Saturday, October 02, 2010

Scott Pilgrim, l'amour et rock & roll contre les ex maléfiques

Rarement un tel engouement pour un comics fut autant mérité que l'effervescence entourant Scott Pilgrim de Brian Lee O'Malley. Le film qui s'apprête a sortir en France vers la fin de l'année n'aura pas atteint les objectifs commerciaux déments des studios mais aura contribué à pousser de plus en plus de monde vers les six volumes originaux et en faire l'un des best sellers actuel.

Interprété à l'écran par l'acteur attitré aux adolescents maladroit, Michael Cera, Scott prend les traits d'un sympathique canadien, aux traits étirés façon manga, dont le quotidien se divise entre ses potes, ses histoires d'amour malheureuses et son groupe de rock. Tout change quand il fait la rencontre de Ramona, en tombe amoureux et se retrouve obligé d'affronter les ex petits amis maléfiques de celle-ci avant de pouvoir sortir avec elle.

Rock, amourette, turpitude adolescentes, tout cela pourrait puer la série du mercredi matin joué par des acteurs Hollywood chewing gum si O'Malley n'avait pas autant de facilité à écrire des dialogues crédibles, entrainant et réalistes. Scott et ses potes sont des ados désinhibés et naturellement cool. "Cool" est surement ce qui résume le mieux Scott Pilgrim dans son ensemble. Toutes personnes nourrit aux histoires de super héros et de pouvoirs fantastiques croisés à un quotidien fait de musique et de sorties aurait aimé vivre la vie de Scott.

Parfois superficiel mais toujours attendrissant, l'univers crée par O'Malley évolue de chapitre en chapitre au fil des saisons et des rencontres. En seulement six volumes illustrés par un trait minimalistes, à la fois original et familier, chacun, ami comme rivale, prend des décisions sur sa vie et grandit avec la constante impression de ne pas lire une oeuvre de fiction mais un petit bout d'un univers parallèle auquel aurait accès l'auteur. Scott Pilgrim tient du disque de pop parfait en cela qu'il sonne tout simplement juste du début à la fin. Impossible de se sortir la création de la tête quand de page en page la dépendance devient de plus en plus forte et il ne faut donc pas s'étonner quand le jour de la sortie du dernier volume, certains se sont précipités chez leur vendeur de comics en expirant de soulagement devant la pile de comics fraichement arrivé (anecdote véridique colporté par l'un de mes libraires comics favoris: Arkham, rue Broca, allez-y, ce sont les meilleurs).

Des super pouvoirs acquis par un régime vegan aux jumeaux maléfiques constructeur de robot, la quête de Scott contre les ex maléfiques de Ramona n'est finalement qu'un prétexte pour permettre à Scott de s'affirmer, tout comme nous avons tous eu une relation d'adolescence par laquelle nous avons grandit et appris à définir nos objectifs et nos envies. D'une petite histoire de conquête du coeur d'une bien aimé, Brian Lee O'Malley illustre avec toute la maitrise d'un maître de la bande dessinée, qui n'en est pourtant qu'à ses débuts, la vie complexe d'une adolescence moderne, à la fois romancé et réaliste. Une histoire universel et presque consensuel qui ne sacrifie pourtant en rien sa fraicheur pour plaire à tous et se contente "juste" d'être sincère.

Sunday, September 26, 2010

Costume en latex, robot géant et combat du bien contre le mal : Yatterman !


Après s'être fait connaître des fans de cinéma asiatique par des films d'horreur (The Audition) et d'action (Dead or Alive 1), des drames psychologiques (Visitor Q), réinventant constamment les règles des genres a son bon vouloir pour satisfaire les besoins de ses scénarios surprenant, Takeshi Miike se consacre depuis 2007 a une production beaucoup moins abondante et moins original, quoi que toujours satisfaisante pour le peu que l'on ne regrette pas trop les effets de surprises constant que l'on ressentait forcement en regardant des films comme Tokyo Triad Society, Ichi the killer, Dead or Alive 1 et 2 (le 3 étant a éviter) ou Gozu.

Yatterman constitue la première aventure de Miike dans le monde du film pour "enfant". Un genre que l'on aurait jamais cru le réalisateur capable de visiter bien que Zebraman le montrait déjà capable de film comique ridicule et bon enfant. Adapté d'une série anime japonaise des années 70, les deux héros, Gan et Ai, accompagné de leur robot fonctionnant sur pile, Omotchama, doivent affronter un trio de voleur inventif mais maladroit, les Doronbo, menés par la plantureuse et sexy Doronjo, ses deux acolytes Boyacky, amoureux de sa chef, et Tonzura. Les deux équipes font évidemment pensé au dessin animé Pokemon, de même que les petits robots crée par le véhicule robot des Yatterman dont les seules paroles sont de répéter leur nom.

Raconté comme un enchainement de trois épisodes de la série où les Dorombo inventent de nouveaux moyens de gagner de l'argent illégalement (en vendant a des prix défiant toute concurrence des robes de mariés, par exemple) jusqu'à ce que les Yatterman interviennent, le tout est lié par la quête de quatre pierres sacrés formant un crane capable de créer un évènement incroyable. Poussé par les troubles causés par les pierres qui font disparaitre mystérieusement des objets, et l'enlèvement d'un archéologue dont la fille accompagne les Yatterman dans la découverte de la vérité sur ce qu'il est advenu de son père.

Les différentes situations entrainent l'intervention des inventions robotiques des deux camps tandis que le plan échafaudé par une mystérieuse force extérieur provoque de nombreuses catastrophes (plus ou moins dramatique, comme la disparition d'un pont ou de la lettre O du mot Boite de la devanture d'un magasin appelé la Boite à outil). Pas un goutte de sang ne sera versé, ce qui constitue déjà presque un exploit pour un film de Miike. En revanche, les sous-entendus sexuelles (un robot Vierge des Borombo pousse des "Oh oui" quand il attaque) typiquement japonais auront de quoi surprendre les spectateurs étrangers à la culture locale.

Si l'on fait donc exception de ces gags pas subtile du tout, Yatterman peut être vu par tout public de fan de série de robot ou de film d'aventures délirant. Les inventions visuels débordent de tout côté tout au long du film dans ce japon à la technologie avancé où le couple de héros se bat tout de même avec une baguette et un bilboquet électrique ! A sa sortie, Yatterman rentra en première place du box office japonais et ce n'est pas difficile de comprendre pourquoi jeune et moins jeune se sont retrouvés dans cette grande boite a surprise graphique où l'on rit et sourit innocemment comme rarement.

Séance de spiritisme pour drame humain sur lit de fantome


Réalité avant le culte Kaîro qui amena une plus grande reconnaissance pour Kiyoshi Kurosawa, Séance montre déjà ses capacités a renouveler le genre fantomatique japonais avec une histoire de couple où interviennent des éléments fantastiques afin de souligner le malaise grandissant dans la banalité du quotidien d'un homme et d'une femme pour qui la normalité est la source d'un désagrément sous jacent et persistant.

Le film commence d'abord étrangement en se concentrant sur des personnages secondaires, un professeur de psychologie et un jeune étudiant passionné de para psychologie cherchant à démontrer l'existence et l'efficacité de ces techniques. Pour se faire, il rencontre Jun, une jeune femme doué d'un don de medium. Son mari, Sato, interprété par un acteur régulier de la filmographie de Kiyochi Kurosawa (déjà acteur principal dans Charisma, Cure, Retribution, Kaïro...), Koji Yakusho, preneur de son, rentre le soir et mange avec sa femme, échange des conversations banales avec elle et travaille parfois tard tandis que sa femme part se coucher. La distance quasi constante entre eux, malgré un amour de tout évidence sincère, va se réduire lors d'un passage au mont Fuji où Sato se rend pour enregistrer des bruissements de feuille pour son travail.

