Sunday, March 28, 2010

Essex County de Jeff Lemire (Top Shelf Production) 49,95$


Difficile de se dire que l'on va se sentir complètement abandonné à cause de quelques pages de bande dessinés. Perdu dans une campagne canadienne, isolé de l'effervescence des villes ou seul dans la foule, les personnages d'Essex County n'ont pour compagnie que leurs rêves et le silence du paysage et des conversations où tout se dit quand personne ne parle. Chargé de douleur et de maladresse, les points en guise d'yeux que Jeff Lemire donne à ses personnages suffisent à les faire parler plus que quand une bulle de dialogue ne se pose à côté de leurs têtes.

D'origine canadienne, l'auteur a parcouru ce pays pour en capter autant l'essence même. A tel point que même si sont présent des éléments typiquement canadien comme l'amour du Hockey, ce sont les paysages qui distinguent cette histoire d'une autre conté dans un autre pays. Chaque arbre et chaque monticule de neige déplacé par les pas de ce jeune garçon recueilli par son oncle à la mort de sa mère, ou de ce vielle homme dont la vie se défile devant nos yeux, au fur et à mesure que ses souvenirs le quitte, à l'aube de son existence, a autant sa place dans la narration que ceux à qui l'on donné le pouvoir de parler.

Des générations d'hommes et de femmes s'animent tout au long de ce volume d'Essex County où sont recueillis les trois volumes précédemment paru, Tales from the farm, Ghost stories et The Country Nurse et les réunir dans ce même recueil n'aurait pas pu être plus approprié. Les pas et les souvenirs se croisent entre les pages et entre les époques. Les tragédies rejoignent les moments de tendresse et d'amitié. Les histoires les plus intimes font échos à nos souvenirs et l'ont parcours sa propre histoire en découvrant celle de ces personnages que l'on ne peut imaginer comme des êtres fictifs. Chacun a forcement du exister dans un coin du Canada ou du monde entier.

Sobre et gorgé de sensibilité, Essex County est d'ors et déjà le chef d'œuvre de la jeune carrière de Jeff Lemire qu'il continue sur Sweet tooth, publié chez Vertigo. Son trait se prête parfaitement au noir et blanc, de même que les histoires qu'il raconte ici, entre souvenirs, rêve et réalité. Les cordes se tendent, on retient les larmes et on tourne la page jusqu'à en arriver à la dernière. Le volume se referme alors, les pages partent se perdre dans nos propres souvenirs et notre vie continu, enrichi de superbes instantané d'humanité fantasmé par un esprit des plus talentueux que le comics canadien nous ai donné.

Batman Year 100 de Paul Pope (DC Comics) 19,99$

L'impact de Batman Year One ne pourra jamais été reproduit sans que cela empêche des auteurs de talents de proposer leurs visions de Batman. Sans plus d'introduction qu'il n'en est nécessaire pour un personnage aussi connu que Batman, Paul Pope trempe son personnage dans le mystère d'un Gotham City Owerlien où les ennemis ne portent des masques que pour se protéger et préfère se cacher derrière la loi et le pouvoir pour venir à bout de la légende urbaine du guerrier chauve souris.

En cela, Batman Year 100 se rapproche de la première année d'activité de Batman écrite par Frank Miller et David Mazuccheli quand la corruption grignotait Gotham City et que Gordon et Batman était les seuls rempart contre la folie de l'humanité courant à sa perte. Cent ans plus tard, les rues de la ville sont toujours aussi oppressantes et l'intelligence et l'agilité de Batman semble toujours aussi vaines. Paul Pope n'a pourtant pas oublié que malgré la folie et la violence qui habitent les rues, la présence d'un monstre de muscle déguisé sous un costume gris et noir, volant presque entre les immeubles, est toujours aussi effrayante, faisant de Batman un spectre dans lequel on ne veut pas croire.

C'est dans la folie même du personnage et son incroyable détermination que se précipite l'incrédulité de ses ennemis, impatient de se voiler les yeux et d'ignorer ce clou perdu dans rouages acérés de leurs machinations. A la fois futuriste, irréel et enracinés dans tout les fondamentaux du personnage, le Batman agé de 100 ans se cache derrière tout les influences de la jeunesse et de la vivacité d'un Paul Pope toujours aussi inspiré une histoire à la fois proche des origines et aussi très moderne.

L'auteur a scruté tout les facettes du personnage, tout ce qu'on lui a fait, tout ce qu'on lui a apporté. La folie, les gadgets, ce caractère intraitable, pour le rendre encore plus insaisissable pour ses ennemis et presque humain devant ses alliés, une femme médecin - complice indispensable, sa fille - Oracle dont l'usage des jambes n'a jamais été volé par un Joker, auquel on ne fait qu'allusion, un Robin dévoué mais déterminé et un Gordon en tout point identique à son ancêtre - intègre, ingénieux et intraitable. Tout n'est pas que Batman, obscurité et violence. Les habitants de Gotham City usent intelligemment de leurs bulles tandis que Batman frappe, saute et suent silencieusement, réservant chaque mot pour ne garder que l'essentiel et ne rien révéler de sa véritable identité, de ses faiblesses ou de ses inquiétudes. Bill Finger et Bob Kane aurait bien du mal à reconnaitre leurs créations derrière les traits acérés de ce justicier transformé par l'évolution du paysage urbain. Il est pourtant bien là ce personnage insaisissable mais grâce à l'intelligence de Paul Pope il semble revivre. Pas de ride, pas de perte de souffle, pas de surpoids. Batman ne viellira jamais et continuera de vivre dans les pages tant que des auteurs aussi talentueux animeront chacun de ses pas.

