrets et enfin, les raisons du secret entourant la Terre et la planète eldorado. Bref, le scénario sert de toile de fond à des effets de styles allant du correct à l'excellent, toutefois insuffisant pour en faire un film recommandable. Cargo servira de carte de visite à ses réalisateur, responsable de la photographie et acteur mais surement pas à ses scénaristes.

Saturday, September 25, 2010

La guerre d'Alan - Comme une histoire raconté au coin du feu

S'il y a bien un sujet que je trouve épuisé, c'est celui de la seconde guerre mondiale. Epuisé car tourné à toutes les sauces les plus mélodramatique possible et imaginable pour dépeindre l'horreur de la guerre et du nazisme. Le plus frustrant n'étant pas que l'on parle continuellement de cette guerre et de ce qu'elle a engendré sans évoqué les génocides et les guerres de notre temps. Faut il attendre que les esprits se réveillent après les faits pour pouvoir enfin en parler et hurler sans grand conviction : Plus jamais ça, en attendant que "ça" se reproduise?

Fort heureusement, pour moi du moins, la Guerre d'Alan n'est pas un énième livre sur la seconde guerre mondiale où l'on pointera d'un doigt accusateur les coupables en s'érigeant comme les héros invincibles du bon droit. Crée à partir des conversations enregistrés que l'auteur, Emmanuel Guibert, eu avec le héros de cette histoire, bien des années après les faits, la guerre d'Alan est le récit d'une vie passé à travers l'Europe pendant la seconde guerre mondiale auprès d'amis. Soldats, pasteur, peintre, pianistes, les rencontres que pu faire Alan Ingram Cope, ont enrichis sa vie et sa quête de sa propre identité, la seule véritable quête que nous menons tous à chaque instant.

Sans effet de style dans l'écriture, les paroles et les souvenirs d'Alan accompagnent les vignettes, clichés photographiques mentaux imaginés par Guibert, pour documenter la vie de son héros et ami. La force du récit ne prend forme qu'au fil de la lecture quand on finit par s'imaginer à table avec le narrateur pendant qu'il vous raconte ses souvenirs. un grand-père avec de belles histoires, des petites leçons de vie et surtout pas de morale à la con, débité machinalement. La leçon que vous pourrez tiré de ces histoires, elle viendra d'elle-même. Qu'elle sera t'elle? A vous de le voir. Un tel récit contient tant de degré d'appréciation que l'on peut y revenir continuellement, parcourir un souvenir parmi tant d'autre et se remémorer une situation similaire.

A l'instar d'A drifting life de Yoshihiro Tatsumi, la taille conséquente de l'histoire n'entrave en rien le plaisir que l'on a tourner les pages. Celle-ci se tourne d'elle-même soutenu par la parole et la mémoire d'Alan, seule fil conducteur d'une histoire parfois perdus entre plusieurs époques quand il évoque des retrouvailles après avoir décrit une première rencontre. Guibert est lui aussi au confluent de plusieurs influences. Son travail supporte parfaitement la comparaison avec le gigantesque Maus d'Art Spiegelman, autant dans l'émotion dégagé par les souvenirs que dans le mélange de minimalisme que son travail peut utiliser avec pourtant beaucoup d'efficacité. Si les visages sont parfois vague et les décors perdus dans la lumière ou l'obscurité c'est pour mieux renforcer l'impression d'une collection de souvenirs, tout comme les cases où des personnages sont dessinés à même des photographies.

La guerre d'Alan c'est celle qu'il a mené contre les vents contraires de sa propre vie. Les souvenirs éparses du carnet de voyage prennent progressivement tout leur sens et s'assemblent pour former un récit à la fois unique et famillié dans lequel il est facile de s'identifier et pour lequel on se passionne instantanément. Alan est notre grand-père a tous et Guibert son admirable biographe, le filtre de l'imaginaire pour l'histoire de toute une vie pour trouver sa propre identité, ses amis, ses compagnes et sa propre spiritualité. Les balles, les notes de piano, les aventures et les blagues de potes rythment ce beau et somptueux récit qui nous rappelle que la guerre ce n'est pas seulement une histoire de politique et d'idéologie mais d'homme et de femmes, de nationalités et d'opinions différentes, confondus sous leurs drapeaux respectifs. En accompagnant Alan Ingram Cope dans son parcours, on découvre l'Europe de l'époque. Ses cons, ses gens simples et admirables, ses héros oubliés et ses à_côté dramatique ou heureux. Un parfait compagnon au Maus de Spiegelman comme compte rendu de la vie de soldat de l'époque, mais aussi et surtout, de la vie d'un homme.

