Wednesday, September 09, 2009

The Dirt de Motley Crue


Sex and drugs and rock and roll qu'il disait Ian Dury. Cette phrase célèbre d'un homme qui l'est beaucoup moins n'a jamais été mieux incarné que par Motley Crue. Haïs par les critiques, adulé par des hordes de fans et de femmes, atteint d'un syndrome d'auto destruction chronique qui fait penser l'Illyade pour un dimanche en Normandie, que l'on aime ou que l'on n'aime pas, l'histoire de Motley Crue reste fascinante.

Fondé en 1981 en Californie, par Nikki Sixx (basse) et Tommy Lee (batterie), le quatuor infernale est complété par Mick Mars (guitare) et Vince Neil (chant). Une fois les quatre réuni, les excès commencent et cela même avant leur signature sur la major Electra records. Motley Crue incarne les excès et la folie de la californie. Les fringues et le maquillage, l'alcool et la cocaïne (ainsi que l'herbe avant de passer à l'héroïne) et des femmes par-dessus la tête. Tout le récit des excès et des déboires du groupe sont racontés par chacun des membres. Tout est raconté selon leur perspective. Des événements sont donc racontés deux fois mais de deux manières différentes. Une bonne manière de se rapprocher de la vérité et de s'écarter un peu du mythe que chacun veut créer autour de lui. Nikki Sixx explique même qu'il veut faire de Motley Crue le groupe le plus outrancier et crétin de la planète. C'est chose faite.

Tout est donc passé en revue. Autant la vie de stars que leur enfance de môme blackboulé dans des enfances et des adolescences à problème. Chacun y va de sa propre tragédie et de ses démons. Que ce soit un père absent (Nikki Sixx), le quotidien dans le quartier de Compton, patrie de N.W.A. (Vince Neil) ou un problème génétique (Mick Mars), Motley Crue est un groupe de nerd que l'on a pas laissé grandir et qui continue donc de se comporter comme des gamins. Ils s'expliquent mais ne s'inventent pas non plus des excuses. Les stars ne sont pas infaillibles et la gloire a autant sa place que la déchéance. The Dirt n'est donc pas un livre écrit pour assouvir l'ego de musiciens délurés mais une thérapie où chacun exprime son opinion de soi et des autres. Les avis se croisent et s'opposent parfois, quitte a révéler des choses qui était resté enfouis pendant très longtemps (comme cette petite amie d'un manager que l'on tringle dans le coin d'une loge pour apprendre, une page plus loin au dit manager, la vérité).

Certains chapitres sont aussi consacrés à des proches du groupe, des managers en général, dont le rôle est de replacer les événements dans leurs contexte ou de se sauver des insultes et des accusations que le groupe lance après eux. Une pluie de controverse mais aussi de véritable drame comme la déchéance de Mick Mars, membre le plus mal lotis du groupe, a qui tout arrive dans la gueule jusqu'à la fin du livre (qui s'arrête en 1999 au départ de Tommy Lee parti fonder Methods of Mayhem) ainsi que le décès de la petite fille de Vince Neil. Le ton de The Dirt est résolument celui du confessionnal. Tout est dit, tout est avoué et quelque trucs sont pardonnés. Mais pas tout !

Sans être dénué d'hypocrisie, The Dirt est aussi un livre qui déborde d'honnêteté mu par le besoin, la nécessité, de mettre les choses a plat après tant d'année de folie (18 ans pratiquement sans interruption) où le groupe réussit a caler des divorces, des dizaines de passages en cure de désintoxication (Motley Crue fréquente ces centres comme d'autres partent en pèlerinage à Lourdes), un accident de la route où décède le batteur de Hanoi Rocks, huit disques et une quantité d'alcool capable de remplacer l'océan atlantique. Les dégâts se chiffrent en centaine de millions, les achats de drogue dans les même proportions mais il reste une histoire incroyable et fascinante, mélange de talent, d'idée géniales et folles et d'une chance incroyable.

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