Flashpoint de Wilson Yip (2007)


Il n'y a pas de mal a filmer des gens qui se battent. Pas besoin de s'excuser ou de tenter de cacher cela derrière un scénario. John Woo l'a bien compris en réduisant ses histoires à leur plus simple appareil avant de faire jaillir les flingues, les rampes d'escaliers, les cordes, les pigeons et les malfrats armés jusqu'aux dents. Raconter les triades de Hong Kong, John Woo aussi l'a fait. Les méchants, la corruption, les flingues. Ce n'est pas très subtile mais ça permet au moins de dresser un tableau convaincant avant de faire pleuvoir les balles.

Wilson Yip essaye par contre de peindre une histoire pleine de clichés en pensant qu'elle peut être convaincante si on ajoute suffisamment d'élément au scénario. Un trio de frère unis dans le crime, un flic infiltré, une mère amnésique, une amitié entre flic, un policier aux méthodes violentes, une histoire d'amour, des immigrés vietnamien voulant revenir au pays ... Des thèmes sont abordés, utilisés pendant quelques plans en grignotant des clichés visuels d'une bêtise affligeante (les mains ensanglantés du héros qu'il lave après avoir tabassé un type pendant une scène deux fois trop longue). Tout cela bouffe allègrement le temps et les scènes de baston se réduisent alors au début et à la fin du film.

Quarante-minutes de scénario servit par des "acteurs" plus capable de donner et de recevoir les coups que d'échanger des répliques ou d'incarner des rôles autrement qu'avec des poses cools ou des airs de bad ass crétin et à peine une demi-heure d'échange de coup de poing et de pied. Le 100% action et 100% free fight promis par la jacket est bien oublié. La scène finale est d'un ridicule insondable et le film se termine sur des images incompréhensibles où l'on voit passer la mère amnésique perdu dans un champ sous les yeux du flic infiltré, défoncé au possible et peinturluré de sang tendant vers le fluorescent. Fondu au noir, le héros est dans sa bagnole, regarde les grattes ciels de Hong-Kong et une phrase du début du film revient en voix off, "Je ne sais pas si j'ai déjà arrêté quelqu'un d'innocent, ça c'est le travail d'un juge. Moi, mon travail c'est d'arrêter les truands".

Ah merde ... est ce que ça veut dire que le type sous entend qu'il se fout de la culpabilité des mecs qu'il vient de tuer ou de tabasser. Tout ce qui compte, c'est sa paye à la fin du mois! Le flic machine ou le flic vengeur? Encore une belle interrogation que le réalisateur aura encore une fois laissé en suspend dans son film. Soutenu seulement pas un enchainement de cascades et de rebondissement laissé à l'abandon à la fin du film, Flashpoint repose sur le jeu d'un très bon combattant dont le talent est bien mal mis en avant. Comme si on avait demandé à Chow Yun Fat de jouer la comédie au lieu de tirer sans cesse sur des criminels! Flashpoint est à peine un film à regarder entre pote tant il manque de moment réellement divertissant, préférant se perdre dans une histoire qu'il ne maitrise pas. Pour un film sur les triades, regarder Election 1 et 2 de Johnnie To. Pour un film d'action, allez aussi voir ailleurs. Flashpoint échoue sur les deux tableaux.

Saturday, March 20, 2010

Scalped - High lonesome de Jason Aaron, R.M. Guéra, Davide Furno et Francesco Francavilla (Vertigo) 14,99$


Une hyperbole en guise de citation sur la couverture attirera surement les petits sourires en coin des plus méprisants. De ceux qui n'auront pas encore ouvert ce volume de Scalped. De ceux qui ne connaissent pas encore Scalped. De ceux qui ne connaissent pas encore Jason Aaron.

"One of the b est comics ever created"
- Philadelphia Daily News
C'est vrai. Scalped est l'un des meilleurs comics à l'heure actuel. L'une des séries les plus intenses. Jason Starr, l'un des auteurs de roman noir américain les plus en vue, le dit lui-même en introduction en comparant Scalped aux meilleurs histoires d'Elmore Leonard (Punch Créol, que tout le monde connait sous le nom de Jacky Brown au cinéma, Get Shorty). Aaron en récupère le gout pour les histoires personnels. Les personnages soutenues par des histoires de coeur, de cul, de coup de couteau. Des petits histoires qui creusent la profondeur des personnages et vous donne envie de les voir vivre pendant encore quelques lignes, aussi con, dégueulasse, stupide ou corrompu soient ils.

Ce nouveau volume fonctionne de la même manière. Chaque numéro détaille la vie d'un personnage introduit dans les volumes précédents et leur donne toute la profondeur qu'il ne méritait pas, sale connard et pauvre vieux manipulateurs qu'ils sont, pour que nous ne les regardions vivre sur une page et que nous ayons envie de suivre encore et encore leurs histoires. Celles-ci sont liés à la vie de la réserve indienne dans laquelle le nœud de l'histoire se déroule. Deux agents du FBI tués il y a une vingtaine d'année. De l'amour, du sang, des trahisons et de la corruption. Un agent du FBI infiltré laisse filer son enquête et s'effondre dans les caniveaux de la réserve. Pendant ce temps, les acteurs bougent et s'activent de toute part. Font valoir leur droit à ne pas être que de seconds couteaux. Il n'y en a pas véritablement dans Scalped car chacun mérite son heure de gloire, un peu de passion pour leurs vies maudites dès leur naissance.

Comme le disait Ed Brubaker dans l'introduction du quatrième volume, les personnages de Scalped sont tous perdus d'avance. Les cinq histoires de ce volume le prouve encore et encore mais l'espoir subsiste...