L'enlèvement d'une fillette dans un square se poursuit en effet dans le mont Fuji et, alors que la petite court pour échapper à son ravisseur, elle va se cacher dans une boite apporté par Sato. Celui-ci la referme sans vérifier son contenu et rentre chez lui, laissant son contenu mystérieux abandonné. Pendant ce temps la, sa femme est de nouveau contacter pour ses dons, mais cette fois par la police, pour l'aider à la recherche de cette petite fille disparu. Les conséquences de ce concours de circonstance vont alors les emmener dans le territoire du thriller et secouer le tranquillité de leur couple et son apaisante et étouffante normalité.

Comme il l'avait montré dans Cure et prouvé dans Kaïro, Kurosawa maitrise l'espace de sa caméra et use parfaitement des même angles mort et du même type de petite fille qu'Hideo Nakata a popularisé dans Ring. Toutefois, la part importante de fantastique et de mysticisme de Ring est remplacé par un enfermement profond d'un couple dans son quotidien et dans leur propre maison, désormais à la fois hanté par un fantôme mais aussi par leur propre culpabilité. Le mélange des trois genres, thriller, drame et fantastique, se concrétise merveilleusement dans une heure et demi de malaise. Sans jamais accentuer trop les effets sursautant pour asseoir plutôt une grisaille qui sera poussé à son paroxysme dans la dépression urbaine de Kaïro, Séance montre que Kurosawa maitrise non seulement très bien la question d'une menace fantomatique mais la mise en scène subtile des émotions de ses personnages.


Séance - Bande annonce Vost FR
envoyé par _Caprice_. - Court métrage, documentaire et bande annonce.

Four lions de Chris Morris


Projeté en ouverture de l'Etrange festival, Four lions dénote un peu du reste de la programmation par un sévère manque d'horreur, de fantastique et de folie. En fait, ce premier film de Chris Morris, après une carrière à la radio et à la télévision anglaise, s'approprie un des thèmes les plus risqués actuellement : le terrorisme islamiste. Risqué car la plus grande crainte est d'attiré la vengeance de ces même terroriste, comme la prouvé l'affaire des dessins parodiques de Mahomet ou même un récent épisode de South Park. Bref, pour de nombreux producteur, un film de ce genre doit représenté un risque, potentiel ou réel, de recevoir plus que des critiques de spectateurs et de critiques.

Pourtant, contrairement à ces fameux dessin de Mahomet qui n'avait de choquant que la controverse ridicule qu'ils ont causés, Four lions, avec son humour grossier et rentre dedans, réussit a décrire les terroristes avec surement plus de justesse que les multiples reportages télévisés que l'on a pu voir depuis les attentats du onze septembre. Simple, ridicule, idiot et surtout perdus, les quatre héros de Chris Morris veulent désespérément se faire entendre en commettant un acte terroriste sur le sol anglais. Leur détermination doit toutefois être tempéré par leur inaptitude grotesque a faire valoir leur qualité de soldat de l'islam radicale devant leurs collègues ou même a se décider sur quel cible choisir (une mosquée? un poste de police? Internet?).

Tout aussi sympathique et drôle que dangereux, Omar (un père de famille bien intégré à la communauté dont la femme et le fils soutiennent son ambition terroriste), Waj (un sympathique ahuris de premier ordre), Barry (l'incapable et despotique membre qui désire être leader du groupe sans en avoir les idées) et Faisal (le benêt du groupe dont le projet est d'entrainer des corbeaux a se faire exploser) forment un quatuor dont le caractère et la détermination en disent long sur la condition et l'origine des personnes dont la conviction dans la cause radicale va jusqu'au terrorisme.

L'humour de Morris ne s'attaque pas non plus qu'au terrorisme et parodie donc absolument, police, armée américaine, collègue de travail britannique et islamisme radicale passif (le frère d'Omar ne cherche pas a se faire sauter mais ne peut tolérer qu'une femme reste dans la même pièce que lui). A ce titre, Four lions est une comédie satyrique parodique outrancière dans ses gags dont le rythme soutenu va à la fois vers des situations toujours plus folle tout en étant plus dramatiques les unes que les autres. A mi-chemin entre la comédie et l'engagement politique, Morris fait de Four lions un film aussi distrayant qu'essentiel à une époque où il est nécessaire de rappeler que le meilleur remède à la paranoïa ambiante et à la peur est le rire.

No mercy de Kim Hyeong Joon


Présenté par le réalisateur Alejandro Jodorowsky, scénariste de bande-dessinée (L'Incal, le Lama Blanc, Bouncer, Juan Solo...), réalisateur (El Topo, la Montagne sacrée...) et romancier, dans le cadre de sa sélection pour l'Etrange Festival, No mercy était vendu comme une alternative réaliste à Old boy dont le final nous laisserait avec une marque indélébile. Deux heures plus tard, comme promis, le public ressortait avec l'esprit habité par une conclusion au souvenir tenace. Qu'en est-il toutefois du reste du film?

Contrairement à The Chaser de Na Hong-jin, film auquel No mercy ne peut éviter d'être comparer, le talent et la personnalité de réalisateur de Kim Hyeong-joon dont c'est aussi le premier film, ne sont pas révélés instantanément, encore trop marqué par des influences américaines qui font de No mercy une sorte d'anomalie dans la galerie de film noir crée ces dernières années par le cinéma coréen. Boon Joon-Ho, Kim Jee-woon et Park Chan-wook ont tous marqués par le public par une réalisation capable d'un compromis entre le dynamisme américain et le travail d'atmosphère du cinéma japonais.

Encore jeune, et malheureusement, pour lui, précédé par une suite de classique ou futur classique, No mercy n'impressionne pas autant et déçoit même par un classicisme inattendus pour un réalisateur en provenance d'un pays dont l'originalité et la qualité de la production ont amenés tout les regards vers eux. Pourtant, l'histoire de vengeance dépeinte ici ne souffre pas d'un manque d'efficacité ou de rythme. Bien au contraire, le parcours haletant de ce père médecin légiste pour sauver sa fille de la machination mis en place par un jeune activiste écologiste va de Charybde en Scilla pour tromper la police, et le faire libérer le kidnappeur de prison où celui-ci s'est lui-même fait enfermer après avoir avoué le meurtre d'une jeune fille, secoue le spectateur et le plonge dans une intrigue aussi déjà-vu que passionnante.

Ainsi, si l'on oublie un peu les références évidentes, ou tout simplement que l'on ne les connait pas, No mercy peut passer pour un très bon film noir péchant simplement par manque d'originalité, mais pas d'efficacité, dans un genre renouvelé par des perles comme Sympathy for Mr Vengeance et Memories of murder. On pouvait aussi en attendre plus d'un film sélectionné par un être autant avide d'originalité que Jodorowsky. Celui-ci avait pourtant bien prévenu le public en parlant d'un final réaliste et étouffant. No mercy mérite effectivement d'être vu rien que pour celui-ci. Sans fonctionner sur une surenchère de violence comme A serbian film ou une réalisation époustouflante comme Old boy, No mercy permet à Kim Hyeong-joon de se faire une place dans l'industrie coréenne et d'attirer l'attention sur ses capacités qui ne manqueront pas de se développer après un au départ prometteur.

Mutant Girl Squad de Yoshihiro Nishimura, Noboru Iguchi et Tak Sagakushi


Machine Girl, de Noboru Iguchi, et Tokyo Gore Police, de Yoshihiro Nishimura, ont déjà été chroniqués sur ce site, c'est donc au tour d'une réalisation des deux même réalisateur, et de l'acteur Tak Sakaguchi, mondialement connu grâce à Versus de Ryûhei Kitamura, d'être chroniqué ici, Mutant Girl Squad.

Le scénario est encore une fois un gros prétexte a de nombreuses scènes gore mélangeant comédie et action. Une jeune lycéenne dont c'est le seizième anniversaire va découvrir qu'en plus d'être rejeté par le groupe de gamine insolente qui font de sa vie au lycée un enfer, elle est une Hiruko, une espèce de mutante pourchassée par le gouvernement japonais. Vite rejoint par le groupe de résistant Hiruko, elle subit un entrainement pour mené une contre attaque contre le gouvernement japonais et le Japon tout entier.

