Sunday, March 28, 2010

Flashpoint de Wilson Yip (2007)


Il n'y a pas de mal a filmer des gens qui se battent. Pas besoin de s'excuser ou de tenter de cacher cela derrière un scénario. John Woo l'a bien compris en réduisant ses histoires à leur plus simple appareil avant de faire jaillir les flingues, les rampes d'escaliers, les cordes, les pigeons et les malfrats armés jusqu'aux dents. Raconter les triades de Hong Kong, John Woo aussi l'a fait. Les méchants, la corruption, les flingues. Ce n'est pas très subtile mais ça permet au moins de dresser un tableau convaincant avant de faire pleuvoir les balles.

Wilson Yip essaye par contre de peindre une histoire pleine de clichés en pensant qu'elle peut être convaincante si on ajoute suffisamment d'élément au scénario. Un trio de frère unis dans le crime, un flic infiltré, une mère amnésique, une amitié entre flic, un policier aux méthodes violentes, une histoire d'amour, des immigrés vietnamien voulant revenir au pays ... Des thèmes sont abordés, utilisés pendant quelques plans en grignotant des clichés visuels d'une bêtise affligeante (les mains ensanglantés du héros qu'il lave après avoir tabassé un type pendant une scène deux fois trop longue). Tout cela bouffe allègrement le temps et les scènes de baston se réduisent alors au début et à la fin du film.

Quarante-minutes de scénario servit par des "acteurs" plus capable de donner et de recevoir les coups que d'échanger des répliques ou d'incarner des rôles autrement qu'avec des poses cools ou des airs de bad ass crétin et à peine une demi-heure d'échange de coup de poing et de pied. Le 100% action et 100% free fight promis par la jacket est bien oublié. La scène finale est d'un ridicule insondable et le film se termine sur des images incompréhensibles où l'on voit passer la mère amnésique perdu dans un champ sous les yeux du flic infiltré, défoncé au possible et peinturluré de sang tendant vers le fluorescent. Fondu au noir, le héros est dans sa bagnole, regarde les grattes ciels de Hong-Kong et une phrase du début du film revient en voix off, "Je ne sais pas si j'ai déjà arrêté quelqu'un d'innocent, ça c'est le travail d'un juge. Moi, mon travail c'est d'arrêter les truands".

Ah merde ... est ce que ça veut dire que le type sous entend qu'il se fout de la culpabilité des mecs qu'il vient de tuer ou de tabasser. Tout ce qui compte, c'est sa paye à la fin du mois! Le flic machine ou le flic vengeur? Encore une belle interrogation que le réalisateur aura encore une fois laissé en suspend dans son film. Soutenu seulement pas un enchainement de cascades et de rebondissement laissé à l'abandon à la fin du film, Flashpoint repose sur le jeu d'un très bon combattant dont le talent est bien mal mis en avant. Comme si on avait demandé à Chow Yun Fat de jouer la comédie au lieu de tirer sans cesse sur des criminels! Flashpoint est à peine un film à regarder entre pote tant il manque de moment réellement divertissant, préférant se perdre dans une histoire qu'il ne maitrise pas. Pour un film sur les triades, regarder Election 1 et 2 de Johnnie To. Pour un film d'action, allez aussi voir ailleurs. Flashpoint échoue sur les deux tableaux.

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