La chance d'Aaron est aussi d'être entouré de dessinateurs habités par la ville et les personnes qu'ils dessinent. Au nombre de trois, leurs styles s'adaptent à chacune des histoires. Rien n'est exagéré dans les traits qu'ils donnent à Wesley Willeford, Baylis ou Diesel. Ce sont des figures familières sans être des caricatures dont la personnalité s'échappe de chacun de l'une de leurs actions. On lit la douleur sur leur visage, les sourires forcés ou les mines inquiètes déguisés derrière un visage fermés, prêt à recevoir les coups que la vie leurs assènent continuellement, comme si tout cela n'était qu'un long match avec Mike Tyson qui ne s'arrêterait jamais.
A la fin du volume on peut déjà sentir l'histoire tendre vers sa conclusion. Je ne vous encouragerais pas à vous plonger dans Scalped avant qu'il ne soit trop tard car les recueils resteront toujours là, à attendre que de nouveaux lecteurs découvrent l'un des chefs d'œuvres du roman noir moderne. Scalped n'est pas l'un des meilleurs comics jamais crée. Scalped est l'un des meilleurs romans noir qui a jamais été mis en image.

The Anchor - Five furies TPB de Phil Hester & Brian Churilla (Boom Studio) 9,99$


Phil Hester pourra toujours compter sur ma participation financière depuis le duo Deep Sleeper et Sarcophage, tout deux dessiné par Mike Huddleston. Je desespérais un peu de ne pas le voir revenir au scénario sur une création original depuis The Atheist et la mention de son nom sur la couverture de The Anchor me fit sauter sur l'occasion sans rien savoir du scénario. Le pitch de celui-ci se résume dans un personnage puissant mais simple dont la mission sainte est de démolir des esprits de la nature pour protéger l'univers.

La chrétienté prend encore une fois une part importante dans le scénario puisque déjà dans Deep Sleeper il était question d'âme. The Anchor est le nom que porte ce mystérieux homme dont l'esprit semble être prisonnier des enfers où il combat inlassablement les hordes de démons tentant d'envahir la Terre. Son corps est quand à lui présent dans notre monde pour le défendre des attaques de monstres s'éveillant sans raison particulière dans différentes villes ou lieux. Ces esprits sont liés à l'endroit où ils s'éveillent et il serait logique de penser qu'ils ont raison pour apparaitre successivement à ces différents endroits, mais cette raison n'est pas encore abordée.

Le scénario de The Anchor pourrait paraitre complexe si il n'était pas entouré de clichés de films d'actions. The Anchor évolue dans ce nouveau monde qu'il a quitté au Moyen-Age avant de rejoindre les enfers, grâce à l'aide d'une jeune islandaise fasciné par ce personnage. Passionnée d'histoire, elle lui apporte conseils et explique les origines des différentes menaces aux "personnes qui les accompagnent". Le ressort est fatigué à tel point qu'Hester a bien du mal a le dissimuler. Le personnage du général qui tente d'exploiter The Anchor est lui aussi un revenant des annales du genre et apparait comme une collection de personnage connus (le général Ross de l'univers d'Hulk en première ligne).

The Anchor a pourtant plus en commun avec Hellboy qu'avec Hulk grâce à ce but et cette aura de mystère qui entoure ses origines et les raisons de son apparition sur Terre. Brian Churilla a même quelques traits de crayons de communs avec Mike Mignola mais c'est surtout vers Tom Scioli (Godland) qu'il se tourne pour son inspiration, lui-même fortement influencé par Jack Kirby. Le passage d'un clone à un autre n'est donc pas du meilleur effet, bien que le travail de Scioli, tout comme celui de Churilla, soit approprié pour les histoires qu'ils illustrent, ce dernier n'apporte que peu à cet histoire hormis des monstres pour qui ce qualificatif est approprié. Le mélange entre un style super héroïque et une intrigue fantastique est maitrisé quand on attends qu'une histoire distrayante suffisamment prenante pour faire tourner les pages. The Anchor réserve cependant beaucoup de secrets et pourrait prendre beaucoup plus d'ampleur au fur et à mesure que Churilla prendra possession de son univers et qu'Hester révélera tout ce qu'il dissimule encore. Mais, plus vite cette histoire se débarrassera de ses stéréotypes et mieux elle évoluera.

Shaolin Cowboy #05 de Geoff Darrow (Burlyman) 3,50$


Au contraire de War Heroes, Shaolin Cowboy est une histoire dont la publication, plus qu'erratique, n'a aucune espèce d'incidence sur la lecture. Qu'importe le scénario. Toutes les personnes qui vous diront lire ce comics pour son "histoire" sont les même qui défendent leur lecture de Playboy en mentionnant qu'on y trouve de très bons articles (ceci étant, il y avait de très bons articles musicaux dans le magazine porno que j'achetais ...). Shaolin Cowboy n'a pourtant rien de commun avec le magazine de Hugh Effner à moins que l'on m'ait mentis et que la PlayBoy mansion soit un lieu de repos pour des extra terrestres adepte du Zen en quête de vengeance contre un guerrier Shaolin perdu dans l'Ouest.

Résumé comme tel, Shaolin Cowboy ne semble pas avoir de sens mais c'est bien là tout l'intérêt de l'histoire conçu par Geoff Darrow (Big Guy, Hard Boiled et collaborateur des frères Wachowsky sur Matrix pour la conception de leur univers), un prétexte géant pour dessiner un affrontement titanesque entre un débonnaire asiatique d'une force surhumaine et des ennemis qui lui en veulent tous pour d'obscures raisons. Il y a quelques numéros (parus il y a maintenant deux ans), le Shaolin Cowboy devait affronter une horde de brigands venus se frotter à lui pour collecter la prime qui a été mis sur sa tête, mené par un crabe l'accusant de parricide lors de sa visite dans un restaurant de crustacé.