Produit par Sushi Typhoon, une filiale la Nikkatsu, l'une des grande boite de production japonaise, Mutant Girl Squad reste fidèle a la ligne de conduite extrême et délirante introduite par les productions des deux réalisateurs, et en 2000 par Versus, sorte d'ancêtre de ces productions que d'autres comparent aux plus extrême, et n'ayant rien de comique, film chinois de catégorie 3 comme Man behind the sun. Ici, la présentation même du logo de la boite est prétexte au ridicule avec une explosion d'un sushi dont la lamelle de poisson est soulevé par le vent. A partir de là, on peut s'attendre à tout et tout arrive effectivement.

Apparition d'arme par les membres, à la Tokyo Gore Police, découpage d'ennemie et transformation en baguette, tête fantomatique volant sur un gâteau, tout aussi fantôme, soldat armé de mitraillette nasale... Chaque scène possède son lot d'idée farfelue balancé au hasard comme un bukkake géant tout aussi jouisif pour les créateurs que ceux qui le reçoivent dans la gueule. Le grand guignole à la japonaise ne laisse aucune appréhension et aucun complexe l'empêché de créer. Les défauts évident comme le jeu des acteurs ou le manque de budget pour créer des effets spéciaux convainquant sont détournés comme des forces. Si une explosion de tête n'est pas effrayante alors elle sera d'autant plus comique.

Bien moins ambitieux et toutefois tout aussi efficace que le malsain et inventif Tokyo Gore Police, Mutant Girl Squad n'a cessé de récolter des applaudissements des spectateurs lors de sa première et de sa seconde projection lors de l'Etrange Festival (oui, j'étais présent aux deux). La parodie de film d'horreur est tout aussi assumé et maitrisé que dans Brain Dead avec toutefois comme grande différence de ne pas s'appropier seulement les codes du genre mais de créer de nouvelles situations abérrente et grotesques aussi hilarante qu'enthousiasmante de part tant de créativité. Si Takashi Miike semble avoir laisser d'horreur derrière lui pour l'instant, d'autre continue de faire du Japon le pays le plus intéressant dans le genre en terme de folie.

Cargo de Ivan Engler et Ralph Etter (2010)


Quand il fut présenté à l'Etrange Festival, il y a quelque semaines, la mention de l'exclusivité de sa distribution, accompagné des nombreux éloges concernant la réalisation d'un tel film de science fiction de qualité, d'autant plus quand il provient d'un pays inattendu, la Suisse, avait de quoi surprendre. Destiné à une sortie directement en DVD sans être diffusé dans les salles françaises, la qualité du produit, tel qu'il était décrit, faisait miroité un nouveau cas de classique en devenir éloigné des yeux du grand public par des distributeurs ne croyant pas dans la viabilité d'un produit original.

Ce paragraphe devrait donc défendre de mille manières les grandes qualités de cette histoire de SF mêlant le drame et l'action à une romance interdite. A la sortie du film, ses défauts multiples volaient bien trop haut dans les esprits pour en faire l'histoire attendu par la comparaison avec l'excellent Moon de Duncan Jones présenté l'année dernière.

Celui-ci, soutenu par la performance d'acteur du génial Sam Rockwell, seul être humain de l'histoire apparaissant comme un personnage actif dans l'histoire, traitait de l'isolement dans une base spatiale et d'un sentiment grandissant de paranoïa parfaitement mis en scène en une heure et demi de huit clos dans une base spatiale. Cargo en revanche tente de traiter de nombreux sujets sans les creuser suffisamment pour que l'on soit capable de dire à la fin du film qu'elle en était son propos, un comble pour un film de SF.

Isolé dans un vaisseau en partance pour un eldorado réservé aux plus chanceux et riche des rescapés de la planète Terre que l'on dit inhabitable, l'héroïne médecin de bord va vite sentir la présence d'un être étranger et prévenir ses compagnons conservés dans une stase artificielle pour la durée du voyage. Très vite, de curieux évènement et la mort d'un personnage attise l'inquiétude de tous et il devient nécessaire de découvrir quel secret peut bien contenir ce vaisseau amenant un ravitaillement à une base spatiale.

Les rebondissement vont alors s'accumuler et rester parfois sans explication jusqu'à la fin du film alors qu'il aurait suffit d'étayer l'histoire pour ne pas brouiller le tout. Les principaux évènements sont aussi très prévisibles pour un habitué à des intrigues de science fiction, tout en maitrisant efficacement ceux-ci, le scénariste traine en terre trop familier pour attiser l'intérêt du spectateur.

A l'instar d'Eden log du français Franck Vestiel, Cargo est un grand spectacle futuriste admirablement bien orchestré grâce aux prousses des effets spéciaux actuel. Malgré son origine géographique atypique, Cargo prouve que l'on a pas besoin de venir des Etats-Unis pour éblouir les grands écrans avec des créations d'architectures futuristes crédibles et fascinante. Mais derrière ces effets visuels il y a surtout un scénario en forme de gruillère que les performances très honorables des acteurs principaux, bien dans leur rôle, ne suffisent pas à remplir pour cacher les points d'interrogations laissés bien trop en évidence par les réalisateurs, Ivan Engler (aussi scénariste) et Ralph Etter, et les scénaristes Arnold Busher, Patrik Steinmann et Thilo Röscheisen. La main responsable du coup de feu qui sauvent la vie de l'héroïne, la raison de l'accès impossible au dossier du représentant des services secrets et enfin, les raisons du secret entourant la Terre et la planète eldorado. Bref, le scénario sert de toile de fond à des effets de styles allant du correct à l'excellent, toutefois insuffisant pour en faire un film recommandable. Cargo servira de carte de visite à ses réalisateur, responsable de la photographie et acteur mais surement pas à ses scénaristes.

Saturday, September 25, 2010

La guerre d'Alan - Comme une histoire raconté au coin du feu

S'il y a bien un sujet que je trouve épuisé, c'est celui de la seconde guerre mondiale. Epuisé car tourné à toutes les sauces les plus mélodramatique possible et imaginable pour dépeindre l'horreur de la guerre et du nazisme. Le plus frustrant n'étant pas que l'on parle continuellement de cette guerre et de ce qu'elle a engendré sans évoqué les génocides et les guerres de notre temps. Faut il attendre que les esprits se réveillent après les faits pour pouvoir enfin en parler et hurler sans grand conviction : Plus jamais ça, en attendant que "ça" se reproduise?

Fort heureusement, pour moi du moins, la Guerre d'Alan n'est pas un énième livre sur la seconde guerre mondiale où l'on pointera d'un doigt accusateur les coupables en s'érigeant comme les héros invincibles du bon droit. Crée à partir des conversations enregistrés que l'auteur, Emmanuel Guibert, eu avec le héros de cette histoire, bien des années après les faits, la guerre d'Alan est le récit d'une vie passé à travers l'Europe pendant la seconde guerre mondiale auprès d'amis. Soldats, pasteur, peintre, pianistes, les rencontres que pu faire Alan Ingram Cope, ont enrichis sa vie et sa quête de sa propre identité, la seule véritable quête que nous menons tous à chaque instant.

Sans effet de style dans l'écriture, les paroles et les souvenirs d'Alan accompagnent les vignettes, clichés photographiques mentaux imaginés par Guibert, pour documenter la vie de son héros et ami. La force du récit ne prend forme qu'au fil de la lecture quand on finit par s'imaginer à table avec le narrateur pendant qu'il vous raconte ses souvenirs. un grand-père avec de belles histoires, des petites leçons de vie et surtout pas de morale à la con, débité machinalement. La leçon que vous pourrez tiré de ces histoires, elle viendra d'elle-même. Qu'elle sera t'elle? A vous de le voir. Un tel récit contient tant de degré d'appréciation que l'on peut y revenir continuellement, parcourir un souvenir parmi tant d'autre et se remémorer une situation similaire.

