Thursday, September 10, 2009

Fear of Music : Why people get Rotkho but don't get Stockhausen de David Stubbs


Tous les lecteurs d'eklektik ont forcemment été une fois confronté à des remarques désobligeantes sur leurs gouts musicaux. Situation classique : un proche, un collègue, un camarade de classe vous demande ce que vous écoutez comme musique ? Attendant une réponse consensuel, du type "un peu de tout sauf du rap et du r'n'b", votre interlocuteur est troublé quand vous lui répondez honnêtement "du metal" ou "des groupes suédois" ou alors quand vous éludez la question en y coupant court pas un très général "du rock en général, du rap, de la musique électronique".

Le malaise s'installe alors de plus en plus quand on vous presse de parler un peu plus de ce que vous aimez et que vous vous trouvez alors obligé de donner des noms de groupes qui ne diront strictement rien à votre interlocuteur. Il faudra en venir alors à l'étape tant redouté : celle du test. Vous passez vos écouteurs et appuyez sur play pour vous les voir retourner au bout de quelque secondes après que l'on vous ai regardé bizarrement ou en souriant, comme si l'on venait de découvrir un secret honteux sur votre personne.

Si ce récit vous semble un peu trop personnel vous auriez raison car j'ai tellement eu à faire avec ce genre de conversation qu'un être humain normal aurait préféré écouter R Kelly plutôt que de continuer a tenter de faire comprendre la musique qu'il aime à de parfaits étrangers (c'est comme cela que l'on fini chroniqueur en général).

La question posé par la couverture m'interpellait donc au plus haut point puisque, derrière le nom de Stockhausen se trouve un annuaire de groupes et d'artistes expérimentaux ou manipulant simplement des sonorités plus abrasives que la moyenne et dont le travail est le sujet de moquerie ou de regard perdus. L'auteur ment alors à son lecteur puisqu'il ne traite pas franchement la question jusqu'à la conclusion où il émet divers théories capable d'expliquer pourquoi la peinture d'avant garde est accepté tandis que la musique d'avant garde reste un mystère que le grand public qui fréquente les musées ne veut pas explorer.

A la place, David Stubbs nous raconte l'histoire de la musique d'avant garde et la musique populaire ainsi que les relations entre le peintre Kandinsky et le compositeur Schoenberg qui voyait réciproquement dans leurs travaux un même objectif ou les expérimentations sonores des futuristes et des dadaïstes. En 130 pages, Stubbs tente de mettre de l'ordre dans l'histoire de la musique et de comprendre pourquoi les avancées musicales ont toujours été repoussés pour réapparaitre ensuite dans les albums de groupes contemporains (il crée par exemple un lien entre Aphex Twin et Stockhausen).

Complexe et dense, l'écriture journalistique et les connaissances érudites de l'auteur font de la lecture de cet essai un passage recommandé pour quiconque s'est déjà retrouvé dans la même situation que moi même et possède un petit bagage dans l'art moderne pour pouvoir se repérer. Ecrit par un passionné pour des passionnés, Fear of Music ne décrypte pas totalement la question mais pose de nombreuses questions intéressantes sur la place de la culture noire dans l'évolution de la musique moderne et les motivations des différents artistes sans lesquels la musique moderne ne serait pas ce qu'elle est (Stockhausen et Cage en première ligne).

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