Saturday, September 18, 2010

Daytripper - Vivre et mourir, et mourir encore, mais vivre

Hier soir, je me suis fait largué et j'en ressens encore les effets sur mon mentale. Un poil déçu, de la fatigue et aussi une bonne blessure à l'ego. Rien de trop grave pour autant, il faut être honnête, on ne sortait pas ensemble depuis assez longtemps pour que cela m'affecte pendant longtemps. Sauf que le "coup" ayant été porté il y a moins de vingt quatre heure, la blessure ne s'est pas encore refermé. Bref, si l'envie vous prend, laissez vos messages de sollicitudes en commentaire ou déposez y vos numéros de téléphone (seulement des filles par contre, désolé les gars). Ceci dit, ce n'est pas le pire qui aurait pu m'arriver. J'aurais pu m'appeler Bras et vivre dans l'histoire écrite et dessiné par les jumeaux Fabio Moon et Gabriel Ba pour y mourir à chaque numéro.

Bras, jeune homme d'origine espagnol, fils d'écrivain célèbre, ne périt pas, à la manière d'un Kenny de South Park, comme un ressort comique récurrent. Les aléas de sa vie le pousse seulement dans de nombreux drames des plus extraordinaires vécu par un homme normal et pourtant fascinant. Chaque évènement, raconté dans un numéro de vingt quatre page, dépeint avec la plus grande humanité, les sentiments de chacun des personnages.

Les souvenirs de vacance, le décès de son père, le départ inexpliqué de son meilleur ami au Brésil. Chacune de ses situations le poussera à rencontrer la faucheuse dans des situations tragiques, et à la fois touchante, malgré l'inéluctabilité de la conclusion, celle que nous allons tous affronté un jour ou l'autre. La mort n'a alors rien de ridicule. Elle n'est que le produit de situation, parfois fantastique, et parfois des plus banale. Ces avenues que pourraient rencontrer Bras sont toutes explorés, comme les multiples allés d'un labyrinthe où il se dédoublerait à chaque croisement. La tendresse et l'humanité des situations triomphe pourtant sur le tragique et fait de chaque numéro un nouveau trésor.

La douceur du trait des jumeaux n'aura jamais été aussi efficace que dans ces pages. Leur collection d'histoires courtes, De-Tales, portait toutes les traces de la grandeur de deux auteurs amenés à être reconnus, ou à disparaitre dans l'allée des créateurs oubliés. Leur travail avec Matt Fraction sur Casanova ou Daniel Way (chanteur de My Chemical Romance) sur The Umbrella Acadamy en aura décidé autrement et il se retrouve aujourd'hui de nouveau sur ce projet commun, produit de quatre main et deux esprits unis depuis la naissance.

En solo et en duo, Fabio et Gabriel sont des artistes complet, capables du plus beau et du plus touchant. Un rayon d'originalité parmi d'autre chez Vertigo, la ligne réservé aux adultes de l'éditeur DC Comics, producteur de nombreux grands et futurs classiques (Preacher, Transmetropolitan, DMZ, Young Liars...). A l'instar de Sandman ou Shade the Changing Man, Daytripper n'est pas seulement réservé aux adultes de par la violence (toutefois rarissime) ou le réalisme des situations, mais parce que les histoires racontés font preuve d'une maturité que l'on goutte comme un récit de voyage à travers le monde. Qu'importe le lieu et la situation, les frères Moon et Ba racontent avec brio leurs histoires car ils ont visités les méandres de l'esprit humain de fond en comble.

Friday, September 10, 2010

Un problème baby? Appelle Afrodisiac

La peau d'ébène et le charme de la coupe afro combiné sont en soi des super-pouvoirs pour tout pimp confirmé, et encore plus pour le meilleur d'entre eux. Capable de convertir instantanément n'importe quel femme à la cause de son sex appeal, Afrodisiac affronte toutes les menaces possibles et sauvent toutes les femmes qu'ils rencontrent, pour les employer ensuite dans son harem.

Sorte de Iceberg Slim, auteur du manuel du parfait macro américain, Pimp, croisé avec l'attitude cool et vaillante de Luke Cage (aka Power Man, accolyte de Iron Fist et leader actuel des New Avengers), ce héros rétro possède toutes les qualité d'un personnage de blaxspotation ultime. Dans cet unique volume, son histoire est retracé depuis son premier numéro jusqu'au dernier publié. Crée par Jim Rugg et Brian Maruca, tout deux née en 1977, Afrodisiac est un héros rétro crée après l'heure avec le même feeling que les histoires de l'époque couplés au savoureux sens du retournement de situation exceptionnelle des deux auteurs déjà derrière l'incroyable Street Angel.