A l'instar d'A drifting life de Yoshihiro Tatsumi, la taille conséquente de l'histoire n'entrave en rien le plaisir que l'on a tourner les pages. Celle-ci se tourne d'elle-même soutenu par la parole et la mémoire d'Alan, seule fil conducteur d'une histoire parfois perdus entre plusieurs époques quand il évoque des retrouvailles après avoir décrit une première rencontre. Guibert est lui aussi au confluent de plusieurs influences. Son travail supporte parfaitement la comparaison avec le gigantesque Maus d'Art Spiegelman, autant dans l'émotion dégagé par les souvenirs que dans le mélange de minimalisme que son travail peut utiliser avec pourtant beaucoup d'efficacité. Si les visages sont parfois vague et les décors perdus dans la lumière ou l'obscurité c'est pour mieux renforcer l'impression d'une collection de souvenirs, tout comme les cases où des personnages sont dessinés à même des photographies.

La guerre d'Alan c'est celle qu'il a mené contre les vents contraires de sa propre vie. Les souvenirs éparses du carnet de voyage prennent progressivement tout leur sens et s'assemblent pour former un récit à la fois unique et famillié dans lequel il est facile de s'identifier et pour lequel on se passionne instantanément. Alan est notre grand-père a tous et Guibert son admirable biographe, le filtre de l'imaginaire pour l'histoire de toute une vie pour trouver sa propre identité, ses amis, ses compagnes et sa propre spiritualité. Les balles, les notes de piano, les aventures et les blagues de potes rythment ce beau et somptueux récit qui nous rappelle que la guerre ce n'est pas seulement une histoire de politique et d'idéologie mais d'homme et de femmes, de nationalités et d'opinions différentes, confondus sous leurs drapeaux respectifs. En accompagnant Alan Ingram Cope dans son parcours, on découvre l'Europe de l'époque. Ses cons, ses gens simples et admirables, ses héros oubliés et ses à_côté dramatique ou heureux. Un parfait compagnon au Maus de Spiegelman comme compte rendu de la vie de soldat de l'époque, mais aussi et surtout, de la vie d'un homme.

Saturday, September 18, 2010

Daytripper - Vivre et mourir, et mourir encore, mais vivre

Hier soir, je me suis fait largué et j'en ressens encore les effets sur mon mentale. Un poil déçu, de la fatigue et aussi une bonne blessure à l'ego. Rien de trop grave pour autant, il faut être honnête, on ne sortait pas ensemble depuis assez longtemps pour que cela m'affecte pendant longtemps. Sauf que le "coup" ayant été porté il y a moins de vingt quatre heure, la blessure ne s'est pas encore refermé. Bref, si l'envie vous prend, laissez vos messages de sollicitudes en commentaire ou déposez y vos numéros de téléphone (seulement des filles par contre, désolé les gars). Ceci dit, ce n'est pas le pire qui aurait pu m'arriver. J'aurais pu m'appeler Bras et vivre dans l'histoire écrite et dessiné par les jumeaux Fabio Moon et Gabriel Ba pour y mourir à chaque numéro.

Bras, jeune homme d'origine espagnol, fils d'écrivain célèbre, ne périt pas, à la manière d'un Kenny de South Park, comme un ressort comique récurrent. Les aléas de sa vie le pousse seulement dans de nombreux drames des plus extraordinaires vécu par un homme normal et pourtant fascinant. Chaque évènement, raconté dans un numéro de vingt quatre page, dépeint avec la plus grande humanité, les sentiments de chacun des personnages.

Les souvenirs de vacance, le décès de son père, le départ inexpliqué de son meilleur ami au Brésil. Chacune de ses situations le poussera à rencontrer la faucheuse dans des situations tragiques, et à la fois touchante, malgré l'inéluctabilité de la conclusion, celle que nous allons tous affronté un jour ou l'autre. La mort n'a alors rien de ridicule. Elle n'est que le produit de situation, parfois fantastique, et parfois des plus banale. Ces avenues que pourraient rencontrer Bras sont toutes explorés, comme les multiples allés d'un labyrinthe où il se dédoublerait à chaque croisement. La tendresse et l'humanité des situations triomphe pourtant sur le tragique et fait de chaque numéro un nouveau trésor.

La douceur du trait des jumeaux n'aura jamais été aussi efficace que dans ces pages. Leur collection d'histoires courtes, De-Tales, portait toutes les traces de la grandeur de deux auteurs amenés à être reconnus, ou à disparaitre dans l'allée des créateurs oubliés. Leur travail avec Matt Fraction sur Casanova ou Daniel Way (chanteur de My Chemical Romance) sur The Umbrella Acadamy en aura décidé autrement et il se retrouve aujourd'hui de nouveau sur ce projet commun, produit de quatre main et deux esprits unis depuis la naissance.

En solo et en duo, Fabio et Gabriel sont des artistes complet, capables du plus beau et du plus touchant. Un rayon d'originalité parmi d'autre chez Vertigo, la ligne réservé aux adultes de l'éditeur DC Comics, producteur de nombreux grands et futurs classiques (Preacher, Transmetropolitan, DMZ, Young Liars...). A l'instar de Sandman ou Shade the Changing Man, Daytripper n'est pas seulement réservé aux adultes de par la violence (toutefois rarissime) ou le réalisme des situations, mais parce que les histoires racontés font preuve d'une maturité que l'on goutte comme un récit de voyage à travers le monde. Qu'importe le lieu et la situation, les frères Moon et Ba racontent avec brio leurs histoires car ils ont visités les méandres de l'esprit humain de fond en comble.

Friday, September 10, 2010

Un problème baby? Appelle Afrodisiac

La peau d'ébène et le charme de la coupe afro combiné sont en soi des super-pouvoirs pour tout pimp confirmé, et encore plus pour le meilleur d'entre eux. Capable de convertir instantanément n'importe quel femme à la cause de son sex appeal, Afrodisiac affronte toutes les menaces possibles et sauvent toutes les femmes qu'ils rencontrent, pour les employer ensuite dans son harem.

Sorte de Iceberg Slim, auteur du manuel du parfait macro américain, Pimp, croisé avec l'attitude cool et vaillante de Luke Cage (aka Power Man, accolyte de Iron Fist et leader actuel des New Avengers), ce héros rétro possède toutes les qualité d'un personnage de blaxspotation ultime. Dans cet unique volume, son histoire est retracé depuis son premier numéro jusqu'au dernier publié. Crée par Jim Rugg et Brian Maruca, tout deux née en 1977, Afrodisiac est un héros rétro crée après l'heure avec le même feeling que les histoires de l'époque couplés au savoureux sens du retournement de situation exceptionnelle des deux auteurs déjà derrière l'incroyable Street Angel.

Tout comme dans les aventures de cette dernière, tout se résout et tout explose en une histoire. Cependant, contrairement à l'ange de la rue dont les aventures avaient déjà été publiés dans des fasicules avant d'être regroupés, Afrodisiac se permet un format totalement différent avec des bribes d'histoires, entrecoupés de couverture fictives introduisant des situations dramatiques à la manière des comics des années 60 et 70. Tout comme Loïs Lane qui s'interrogeait sur un moyen de retourner à son époque alors qu'elle était obligé de passer l'aspirateur dans une maison du moyen-âge, pendant que son petit ami Superman se moque d'elle (Superman est un connard, c'est un fait), une jeune fille s'interroge tandis qu'elle est entouré de son petit ami et d'Afrodisiac, tout deux impatient de savoir lequel des deux elle préfère. Dilemme non résolut, puisque non développés, mais dont on connait de toute façon la conclusion.