Nous sommes aujourd'hui en 2010 et j'ai finalement pu lire ce cinquième numéro paru en 2006. Le suivant est paru l'année suivante et ainsi de suite. Une vitesse de fourmis qui ne nuit en rien à la lecture tant les planches de Darrow sont de véritables merveilles. Dès la première double page, le héros se propulse à travers une montagne, accompagné de sa fidèle mule, narrateur bavard des évènements et de tout ce qui lui passe par la tête, tandis que deux extra terrestres insectoïdes leur font face dans les airs, en position de combat. Chaque pierre, projetée dans les airs, est représenté avec la plus grande minutie. Ainsi, si Darrow ne prête pas attention au réalisme, il se souci de l'exactitude des éléments du décors pour que son univers soit remplis de détails humoristique.

Dans leur chute les bagages du Cowboy s'ouvre et laisse sortir un bébé d'une valise. Rattrapé juste à temps par la mule, celle-ci se retrouve opposé aux deux monstres sur la crête de ce qui se révèle être le museau d'un monstre gigantesque mesurant deux pages. Avalé par le monstre, notre maitre du kung-fu doit maintenant survivre dans l'intestin de la bête en pagayant avec deux tronçonneuse accrochées à un bout de bois. Ah et j'oubliais de préciser qu'une ville gigantesque trône sur le dos du monstre géant où se déroule maintenant l'action (dessus et dedans). Violent et absurde, l'univers de Geoff Darrow vaut pour sa richesse graphique dont l'inventivité se retrouve, non dans les échanges ou le but, mais le déroulement des évènements. L'histoire n'est donc pas ignoré mais comment la raconter sans se passer de l'illustration? Raconté par un autre auteur, elle n'aurait pas la même richesse débridé qui habite ce mélange de Kirby, Gotlib et Druillet. Il n'y a pas d'auteurs similaires à Geoff Darrow et il n'y a pas d'univers semblables à celui de Shaolin Cowboy. Tout se résume en ces termes et justifie l'attente, la recherche et la dégustation incessante de ces planches.

War Heroes #03 de Mark Millar et Tony Harris (Image) 2,99$


Arrivé à la moitié de l'histoire, la publication de War Heroes est interrompu pour le moment. La faute en reviendrait logiquement à Tony Harris tant son style réaliste, inspiré de photos qu'il prend de ses amis pour reproduire correctement les attitudes des personnages (l'un des grands point fort d'une série politico fantastique comme Ex-Machina) mais c'est en fait Mark Millar le responsable.

Son planning chargé de scénariste écossais en a fait une personnalité incontournable du microcosme du comics américain (il est même parodié sur Twitter par @NotMarkMillar). Tour à tour sauveur de l'économie par sa connivence avec le monde du cinéma (Wanted, Kick-Ass, Iron Man) et des histoires générant un rayonnement médiatique (Civil War, son annonce que Eminem voulait à tout prix jouer dans l'adaptation cinématographique de Wanted) ou destructeur par la prolifération de son impact dans les comics Marvel (Civil War et ses retard de publication). Personne ne peut ignorer l'écossais mais celui-ci semble ignorer qu'il a une série à finir.

War Heroes portait pourtant en son sein toute la controverse nécessaire à en faire un best seller ou au moins intéresser le New York Times : la drogue du super-héros confié à l'armée américaine. Des soldats boostés de pouvoirs surhumains en guerre contre les Talibans. Une histoire de jalousie et d'amitié entre frère. Ca aurait très bien pu se passer si la série avait été publié à un rythme normal (et non à une fréquence faisant passer Daredevil Father de Joe Quesada pour un mensuel).

Arrivé au troisième numéro la couverture révèle que rien ne se passe comme prévu pour l'armée. Tout se complique aussi pour le frère du héros national, mis en valeur par l'armée pour vendre son concept de soldats boostés, dont l'implication dans un traffic va le pousser à agir. Ce troisième numéro pose donc War Heroes à un carrefour où tout devra changer pour arriver à une conclusion satisfaisante, happy end ou non. Lâche, les décisions du "héros" seront aussi déterminate car à trop vouloir être un anti-héros il est toujours poussé par son entourage, tout aussi inintéressant que lui, à travers le platane et droit dans le mur de derrière. Se révéler comme un personnage intéressant à la moitié de l'histoire quand seul l'accroche de l'histoire et le nom des auteurs vous fait acheter la série, c'est signe d'un malaise.

Les défauts de War Heroes sont pathologiques pour Mark Millar. Le dessinateur de choix qui l'accompagne ne parvient pas à faire oublier le manque d'investissement de l'auteur dans son histoire. En comparaison, le rêve de nerd qu'était 1967 était beaucoup plus jouissif tout en étant foncièrement anecdotique. War Heroes a tout pour décoller mais reste clouer au sol par une publication hasardeuse et un scénariste parti aux quatre vent, désormais incapable de se poser sur un seul projet. Les lecteurs du TPB apprécieront donc surement beaucoup plus la totalité de cette histoire quand ils la découvriront en une traite que dans ces conditions chaotiques.

Monday, March 15, 2010

Siege #01 et #02 de Brian Michael Bendis et Olivier Coipel (Marvel)


Les blogs américains ont beaucoup parlé de Siege il y a quelques semaines pour une certaine double page montrant The Sentry en train d'accomplir une action qu'il aurait été inimaginable dans un comics Marvel il y a encore quelques années (qui plus est dans un titre aussi mainstream mettant en scène des personnages pouvant devenir des licences potentiels pour l'éditeur et son nouveau patron, Disney), ainsi qu'une page de fin immédiatement parodié pour être adopté à l'actualité politique américaine.