Tout comme dans les aventures de cette dernière, tout se résout et tout explose en une histoire. Cependant, contrairement à l'ange de la rue dont les aventures avaient déjà été publiés dans des fasicules avant d'être regroupés, Afrodisiac se permet un format totalement différent avec des bribes d'histoires, entrecoupés de couverture fictives introduisant des situations dramatiques à la manière des comics des années 60 et 70. Tout comme Loïs Lane qui s'interrogeait sur un moyen de retourner à son époque alors qu'elle était obligé de passer l'aspirateur dans une maison du moyen-âge, pendant que son petit ami Superman se moque d'elle (Superman est un connard, c'est un fait), une jeune fille s'interroge tandis qu'elle est entouré de son petit ami et d'Afrodisiac, tout deux impatient de savoir lequel des deux elle préfère. Dilemme non résolut, puisque non développés, mais dont on connait de toute façon la conclusion.

Afrodisiac dans le lit de ta copine, Afrodisiac contre le robot manipulateur de cerveau. Afrodisiac contre des lesbiennes ! Afrodisiac toujours vainqueur. Les aventures du plus grand pimp du monde se déroulent à la vitesse de l'éclair de manière a crée un volume effervescent d'aventure vintage délicieusement absurde et tout à la fois crédible dans l'univers décalé où tout se déroule. Rugg et Maruca jouent au lego dans les airs et jonglent avec les brics de leur imagination avec une facilité déconcertante dont on ne perçoit aucune trace du ciment artificiel qu'ils ont du étalés à haute dose pour faire tenir des scénarios aussi délirant. Rien qu'en ouvrant le volume et en parcourant les pages à l'aspect jaunis, on se sent revenir à une époque où les aventures étaient plus simples. Bourré d'insouciance, Afrodisiac incarne le fantasme de l'homme parfait d'une époque qui a encore de quoi faire rêver quand elle est raconté avec autant d'humour et d'intelligence.

Wednesday, September 01, 2010

Mon "programme" pour l'Etrange festival 2010

Afin de faciliter la consultation de mon programme a mes ami(e)s, voilà donc ce que je pense voir comme film lors de l'Étrange festival. Prévenez moi par téléphone, mail ou facebook si vous souhaitez que l'on se retrouve avant la séance.

Vendredi 3 Septembre

19H30 Four lions de Chris Norris (salle 500)

L'histoire : Quatre terroristes islamistes originaires du nord de l’Angleterre échafaudent un plan pour se faire exploser comme des kamikazes.


Samedi 4 Septembre

17H00 Le crypto cinéma d'Alejandro Jodorowsky (salle 500)

L'histoire : Surprise!

17H30 Larmes de clown de Victor Sjöström (salle 500)

L'histoire : Un brillant scientifique est trahi par son ami qui lui vole le fruit de ses recherches et les présente à sa place à l’Académie des sciences. Comme il s’insurge, l’imposteur le fait passer pour fou et le gifle. Les académiciens s’esclaffent. Alors, riant aux larmes, pour survivre à la fracassante douleur, il devient sous un chapiteau « le clown qui reçoit des gifles ».

19H15 La cité de la violence de Sergio Sollima (salle 100)

L'histoire : Jeff Heston est un tueur à gages qui ne rate jamais son coup. Un jour, tandis qu'il se promène en voiture avec sa compagne Vanessa, il est poursuivi par un groupe de bandits. Blessé, Jeff se retrouve en prison. À sa sortie, il n'a qu'une idée en tête, se venger du gang et retrouver Vanessa.

22H Mutant girl squad de Noboru Iguchi, Yoshihiro Noshimura et Tak Sagakuchi (salle 500)

L'histoire : À l'âge de seize ans, Rin commence à ressentir une violente douleur au bras droit. Lorsque s’en extrait une arme redoutable, la jeune fille se rend compte qu'elle n'est pas réellement humaine. Rin est alors poursuivie par les forces spéciales qui assassinent ses parents sous ses yeux. Avide de vengeance, la mutante utilise ses nouveaux pouvoirs pour exterminer un à un les agents du gouvernement...

Dimanche 5 Septembre

19H30 No mercy de Kim Hyeong-Jun (salle 500)

L'histoire : Le corps mutilé d’une femme est retrouvé près de la rivière Keum. Le légiste Kang Min-Ho se rend sur le lieu du crime pour tenter d’élucider ce meurtre. Rapidement, le suspect numéro 1 (un activiste fou d’environnement) passe aux aveux. Le problème, c’est qu’il a également kidnappé la fille du légiste responsable de son arrestation. Au cours de l’enquête, Kang Min-Ho va se rendre compte qu’il a déjà par le passé croisé le chemin du criminel.

Mercredi 8 Septembre 2010

19H45 Robert Mitchum est mort de Oliver Babinet et Fred Kihn (salle 300)

L'histoire : Franky est un acteur de seconde zone en pleine dépression. Arsène, son manager, croit en son potentiel de star et l'embarque sur les routes d'une Europe improbable, à la recherche d'un cinéaste mythique, direction le cercle polaire.