Afrodisiac dans le lit de ta copine, Afrodisiac contre le robot manipulateur de cerveau. Afrodisiac contre des lesbiennes ! Afrodisiac toujours vainqueur. Les aventures du plus grand pimp du monde se déroulent à la vitesse de l'éclair de manière a crée un volume effervescent d'aventure vintage délicieusement absurde et tout à la fois crédible dans l'univers décalé où tout se déroule. Rugg et Maruca jouent au lego dans les airs et jonglent avec les brics de leur imagination avec une facilité déconcertante dont on ne perçoit aucune trace du ciment artificiel qu'ils ont du étalés à haute dose pour faire tenir des scénarios aussi délirant. Rien qu'en ouvrant le volume et en parcourant les pages à l'aspect jaunis, on se sent revenir à une époque où les aventures étaient plus simples. Bourré d'insouciance, Afrodisiac incarne le fantasme de l'homme parfait d'une époque qui a encore de quoi faire rêver quand elle est raconté avec autant d'humour et d'intelligence.

Wednesday, September 01, 2010

Mon "programme" pour l'Etrange festival 2010

Afin de faciliter la consultation de mon programme a mes ami(e)s, voilà donc ce que je pense voir comme film lors de l'Étrange festival. Prévenez moi par téléphone, mail ou facebook si vous souhaitez que l'on se retrouve avant la séance.

Vendredi 3 Septembre

19H30 Four lions de Chris Norris (salle 500)

L'histoire : Quatre terroristes islamistes originaires du nord de l’Angleterre échafaudent un plan pour se faire exploser comme des kamikazes.


Samedi 4 Septembre

17H00 Le crypto cinéma d'Alejandro Jodorowsky (salle 500)

L'histoire : Surprise!

17H30 Larmes de clown de Victor Sjöström (salle 500)

L'histoire : Un brillant scientifique est trahi par son ami qui lui vole le fruit de ses recherches et les présente à sa place à l’Académie des sciences. Comme il s’insurge, l’imposteur le fait passer pour fou et le gifle. Les académiciens s’esclaffent. Alors, riant aux larmes, pour survivre à la fracassante douleur, il devient sous un chapiteau « le clown qui reçoit des gifles ».

19H15 La cité de la violence de Sergio Sollima (salle 100)

L'histoire : Jeff Heston est un tueur à gages qui ne rate jamais son coup. Un jour, tandis qu'il se promène en voiture avec sa compagne Vanessa, il est poursuivi par un groupe de bandits. Blessé, Jeff se retrouve en prison. À sa sortie, il n'a qu'une idée en tête, se venger du gang et retrouver Vanessa.

22H Mutant girl squad de Noboru Iguchi, Yoshihiro Noshimura et Tak Sagakuchi (salle 500)

L'histoire : À l'âge de seize ans, Rin commence à ressentir une violente douleur au bras droit. Lorsque s’en extrait une arme redoutable, la jeune fille se rend compte qu'elle n'est pas réellement humaine. Rin est alors poursuivie par les forces spéciales qui assassinent ses parents sous ses yeux. Avide de vengeance, la mutante utilise ses nouveaux pouvoirs pour exterminer un à un les agents du gouvernement...

Dimanche 5 Septembre

19H30 No mercy de Kim Hyeong-Jun (salle 500)

L'histoire : Le corps mutilé d’une femme est retrouvé près de la rivière Keum. Le légiste Kang Min-Ho se rend sur le lieu du crime pour tenter d’élucider ce meurtre. Rapidement, le suspect numéro 1 (un activiste fou d’environnement) passe aux aveux. Le problème, c’est qu’il a également kidnappé la fille du légiste responsable de son arrestation. Au cours de l’enquête, Kang Min-Ho va se rendre compte qu’il a déjà par le passé croisé le chemin du criminel.

Mercredi 8 Septembre 2010

19H45 Robert Mitchum est mort de Oliver Babinet et Fred Kihn (salle 300)

L'histoire : Franky est un acteur de seconde zone en pleine dépression. Arsène, son manager, croit en son potentiel de star et l'embarque sur les routes d'une Europe improbable, à la recherche d'un cinéaste mythique, direction le cercle polaire.

Samedi 11 septembre 2010

17H Cargo de Ivan Engler et Ralph Etter (Salle 500)

L'histoire : Depuis l'effondrement de la Terre et de son système écologique, les hommes vivent dans de petites stations spatiales surpeuplées. Le seul espoir vient d’une planète paradisiaque, à cinq annéeslumière de la Terre. À bord du vaisseau Kassandra, tout l'équipage est plongé dans un profond cryo-sommeil à l'exception d'une jeune doctoresse. Au fil de ses gardes, elle a de plus en plus la sensation de ne pas être la seule éveillée...

Tuesday, August 31, 2010

Satoshi Kon, l'homme qui avait trouvé le chemin jusqu'au monde des rêves


Satoshi Kon est décédé le 24 aout 2010. C'était l'un des créateurs les plus brillants de l'animation japonaise. Il nous laisse des chefs d'oeuvres, de pures merveilles d'enchantement des yeux et de l'esprit. Paprika, Tokyo Godfathers, Perfect Blue, Millenium Actress et une série d'exception, Paranoïa Agent.

Plutôt que de faire une eulogie qui ne rentrerait pas suffisamment dans le détail de son œuvre, je préfère me concentrer sur cette série que j'ai visionné en intégralité il y a quelque mois. Trouver un coffret DVD me pris du temps, après avoir malheureusement laissé passer l'occasion d'en acheter quand l'occasion se présentait à sa sortie. Depuis, j'avais scruté les rayons et attendus jusqu'à ce qu'un beau jour, je puisse me précipiter sur celui-ci et contenter ma patience qui fut récompenser au centuples.

Tsukiko Sagi subit l'envie de ses collègues pour avoir créer un personnage très populaire pour le studio d'animation où elle travaille. Une petite peluche rose, mignonne, souriante comme sous l'effet d'une extase innocente illimité. Un soir, en rentrant chez elle, elle trouve sur son chemin un jeune garçon. Un jeune garçon sur des rollers portant une batte de baseball. Il la course, la frappe et fait d'elle la première victime de ce que la presse commence a appeler l'affaire du Gamin à la batte.

Une enquête commence alors pour trouver l'identité de ce gamin dont les victimes s'accumulent. A chaque épisode une nouvelle personne tombe sous le coup de sa vengeance, de sa mission, inexplicable. Quel est le lien? Qu'ont toutes ces personnes en communs. Ces victimes, le spectateur les découvre à chaque nouvelle épisode. Un petit microcosme se développe alors en vingt minutes et donne naissance à une nouvelle part de réalité qui, une fois assemblé, constitue l'univers de Paranoïa Agent.

Celui nous le découvrons aussi par le biais du générique. Un petit moment de télévision et d'animation unique que celui-ci. Aussi fascinante et inquiétant que le générique de Twin Peaks, au décors forestier typique des séries à fleuve, dont le mystère est souligné par la musique d'Angelo Badalamenti. Durant ce générique, les personnages principaux apparaissent successivement au milieu de la circulation, au sommet d'une tour, d'une montage, et rient. Ils rient la gorge déployé. Le genre de rire que l'on laisse éclater quand on se trouve dans une situation tellement dangereuse, tellement tragique, tellement inquiétante, que l'on ne peut plus s'abandonner aux larmes, préférant une dernière jouissance avant l'inéluctable.

En treize épisodes, Satoshi Kon développe des thèmes qui lui sont chères comme la force de l'esprit et l'onirisme. A l'aube de sa disparition, certains commentateurs citaient Paranoïa Agent comme une inspiration possible d'Inception, le dernier film de Christopher Nolan, ou tout du moins une œuvre sœur. Toutefois, de ce que je sais du film, rien dedans ne vous préparera réellement au chef de complexité tissé par l'auteur par la toile des liens entre ses personnages a qui il donne une existence pour laquelle on se passionne au fil de ces petites vingtaines de minutes.