Mais, contrairement à Civil War où même le New-York Times s'était interrogé sur les intentions de chacun des deux parties (Iron Man représentant les pro régulation et Captain America les indépendants), Siege n'a pas reçu de couverture médiatique de ce type. De quoi douter que l'évènement soit réellement aussi important que ce que les campagnes publicitaires annonçait ("An event 7 years in the making")? On aurait alors raison de douter car arrivé à la moitié de l'histoire rien de notable ne s'est encore passé.

Il y a bien sur les pages controversés et les débuts d'un conflit majeur dont la conclusion aura un impact sur l'univers Marvel. L'annonce d'un évènement ayant pris sept ans a en arrivé à ce point n'est pas incorrect. Il a d'ailleurs tellement pris de temps pour en arriver là que des lecteurs prenant l'histoire en cours auront bien du mal à voir l'intérêt d'un tel accueil au clairon. Contrairement à Civil War dont le scenario impliquait aussi les préoccupations politiques de l'époque, Siege est un évènement Marvel où les gentils triompheront surement des méchants. D'ailleurs, le scénario est pratiquement annexes tant l'invasion de Asgard par Norman Osborn et H.A.M.M.E.R. n'est qu'un prétexte à faire intervenir l'équipe de Captain America.

Reste donc à voir en quel mesure ceux-ci triompheront et quels seront les évènements à venir en cours de route mais de la même manière qu'un film pop corn, Siege présente toutes les marques d'une histoire bourré d'explosion avec suffisamment d'explosion pour maintenir l'attention. Le dessinateur français Olivier Coipel convient très bien pour une histoire de ce type mais ne se distingue pas particulièrement du canon des histoires de ce type. A l'instar de Steve McNiven ou de David Finch, Coipel est un dessinateur de surhommes apte à à retranscrire la magnitude du conflit entre des hommes et des femmes aux pectoraux sur-dimensionné dont le passe temps est de s'envoyer des nions avec classe. Bendis apporte les dialogues et la direction.

Il est aussi parfait pour superviser cette conclusion en tant que collaborateur présent depuis le début des évènements. Il maitrise donc toute l'intrigue et ses protagonistes, des Avengers (dont il a scénarisé les deux versant, Dark et New) aux Secret Warriors (les jeunot de Nick Fury). Il n'y a donc effectivement rien de bien notable à dire en dehors de la controverse autour de la double page. Une mauvaise nouvelle pour la qualité de l'histoire mais peut-être aussi une bonne pour les amateurs d'histoires de super-héros, classiques mais efficaces, qui n'auront pas à souffrir d'erreur de cohérence comme lors de la publication de l'ensemble de l'event Civil War ou d'Infinite Crisis. Aucune tentative de plaire aux fans extérieurs aux manigances des héros. Un simple retour sur les fondamentaux pour partir, peut-être, vers de nouveaux territoires. L'après Siege nous en dira bien plus mais pour l"instant, l'évènement en question ne nous apprend pas grand chose.

Sunday, March 14, 2010

Joe the Barbarian #01 et #02 de Grant Morisson et Sean Murphy (Vertigo) 2,99$


Un jeune adolescent dans un monde de jouet devenu bien réel. Un adulte perdu dans son monde d'enfance devenu bien réel. Chacun sait que ce qu'il voit est une illusion mais l'impact de leurs actions dans cet univers se retranscrit d'une manière ou d'une autre dans la réalité. Le scénario de Joe the Barbarian est similaire à celui de Kingdom of the Wicked, de Ian Edginton et D'Israeli, mais pas identique. Les deux protagonistes se distingue par leur âge et donc leur vision des évènements. Kingdom of the wicked était une psychanalyse onirique et fantastique d'un auteur de livres pour enfants. Joe the Barbarian se présente pour l'instant comme l'hallucination d'un ado en pleine crise d'hypoglicémie, à la fois conscient de ce qu'il est nécessaire de faire pour aller mieux mais piégé dans l'univers de son imagination qui transforme sa maison en un univers parallèle.

D'abord prévu pour six numéros, cette histoire se déroulera finalement sur huit par la force de la collaboration entre Grant Morrison (The Invisibles, WE3, Superman) et Sean Murphy. Ce dernier fait briller l'univers imaginé par Morrison d'angles originaux où le lecteur peut s'introduire dans l'action et percevoir le malaise constant dans lequel nage Joe. Fils d'un père soldat aujourd'hui défunt qu'il visite au cimeterre dans les premières pages, fils d'une mère absente car trop occupé par ses problèmes d'argents, collégien maltraité par les brutes du coin mais pas abandonné car objet d'attention d'une jeune fille attentionné, Joe est l'adolescent typique de toutes les histoires que l'on semble connaitre dès la première case. Murphy et Morrison ressasse les classiques pour mieux le distinguer par la suite.

Tout dans son univers peut parler au lecteur de comics lambda. Son imaginaire est aussi bondé de visages familiers. Des clones de Transformers, de G.I.JOE ainsi que Batman & Robin accueil le jeune garçon dans cet univers mis à feu et à sang par un ennemi inconnu. Les visages de plastiques sont fermés. Batman s'appuie sur l'épaule d'un autre justicier costumé, un couple d'ours en peluche avance tant bien que mal, l'oursonne rose amputée d'une patte claudiquant sur ses béquilles. Les détails sont dizaines dans ces pages. A tel point que l'histoire que l'on pourrait croire familière devient de plus en plus original. Passé le premier numéro introductif assez peu riche en contenu narratif, le second permet une plus grande exploration des enjeux qui se révèleront surement beaucoup plus important si l'histoire se déroule sur six autres numéros.