Samedi 11 septembre 2010

17H Cargo de Ivan Engler et Ralph Etter (Salle 500)

L'histoire : Depuis l'effondrement de la Terre et de son système écologique, les hommes vivent dans de petites stations spatiales surpeuplées. Le seul espoir vient d’une planète paradisiaque, à cinq annéeslumière de la Terre. À bord du vaisseau Kassandra, tout l'équipage est plongé dans un profond cryo-sommeil à l'exception d'une jeune doctoresse. Au fil de ses gardes, elle a de plus en plus la sensation de ne pas être la seule éveillée...

Tuesday, August 31, 2010

Satoshi Kon, l'homme qui avait trouvé le chemin jusqu'au monde des rêves


Satoshi Kon est décédé le 24 aout 2010. C'était l'un des créateurs les plus brillants de l'animation japonaise. Il nous laisse des chefs d'oeuvres, de pures merveilles d'enchantement des yeux et de l'esprit. Paprika, Tokyo Godfathers, Perfect Blue, Millenium Actress et une série d'exception, Paranoïa Agent.

Plutôt que de faire une eulogie qui ne rentrerait pas suffisamment dans le détail de son œuvre, je préfère me concentrer sur cette série que j'ai visionné en intégralité il y a quelque mois. Trouver un coffret DVD me pris du temps, après avoir malheureusement laissé passer l'occasion d'en acheter quand l'occasion se présentait à sa sortie. Depuis, j'avais scruté les rayons et attendus jusqu'à ce qu'un beau jour, je puisse me précipiter sur celui-ci et contenter ma patience qui fut récompenser au centuples.

Tsukiko Sagi subit l'envie de ses collègues pour avoir créer un personnage très populaire pour le studio d'animation où elle travaille. Une petite peluche rose, mignonne, souriante comme sous l'effet d'une extase innocente illimité. Un soir, en rentrant chez elle, elle trouve sur son chemin un jeune garçon. Un jeune garçon sur des rollers portant une batte de baseball. Il la course, la frappe et fait d'elle la première victime de ce que la presse commence a appeler l'affaire du Gamin à la batte.

Une enquête commence alors pour trouver l'identité de ce gamin dont les victimes s'accumulent. A chaque épisode une nouvelle personne tombe sous le coup de sa vengeance, de sa mission, inexplicable. Quel est le lien? Qu'ont toutes ces personnes en communs. Ces victimes, le spectateur les découvre à chaque nouvelle épisode. Un petit microcosme se développe alors en vingt minutes et donne naissance à une nouvelle part de réalité qui, une fois assemblé, constitue l'univers de Paranoïa Agent.

Celui nous le découvrons aussi par le biais du générique. Un petit moment de télévision et d'animation unique que celui-ci. Aussi fascinante et inquiétant que le générique de Twin Peaks, au décors forestier typique des séries à fleuve, dont le mystère est souligné par la musique d'Angelo Badalamenti. Durant ce générique, les personnages principaux apparaissent successivement au milieu de la circulation, au sommet d'une tour, d'une montage, et rient. Ils rient la gorge déployé. Le genre de rire que l'on laisse éclater quand on se trouve dans une situation tellement dangereuse, tellement tragique, tellement inquiétante, que l'on ne peut plus s'abandonner aux larmes, préférant une dernière jouissance avant l'inéluctable.

En treize épisodes, Satoshi Kon développe des thèmes qui lui sont chères comme la force de l'esprit et l'onirisme. A l'aube de sa disparition, certains commentateurs citaient Paranoïa Agent comme une inspiration possible d'Inception, le dernier film de Christopher Nolan, ou tout du moins une œuvre sœur. Toutefois, de ce que je sais du film, rien dedans ne vous préparera réellement au chef de complexité tissé par l'auteur par la toile des liens entre ses personnages a qui il donne une existence pour laquelle on se passionne au fil de ces petites vingtaines de minutes.

Le Roi est mort, vive le Roi. On parlera encore de son travail pendant longtemps. Peut être même que son dernier film, The Dreaming machine, projet que le cancer ne l'aura pas laissé terminer, trouvera une conclusion entre les mains du studio responsable de sa production. Quoi qu'il en soit, Satoshi Kon était un créateur unique disparu bien trop tôt en laissant une galerie d'œuvre essentiel que l'on espérait voir s'enrichir encore pendant des dizaines d'années. Un commentateur, Jeff Betteridge, résumait la disparition de l'auteur pour le monde de l'animation comme un signe que rien ne sera plus jamais pareille car tout se ressemblera de plus en plus. Lumière d'inspiration pour tous à travers l'univers de l'animation, et au delà, Satoshi Kon a influencer et continuera de marquer l'esprit des créateurs. Bien sûr, d'autres viendront, avec leurs voix et une part des rêves de l'homme. Lui en revanche n'est plus et l'imaginaire vient de perdre un de ses héros.