Le Roi est mort, vive le Roi. On parlera encore de son travail pendant longtemps. Peut être même que son dernier film, The Dreaming machine, projet que le cancer ne l'aura pas laissé terminer, trouvera une conclusion entre les mains du studio responsable de sa production. Quoi qu'il en soit, Satoshi Kon était un créateur unique disparu bien trop tôt en laissant une galerie d'œuvre essentiel que l'on espérait voir s'enrichir encore pendant des dizaines d'années. Un commentateur, Jeff Betteridge, résumait la disparition de l'auteur pour le monde de l'animation comme un signe que rien ne sera plus jamais pareille car tout se ressemblera de plus en plus. Lumière d'inspiration pour tous à travers l'univers de l'animation, et au delà, Satoshi Kon a influencer et continuera de marquer l'esprit des créateurs. Bien sûr, d'autres viendront, avec leurs voix et une part des rêves de l'homme. Lui en revanche n'est plus et l'imaginaire vient de perdre un de ses héros.

Saturday, August 21, 2010

Give me Martha Washingtown au vingtième siècle


Avant Sin City et entre 300, Frank Miller créa avec Dave Gibbons, dessinateur et co-créateur des Watchmen avec Alan Moore (ça va, vous êtes attentif), le personnage de Martha Washingtown. Une enfant unique dans le monde de la bande dessinée américaine a plus d'un titre. Une femme, noire, pauvre, prisonnière d'un système totalitaire futuriste.

Une petit fille qui deviendra femme et guerrière pour l'idéal de liberté qu'elle désire tant et qu'on lui vole constamment. Que ce soit le gouvernement corrompu, les militaires qui le sont tout autant, Martha ne peut croire qu'en elle-même. La force de caractère anime l'enfant forcé à se défendre violemment dès son plus jeune âge contre des agressions de toute sorte. Très vite parqué d'un ghetto à une institution psychiatrique, elle s'inscrit ensuite dans la force armée, Pax, pour y rencontrer son nemesis, un jeune officier corrompu qui fera tout ce qui est en son pouvoir pour prendre le contrôle des Etats-Unis des mains de politiciens dans les mains de qui le monde glisse déjà dangereusement vers le chaos. D'une nouvelle guerre de sécession viendra le début d'une nouvelle ère pour Martha Washingtown, regroupé aujourd'hui dans un seul volume de 600 pages.

Dave Gibbons introduit chaque histoire et explique le processus créatif et les raisons du retour des auteurs à ce personnage qui les aura suivis de la fin des années 80 jusqu'en 2006. Le temps pour les auteurs de franchir le pas entre l'univers de science fiction qu'ils ont crée et de voir se réaliser, d'une certaine manière, le changement politique qu'ils avaient prévus en décrivant une Amérique en guerre à travers le monde au main d'un président paternaliste, remplacé, ici après un attentat, par un idéaliste d'abord acclamé puis sévèrement critiqué.

Ceci étant, le futur Orwelien de Miller, même si il affronte des menaces écologiques contemporaines, plonge dans une violence quotidienne et un sens de la propagande caricaturale qui ne dépeint pas de façon réaliste les véritables mensonges de notre époque. La première longue aventure de Martha Washingtown Give me liberty, est celle d'une héroïne prise dans une machination politique destiné à a dénoncer les travers de notre époque.

Par la suite, le personnage, toujours aussi héroïque, met cette engagement de côté pour devenir une héroïne d'aventure grandiloquente, avec comme toujours comme thématique sous-jacente le combat d'une personne contre une pensée collective totalitaire. Le schéma manichéen, cher à la philosophie objectiviste d' Ayn Rand que Miller crédite comme une influence pour l'écriture du second grand chapitre de la vie de Martha Washingtown, Goes to War.

L'enfant malmené des premières histoires s'affirme comme une guerrière prête à tout les défis et son histoire prend ensuite des détours encore plus incroyable, à l'image d'une autre influence majeur, Jack Kirby. L'influence du King du comics américain se ressent surtout à mesure que l'histoire fait des sauts incroyable en très peu de page pour que finalement Martha Washingtown soit chargé de sauver le monde dans l'avant-dernier chapitre de sa vie.

Les dialogues apparaissent alors encore plus clairement comme le grand point faible de Miller, qu'il dépense toutefois admirablement grâce à une inventivité sans repos emprunté aussi au King Kirby. Lire la vie de Martha Washingtown au vingt et unième siècle permet de faire le lien entre le comics de super héros et la littérature engagé, avec un emprunt rapide à la philosophie de droite d'Aynd Rand dans un grand melting qui, malgré tout, suis une trajectoire aussi déroutante que passionnante.

Il faut pour cela remercier Dave Gibbons, illustrateur, porteur de l'allumette de vie d'un univers bariolé dont le talent pour dessiner l'une des bandes dessinées les plus importante de l'histoire (Watchmen) ne démérite pas sur ce classique moins illustre et toutefois des plus mémorable. Un auteur au personnage toujours aussi possédé par leur soif de justice rencontre l'un des traits les plus iconique de la bande dessinée mature des années 90, cela ne pouvait que produire une histoire incroyable.

Monday, August 16, 2010

Harvey Birdman, l'avocat des toons


Pendant que Cartoon Network, une chaine américaine diffusant des dessins animés destinés aux plus jeunes, occupe l'antenne en journée et durant l'après-midi, les soirées sont réservés à Adult Swim, le versant adulte de la chaine. Des dessins animés japonais, ainsi que des productions maisons, y sont diffusés pour un public un poil plus agé (wikipedia me dit de 14 à 18 ans mais si vous êtes plus vieux vous pouvez y aller aussi). Robot Chicken, une série parodiant, sous la forme de courtes séquences des dessins animés, des séries et des films (crée par Seth Green, le rouquin loup garous dans Buffy); Aqua Teen Hunger Force, les aventures d'une boule de viande, d'une boite de frite et d'un milk shake parlant et de leur voisin redneck (oui, cette série existe vraiment) et Metalocalypse, racontant le quotidien déjanté du groupe de rock le plus populaire au monde; sont les séries les plus populaires de la chaine.

Harvey Birdman, Attorney at law, est aussi l'une de ses production. Elle raconte les aventures d'un ancien personnage crée par les studios Hanna-Barbera dans les années 60, un super héros doté d'ailes et d'un masque de faucon, accompagné de son fidèle acolyte, un véritable faucon. Des années plus tard, il décide de mettre fin à sa carrière et de devenir avocat (les raisons sont expliqués dans un épisode que je n'ai pas encore regardés). Son accolyte devient alors son assistant chargé de taper à la machine ses conversations, avec son bec, et de faire des recherches dans le cadre des affaires qu'il doit défendre.

Ses affaires concernent généralement d'autres personnages de la même époque, comme Sammy et Scoobidoo quand ils sont arrêtés par la police pour suspicion de possession de marijuana, Fred Pierrafeu quand ils est accusés d'être parrain de la mafia locale (l'épisode est une parodie des Sopranos) ou Apache Chief, un indien capable du pouvoir de devenir un géant qui se voit privé de ses pouvoirs quand un serveuse lui renverse du café brulant sur ses parties.

La galerie de personnage pioche dans tout les tiroirs et mélange les univers de façon a parodier de la manière la plus absurde et dingue tout ce qui lui passe sous la main. La cohérence n'est pas une des grande qualité de la série tout en étant sa plus grande force grâce à un humour incroyablement débridés. Le point commun entre tout les personnages semble être la folie qui les possède.

Mentok, The Mind Taker, ancien ennemi juré de Harvey Birdman dans sa première série, devenu juge dans celle-ci, s'ennuie des procès qu'ils préside car il prédit toujours le verdict au début.
Peanut, le greffier d'Harvey, s'exprime parfois dans des langues choisit au hasard, et s'occupe de tout, sauf faire son travail, comme de construire une boule a pique géante dans le bureau qui se balance de droite à gauche. Celle-ci frappe différents personnages durant l'épisode en question, parfois même alors que la scène ne se déroule pas dans le bureau.
Enfin, le patron d'Harvey, Phil Ken Sebben, indique toujours des direction inverse quand il pointe une direction du doigt, est atteint d'une dyslexie compulsive quand il parle et finit ses phrases par des mots étranges. Il est doublé par le comédien Stephen Colbert du fameux Colbert Report (un autre monument actuel de la télévision américaine en ce qui me concerne).