L'attention apporté à cette série du fait de la présence de Grant Morrison au scénario permettra à Sean Murphy de devenir l'une des nouvelles star du comics, cela il n'y a pas a en douter. Mais a peine commencé, il ne faudrait pas conclure de suite cette histoire comme si son issu était déjà connu. Morrison n'est pas homme à s'avachir sur ses acquis et l'univers onirique et réel le connait bien puisqu'il s'est fait connaitre avec Arkham Asylum, une histoire dont la force était justement de mêler le rêve à la réalité pour qu'en découle une plus grande vérité sur le personnage de Batman. Joe en revanche n'a pas encore autant vécu que cela que son quotidien semble être tiré de toute part, tout comme le conflit dans lequel il vient de tomber en compagnie de ses jouets. De là à dire que l'on peut pronostiquer une psychanalyse imaginaire d'un personnage de papier, il est permis d'en attendre autant de la part du scénariste écossais.

DEMO #01 de Brian Wood et Becky Cloonan (Vertigo) 2,99$


Novembre 2004, "Mon dernier jour avec toi". Mon dernier numéro de DEMO, une série découverte par hasard dans les pages de Previews au concept intéressant. Première approche avec le troisième numéro, "Bad blood", et coup de foudre instantané avec le style de Cloonan et de Wood. Le scénariste devient l'une de mes références et mon choix judicieux de le porter auprès de mes connaissances comme l'un des scénaristes les plus prometteur se révèle être totalement justifié quand celui-ci rejoint Vertigo pour DMZ, puis Northlanders. Cloonan reste plus discrète avec toutefois un projet autoproduit en collaboration avec les frères Fabio Moon et Gabriel Ba, Pixu, une histoire fantastique à quatre mains qui recevra aussi des accolades justifiés. 2009, annonce du retour de DEMO mais cette fois chez Vertigo. En Février 2010, le premier numéro parait enfin et l'aventure reprend.

DEMO est une série d'histoires courtes portant sur des personnes dotés de pouvoirs particuliers. Les histoires se concluent en 24 pages et ne se ressemblent pas. DEMO a toujours été une occasion pour Wood et Cloonan d'expérimenter de différentes manières, rendant ainsi la série aussi imprévisible que la carrière d'Ulver et de Venetian Snares.

Six années ont passés depuis la publication d'une histoire de DEMO et le style de Cloonan est encore plus maitrisé. J'irais même jusqu'à dire que ces quatre premières pages sont les meilleures que j'ai jamais lu d'elle. Comme en continuité parfaite avec la carrière de Wood, elle ajoute une part de la richesse de Ryan Kelly (collaborateur de Brian Wood sur Local, superbe série en douze parties dont la lecture est impérative) dans ses planches. Sa vision en contre plongé d'une coupole est saisissante de précision et de force. La jeune femme à fait du chemin et continue d'impressionner.

Son style, toujours emprunt d'une sensibilité japonaise emprunté au shoujo manga mais complété par un feeling américain à la Jeff Smith, convient parfaitement aux histoires fantastiques écrite sous forme de confession au lecteur. La conclusion est somme toute prévisible mais le talent du scénariste pour faire naitre un personnage sur une page et lui donner une force de caractère doublé d'un sentiment d'incertitude perçu dans de simples mouvements et dans les allés et venus de sa penser sur sa décision. Partir sauver la vie d'une personne qu'elle voit tomber dans un rêve récurrent. Précognition ou hallucination? Ce retour dans l'univers de DEMO se fait sans douleur et sans déception. La lignée de douze numéros se complète de six nouvelles histoires que l'on aura plaisir à découvrir comme au premier jour. L'enthousiasme pour les auteurs et pour les histoires est toujours là. DEMO est de retour, c'est une bonne nouvelle pour tous.

Tour d'horizon de publications Image Comics

A publier des dizaines de séries différentes par mois, Image m'a toujours un peu perdu malgré leur détermination à soutenir de petits projets suscpétible de m'intéresser. Une publication parfois erratique et des auteurs dont le talent, parfois prometteur, se meurt dans les limbes de l'industrie pour ne jamais réapparaitre après un début sympathique. Quelques exemples subsiste dans mes tiroirs mais aujourd'hui, au lieu de creuser chez moi, je suis allé piocher dans les bacs d'un magasin de la capitale pour en retirer quelques titres intéressants dont je ne savais strictement rien. De l'achat à la couverture. Voici ce que j'en ai retiré :

The Infinite Horizon #4/6 de Gerry Duggan et Phil Noto (2,99$)
Le seul nom qui m'était connu sur ce titre est celui de Noto pour différentes illustrations trouvé sur le net et récupéré sur mon tumblr. Contrairement à celle-ci, Noto ne stylise pas ses personnages à outrance (contrairement à Joe Linser à qui il me faisait penser). Les décors sont réduits au minimum du fait de son style sans encrage où il peint directement sur ses crayonnés. Les maisons ne sont que des traits indistincts perdus dans la foule de personnage de ce village africain où l'action se déroule principalement. Une autre parti de l'histoire se déroule aussi sur des barques navigant dans les rues de New York inondés. Pourquoi? Mystère. D'un côté un soldat blessé à la jambe fui ses responsabilités, indéterminés, aux Etats-Unis et de l'autre un échange d'un otage contre la promesse de ne pas contaminer les eaux de New York. Difficile de s'y repérer mais on aurait envie d'en savoir plus. A découvrir en TPB si celui-ci est publié.