Des dizaines d'autres personnages interviennent en fonction des épisodes, des affaires et des situations toutes plus folles les unes que les autres dans laquelle se retrouve l'équipe de notre super héros avocat à tête d'aigle. La série compte quatre saisons et pour en avoir vu seulement la première (les épisodes durent dix minutes, la saison en compte onze et j'ai tout regardé en une journée), la folie va de manière croissante, avec comme sommet "SPF" où Harvey développe une addiction à la crème solaire, et X-The Exterminator où le personnage titre tente de tuer Harvey alors qu'il tente de défendre son propre patron qui est accusé d'avoir effectivement écrasé un passant chaque jour de la semaine.

Malheureusement, les extraits de la série disponible sur youtube ou sur le site d'Adult Swim ne sont pas visionnables, à moins d'utiliser un proxy vous localisant ailleurs qu'en France (aux Etats-Unis, par exemple). De plus, la série n'est sous-titré qu'en anglais. En revanche, les trois saisons sont disponibles en coffret sur un fameux site de commande à distance pour une somme modique. Sinon, il y a toujours d'autres solution... j'imagine.... De nos jours, aucun obstacle ne peut décemment vous empêcher de vous procurer cette série et elle le mérite amplement quand on a vécu avec Scoobidoo, les Pierrafeu ou les Fous du Volant et que l'on s'est toujours douté qu'il y avait quelque chose derrière cette obsession de Sammy pour la nourriture et cette démarche pataude.


(deuxième partie du premier épisode de la saison 1, Bannon custody battle, une parodie du dessin animé Johnny Quest)

Monday, August 09, 2010

Old Man Logan - L'age n'atteint pas la rage du héros

Wolverine (ou Serval, comme on l'appelait dans les comics Marvel publié en France). Mettez le sur une couverture et regardé votre chiffre de vente grimper tout seul.
C'est un fait avéré, connu de tout les scénaristes et éditeurs de comics que Wolverine + Couverture = Vente. Pas de 35H, pas de RTT, pas de repos, le type court dans tout les sens alors il faut bien qu'à un moment il fatigue, il vieillisse... et avec lui tout l'univers Marvel.

Old Man Logan, histoire crée par Mark Millar (Nemesis, Kick-Ass, Civil War) et Steve McNiven (Civil War, Nemesis) vous explique en quoi la présence de Wolverine sur toutes ces couvertures était nécessaire. Car, non seulement sans lui vous n'auriez pas lu les aventures de nombreux héros dont vous n'aviez rien à faire, mais en plus, sans lui le monde entier serait perdu. A la retraite, fatigué, marié avec deux enfants, Logan, notre très cher Wolverine, n'en peut plus de la violence qui a consumé le monde entier.

Il a fallu un moment d'illumination diabolique pour que les super criminels du monde entier se décide à se liguer tous ensemble contre les super héros afin de dominer le monde. L'idée avait déjà été employé par Millar dans Wanted, dont l'adaptation cinématographique a vu son scénario plus qu'un peu modifié, avec le même résultat, à l'exception que les super héros de Wanted n'était pas des icônes avec qui l'on a pu vivre des dizaines d'aventures. Alors que Wanted célèbre la victoire des criminels contre les héros avec cynisme, Old Man Logan plonge d'emblée le lecteur dans un univers désolé et abandonné par l'espoir de voir un jour régner un peu d'ordre.

Lui même désabusé, Logan se refuse à la violence dont il faisait preuve auparavant et est contraint d'accompagner son vieux compagnon Quicksilver pour gagner de l'argent et empêcher sa famille se de faire tuer par un gang de monstre héritier des gènes de Hulk. Le road movie leur fait parcourir les Etats-Unis, son histoire et ses tragédies. Sa violence aussi, car là où règne le mal absolut, la folie règne sans partage.

Une aventure que l'on peut rapprocher de l'Age d'Apocalypse dans ses moments les plus tragique. La violence de certaines scènes dépassent toutefois largement ce que l'on peut voir communément dans une histoire de super héros habituel tant le sang coule parfois à flot et les crocs de certains monstres sont bien plus assurés. Ainsi, bien que l'univers Marvel ai déjà traversé de nombreux apocalypse, celui-ci est le plus crue et le plus amer qui a surement jamais été écrit.

Les coups de théatre se succède à chaque numéro et plonge de plus en plus notre héros dans l'horreur jusqu'à atteindre le point de non retour. La réaction de Logan, le lecteur s'en doute, mais jusqu'à quel point celui-ci résistera t'il? Et que décidera t'il de faire une fois que le fameux bruit de l'extraction de ces griffes aura retenti après tant d'année?

Sunday, August 01, 2010

The Invincible Iron Man Annual #01 - Quand la fiction rejoint la réalité


Alors que le destin d'Iron Man se dénoue de nouveau dans sa série régulière, The Invincible Iron Man, et que le succès des films rend le personnage plus populaire que jamais, ce annuel permet à Matt Fraction, scénariste régulier de la série depuis plus de deux ans, de prendre le temps de raconter une histoire n'ayant aucun rapport avec la continuité des évènements de la vie du héros titre.

Le "héros" de ce numéro spécial est le Mandarin. Un despote chinois accoutumé à affronter Iron Man et Tony Stark depuis des années. L'univers de ce dernier est peuplé de nemesis dont l'égo, le génie ou la fortune les ont opposés aux multiples talent de Stark. Tortionnaire ridicule dont la vie n'est conté que quand il affronte son ennemi juré, il kidnappe ici un réalisateur de génie pour raconter l'histoire de sa vie. Contraint par la menace de la mort de son épouse, il se met à la tache et écoute le Mandarin raconté sa vie, ses aventures; des mensonges qu'il invente pour satisfaire le plaisir de se voir incarner à l'écran sous un angle favorable.

Si la situation n'était pas dramatique pour le réalisateur, l'histoire en serait ridicule. Ce que Matt Fraction tire toutefois de cette histoire n'est pas une occasion de se moquer de ce maître du mal mais lui donner un contexte plus réaliste proche de la folie dévorante des criminels de guerre qui gouverne encore à l'heure actuel des pays et exerce par la force tout leurs caprices. Le Mandarin se sert du pouvoir conférer par ses anneaux. D'autres usent de leurs soldats pour obtenir ce qu'ils désirent.

L'importance d'Iron Man dans cette histoire en devient même anecdotique car seul compte la volonté de l'équipe de tournage face aux mensonges et au bon vouloir du Mandarin. Sous couvert d'une histoire de super héros, tout comme dans la série The Invincible Iron Man, Matt Fraction traite de problématiques réels comme le transformation de notre économie pour s'adapter au développement durable, la propagation d'armes de destructions massives aux mains de groupuscules, la libre circulation de la technologie et ses applications à des fins belliqueuse ou pour améliorer le monde, et nous plonge dans le quotidien d'un tortionnaire pour qui le monde ne tourne qu'autour de lui. En 61 pages, la fiction n'a pas le temps de dépasser la réalité, juste de donner un aperçu d'un petit bout d'une partie de l'univers de papier que l'on a pas pour habitude de connaitre afin de révéler une part de ce qu'ont en commun les tyrans et les super vilains ont en commun, la folie de leur égocentrisme.

Friday, July 30, 2010

Captain Britain and MI13 de Paul Cornell et Leonard Kirk (Marvel)


Publicité mensongère! Le héros de cette histoire n'est absolument pas le capitaine de l'Angleterre, bien qu'il participe activement à l'histoire, mais un dénommé Pete Wisdom. Alors, bien sûr, quand on vend un comics, on s'appuie sur un personnage que les gens connaissent un minimum et le nom de Captain Britain à, au moins comme intérêt, de situer précisément l'action. L'Angleterre a ses héros et elle va donc avoir une équipe gouvernementale dirigé par un agent des services secret, le susnommé Pete Wisdom.