God Complex #01 de Mike Oeming, Dan Berman et John Broglia (2,99$)
Tout d'abord, contrairement à ce que la couverture laisse entendre, Mike Oeming, dessinateur de Powers, n'est pas à son poste ici mais son remplaçant au crayon fait tout les efforts du monde pour faire croire le contraire. De la mise en page bordé de noir aux visages carrés bordé d'un encrage à la Mike Mignola, tout rappel l'univers de Powers. Le scénario n'en est pas loin non plus. Appolon, dieu par les dieux, décide de renoncer à son statut et quitte l'entreprise familiale pour devenir un simple mortel aux pouvoirs surhumains. La famille ne l'entends pas de la sorte et part à sa recherche tandis que ce nouveau dieu déchu se trouve un job dans un petit restaurant où il n'a d'yeux que pour la restauratrice. Pas mal d'évènement pour un premier numéro très classique. Oeming a bien appris de Bendis dans l'écriture des dialogues sans reproduire pour autant leur rythme particulier. Matinée de trait comiques ("The art of drama has been lost by these mortals." "Tell me about it, did you see the new Star Wars?"), cette adaptation de la mythologie grecque dans un canevas à la fois super-héroïque et purement New-Yorkais se parcoure sans effort et sans désagrément.

Four Eyes #01 de Joe Kelly, Max Fiumara et Nestor Pereyra (3,50$)
Connu pour son run mémorable sur la série Deadpool et d'autres séries de super héros, Joe Kelly met tout cela de côté sur Four Eyes, une histoire situé dans un New York où la population doit non seulement faire face à la dépression économique mais à des dragons. Le jeune héros commence l'histoire de façon bien tragique en apprenant la réelle occupation de son père et apprend tout au long de ces premières pages la teneur de son activité. Pègre et Dragons? C'est un peu ça mais cela marche étonnement bien, au point d'avoir réellement envie d'en savoir plus, grâce à la narration du jeune héros qui découvre tout en même temps que le lecteur et s'affirme très vite par son caractère fort et attachant. Le trait fluide de Fiumara rappelle celui de Jeff Smith (Bone, RASL) plongé dans un décors New Yorkais instantanément reconnaissable. Four Eyes est l'histoire la plus conséquente et réussit que j'ai pu lire pour le moment de Joe Kelly (aussi auteur de Bad Dog, beaucoup moins réussit et d'I kill giants dont j'ai entendu beaucoup de bien).

Forgetless #01 de Nick Spencer, Scott Forbes et Marley Zarcone (3,50$)
Une intrigue pour teenagers web2. FlcikR, Googlemap et surtout Twitter sont mentionnés au cours de l'histoire. Les deux personnages principaux, deux ennuyantes adolescents branchées et blondes jusqu'aux bout des ongles, parlent et échangent en même temps sur Twitter parr le biais de petits cadres reproduisant des conversations sur le site rappelant la mise en page de The Intimates (projet avorté chez Wildstorm de Joe Casey et Giuseppe Camuncoli) . Elles parlent fringues, elles parlent régimes, elles parlent de se faire prendre en photo par des semis pros et l'une avouent finalement avoir à tuer quelqu'un. Voyez-vous, elle s'est lancé dans une nouvelle carrière de tueuse a gage ... C'est décousu mais pas si mal raconté pour un récit dont le déroulement se fait à rebours et Scott Forbes réussit à peu près son rip off du style de Joshua Middleton (NYX), même si les effets floutés risque d'être fatigant à la longue. En revanche, la deuxième partie de l'histoire change complètement d'atmosphères pour l'aventure d'un trio d'ado perdus dans leurs emmerdes de banlieusards. Le style des dialogues ne change pas mais le graphisme si par contre avec une forte influence de Jamie Hewlett (Tank Girl, Gorillaz) trempé dans le beige monotone de la petite ville de ces héros qui l'est tout autant. Pas de meurtres ivi mais juste une envie de se bouger et de faire chier les parents. On ne pourra pas se plaindre du manque de variété. Forgetless présente deux styles et deux atmosphères diamétralement opposé avec beaucoup d'expérimentations narratives somme tout assez maitrisé pour ne pas gêner la compréhension. Beaucoup moins passionnant en revanche que Four Eyes, ou sympathique que God Complex.

Bulletproof Monk - Tales of the BPM #01 (2,95$)
"Tibetan Tale" de Mark Paniccia et Michael Yanover, Michael Avon Oeming
"Tokyo Tale" de Cyrus Voris et Ethan Reiff, Tim Sale
"Kar Stories" de Ethan Reiff et Cyrus Voris, Dave Johnson
A lire les postface des deux histoires, le Bulletproof Monk est un personnage légendaire dont l'originalité est de transmettre à chacun de ses successeur une fois dans sa propre capacité à vaincre avant d'être une capacité à ... éviter les balles. Cette dernière capacité est bien représenté dans la Tibetan Tale ainsi que l'héritage historique pour créer une histoire ressemblant à un film de kung-fu comme Il était une fois en Chine ou The Blade de Tsui Hark. Au contraire de la Tokyo tale où notre moine invincible est placé dans un contexte de pulp se déroulant trop vite pour que l'on puisse apprécier la gravité de ses actions. Un général à éliminer, des soldats à sauver, un savant fou. On évite très vite les balles et on part ailleurs. L'aspect itinérant du personnage est respecté et Tim Sale retranscrit l'énergie des scènes d'actions pour compenser le manque de scénario. La "Tibetan Tale" est une histoire de la vie du Bulletproof Monk tandis que la "Tokyo Tale" n'est qu'un épisode. Une différence handicapante qui n'est pas compensé par les quatre pages de postface des scénaristes du comics, du film et de Seann William Scott. La "Kar Stories" consiste en deux pages situés aux deux côtés du comics (une moitié de comics pour chacun avec une couverture aux deux côtés pour bien marquer la différence) pour "introduire" pas grand chose. Une bonne occasion de marquer le nom de Dave Johnson (100 Bullets) sur la couverture mais rien de plus.

Saturday, March 13, 2010

G.I.JOE Origins #12 de Marc Andreyko et Ben Templesmith (IDW)


Acheté pour la couverture et les pages de Ben Templesmith, G.I.Joe Origins est ma première visite dans la version papier l'univers de cette licence. Des personnages du dessin animé l'on ne retrouve ici que la Baroness (qui partage maintenant son pseudonyme avec un très bon groupe, par ailleurs), maitresse tout en cuir du camp Cobra dont la tenue moulante aura provoqué l'émoi de nombreux jeunes téléspectateurs à peine pubère.

Lunettes, costume moulant en cuir noir, logo de Cobra entre les seins, la Baroness représente tout les clichés d'un méchant féminin pour dessin animé américain. Sa sexualité, suggérée dans le dessin animé, a été accentué par les dessins des fans et par les cosplays. Andreyko (Manhunter) et Templesmith (Felt) lui ont donc écrit et dessiné une histoire bien différente afin de donner du volume, non pas à ses formes mais, à sa psychologie.

Celle-ci resté terrain neutre pour les besoins du dessin animé où les buts de chacun sont stéréotypés au possible, pour focaliser l'attention du jeune téléspectateur sur la pelleté de jouet (véhicules et personnages) qu'on lui met devant les yeux, se colore d'un pourpre tragique où l'emblème qu'elle porte fièrement n'est mentionné que comme un un symbole de ce qu'elle est devenu et non de ce qu'elle était à ses débuts.

L'intrigue alterne entre flashback et action présente grâce à un filtre nuageux entourant les souvenirs d'adolescence de la Baroness au sein du premier groupe terroriste qu'elle rejoint après avoir quitté la famille de noble dont elle est issue. Le visage de l'héroïne se ferme alors progressivement pour devenir la femme violente et déterminée qu'elle est aujourd'hui. En montrant son trajet jusqu'à la terroriste dominatrice froide à la tête de Cobra, Templesmith et Andreyko (habitué au personnage féminin dans Manhunter) humanisent sans faire perdre en majesté le personnage devenu une icône hyper-sexué. De stéréotype il en fait une femme de papier jusqu'à une dernière image touchante. Un adjectif que l'on pourrait croire inadapté pour l'univers de G.I.JOE au vu du film et du dessin animé. Ce numéro de G.I.JOE Origins prouve à quel point l'adage qui veut qu'il n'y ait pas de mauvais personnages mais juste de mauvais scénaristes est constamment vérifié.

Sunday, March 07, 2010

Heavy Liquid ou Qui est Paul Pope? (Vertigo)


J'aime ma vie mais si l'on me proposait de vivre celle de Paul Pope j'hésiterais. Avec une tête pareille il aurait pu être mannequin ou chanteur dans un groupe de rock. Il chante surement très bien en plus. Il est aussi parait-il très aimable. Son talent au crayon lui a permit de côtoyer des groupes de rock (John Spencer Blues Explosion dont l'un des flyer est un tee-shirt), s'associer à une marque pour produire une ligne de vêtement (DKNY) ou éditer des illustrations sur bois (voir le site de NakatomicInc). Tout ce que touche cet auteur est enchanteur car son travail l'est. Je m'avancerais même jusqu'à dire qu'il fait parti des auteurs les plus intéressants et originaux des années 90. Une accolade qui n'est que mérité grâce à un style capable de croiser des influences aussi variés que Hugo Pratt (Corto Maltese) pour la vive émotion de ses planches, Goseki Kojima pour le dynamisme (Lone wolf and Cub) et Jack Kirby pour l'imagination. Un savant fou l'aurait crée, il n'aurait pas mieux fait.

Les histoires de Pope baignent d'un enthousiasme et d'une fronde adolescente baigné d'intelligence et de romantisme. Heavy liquid est un film noir du futur où un talentueux voleur part à la recherche d'une substance mystérieuse et convoité qui l'amènera jusqu'à une ancienne petite amie et au delà des frontières de son être. La conclusion vous laissera haletant, dans l'espoir dans savoir plus tout en sachant pertinent que toutes les réponses ne pourront venir que de votre propre imagination. Une incroyable aventure pourtant conté avec autant de maitrise narrative que graphique. Maitrise de l'encrage. Noir, blanc, grise et rouge suffisent pour les traits des villes futuristes ou les pas de ce héros, dont les traits sont clairement ceux de Pope, vont le porter.

Paul Pope sait que les meilleurs histoires parlent d'amour tragique et de héros triomphant contre l'adversité mais il n'en fait pas sa seule arme en y ajoutant une désinvolture rock and roll et une conception futuriste à la William Gibson (Casanova de Matt Fraction et Fabio Moon s'en inspire beaucoup). Enfin, la richesse de l'univers de Pope fait de ses personnages des créations dont la page n'est qu'une limite abstraite. Leur caractère et leurs émotions décollent instantanément. Ils ont toujours été et continue de vivre au-delà des cases où ils apparaissent. Une fois le volume refermé ils continueront à vivre des aventures. Les pages se tournent, les illustrations sortent, les tee shirts passent mais jamais il ne faillit. Il reste lui-même et entraine son art là où il le désire. Un artiste précieux et complet dont la place est déjà assuré au panthéon qu'il rejoindra une fois le dernier trait tiré. On a heureusement encore le temps de voir venir.