Celui ci a déjà eu droit à une mini série où sa personnalité de de manipulateur dont les calculs froids cachent un homme brisé, déterminé à travailler pour son pays et le protéger même si il doit faire tout les pires compromis au monde. Cette série de courte durée, seulement trois volumes et puis s'en va, faute de vente (note: la série serait sur le retour grâce à son succès critique), pousse a bout ses limites, nottamment quand, dans le dernier volume, Dracula arrivera de sa planète vampirique pour prendre possession de la planète. Entre temps, il aura fallu faire face aux Skrulls et aux pouvoirs maléfique résidant aux frontières de l'Angleterre, pays riche en être magique.

Ceux qui constitue l'équipe de Wisdom et de Captain Britain sont les suivants : Le Chevalier Noir, Faiza, une jeune femme médecin de confession musulmane dont les pouvoirs télékinétiques se déclarent dans le premier numéro, Spitfire et Blade. Le même Blade des films. Le chasseur des vampires. Lui aussi aurait pu prendre la première place et figurer en couverture? Sauf que la série ne s'appelle pas Captain Britain AND THE MI13 pour rien. Un faux air de James Bond plane dans les aventures dans lesquels se retrouvent cette équipe mené par un spécialiste de la manigance. Un manipulateur pourtant bien faillible qui frôle parfois la catastrophe et se rend encore plus sympathique aux lecteurs par sa résilience devant le danger.

Tout comme dans les X-Mens où tout les personnages possèdent leur talon d'Achille, les membres de ce groupe de super héros n'ont de super que le nom. Chacun doit faire face à son lot de problème personnel qui le dévore et menace de le projeter dans les limbes. Le deuxième volume contant la rencontre avec une entité mystique absorbant l'énergie vitale en offrant en retour d'exaucer les vœux les plus chères de chacun en sera une excellente illustration et poussera chacun dans ses retranchement. Tant de potentiel encore à découvrir mais déjà exploré dans ces trois recueils aux menaces cosmique et fantastique à la frontière entre le cosmique et le magique. Du pur blockbuster aux acteurs attachant, campés par le trait solide et et puissant de Leonard Kirk, on ne peut plus efficace pour des personnages capable des plus grands exploits mais dont le visage et les actions révèle de simples être humains, et Paul Cornell, un scénariste manipulateur en chef qui semble prend autant de plaisir à manipuler le destin de ses héros qu'à les réconcilier avec leur tourment. Un univers dont il serait dommage d'attendre la traduction quand les tomes en VO vous attendent avec autant d'impatience que vous en aurez à tourner les pages.

Friday, July 23, 2010

Scarlet #01 - Le terrorisme au nom de la vérité


Avec son air de filledurock, Scarlet est un sujet parfait pour ce site, même si ses préoccupations n'ont rien de commun avec celle, toute innocente, de ce site. Crée par Brian Michael Bendis (Powers, New Avengers, Daredevil) et Alex Maleev (Daredevil), cette toute nouvelle création est d'abord née de l'envie des deux auteurs, après avoir collaboré pendant plusieurs années à écrire la destinée du diable rouge de Marvel, Daredevil, de créer une série qui leur soit propre.

Scarlet n'a pourtant rien de super héroïque. En revanche, elle a en commun avec les héros costumés de vivre une sorte de tragédie grecque qui va la pousser a agir pour que justice soit rendu. D'adolescente insouciante elle devient alors une jeune femme insufflé par une pulsion vengeresse qui n'a toutefois rien de commun avec un anti-héros comme le Punisher, même si la couverture pourrait laisser le contraire.

Scarlet s'adresse d'abord constamment au lecteur pour raconter son histoire et expliquer ses intentions et ses raisons. Briser le quatrième mur est un fait coutumier plus aussi exceptionnel qu'à l'époque d'Animal Man où le dit héros découvrait le regard inquisiteur des lecteurs. Sans avoir conscience d'être une héroïne de papier, Scarlet emprunte au théatre cet instrument qu'est l'aparté pour faire part à l'auditoire de ses état d'âmes. Le lectorat est pris en témoin de manière a ne pas être détaché des évènements qui vont conditionner son départ en guerre contre la société.

Les évènements qui bouleversent la vie de Scarlet sont aussi tout à fait réaliste, bien qu'exceptionnel, et pousse donc le lecteur à se comparer à l'héroïne. Les illustrations d'Alex Maleev apporte quand à elle l'humanité et le ressenti nécessaire à retranscrire la violence des évènements et la pulsion de vie qui les feront passer du fictif au semi réaliste. Sans être politisé, le scénario de Scarlet est celui d'une prise de position morale d'une femme sur une machination dont on ne sait encore si elle le fruit d'une paranoïa ou d'un réel complot. Le dilemme n'est bien entendu pas résolu et laissé en suspend pour les prochaines séries de vingt quatre pages. La puissance et l'originalité de la narration laisse présager d'une histoire à la hauteur du talent de ses auteurs et du défi que ce personnage lance contre la Justice, rétablir la vérité ou mourir en luttant.

Saturday, June 26, 2010

Stranges Tales de Various artists (Marvel)


La plupart des recueils d'histoires courtes que j'ai acheté, jusqu'à présent, m'ont toujours un peu déçu. Les auteurs les plus connus se retrouvent en première ligne et sont généralement les plus satisfaisant. Quand aux découvertes de jeunes pousses prometteuses, elles sont rares. Beaucoup de remplissages avec des histoires trop familières et des graphismes approximatifs ou beaucoup trop influencés. Le pire souvent que j'ai vient d'un volume autour de la musique dont la plupart des auteurs avaient une vision nostalgique et ennuyeuse de la musique, une attitude que j'exècre tout particulièrement en matière de musique! Strange Tales part en revanche avec un appriori positif de par la liste plus que conséquente de noms familiers du milieu indépendant que l'on retrouve. Des vingt sept auteurs, seulement neuf ne m'évoquent rien à la lecture de leur biographie.

Pour cause, difficile d'ignorer le talent de Paul Pope (100%, Heavy Liquid, Batman 100), Stan Sakai (Uzagi Yujimbo), Peter Bagge (Hate) ou Nicholas Gurewitch, dont toutes personne ayant un tant soit peut trainé sur internet a forcemment rencontré au moins une fois un strip de la fameuse Perry Bible Fellowship. Des références n'ayant que peu ou jamais (à l'exception de Jonathan Hickman, signé à temps plein) travaillé pour Marvel ou avec ses personnages.

Leurs interprétations des personnages de l'éditeur, des X-Mens à MODOK jusqu'à Captain America et Dr Voodo ne souffrent d'aucune préoccupation éditoriale (respecté la continuité, faire avec les récents évènements polito super héroïque). Chacun parodie ou s'approprie les déboires des héros mais pratiquement tous se retranchent sur le mode de narration rapide et remplis de rebondissement des débuts. Même Peter Bagge, tout aussi habile pour la caricature dans son trait de crayon que dans ses bulles, se réapproprie le mythe de Spiderman pour en faire un héros Ditkoesque consumé par des préoccupations Randienne (voir le reportage sur la vie de Steve Ditko pour plus de détails).

Strange Tales caricature mais avec un plaisir non dissimulé sans se moquer des poncifs mais en se les réappropriant à leur manière. La quête désespéré du chien des Inhumains pour un ouvre boite à tout de l'humour des histoires comiques de Paul Pope (un genre dans lequel il s'illustre rarement mais toujours avec beaucoup d'efficacité, voir El Enmascararad Karimbah! dans l'artbook PulpHope). Le Iron Man de Tony Millionnaire (Sock monkey), au prise avec deux saucisses humaines est gorgé de jeu de mot. Quand au Hulk de Stan Sakai, il se retrouve naturellement au Japon parmi les Samouraï.

Les ratés, ou plutôt les imperfections sont rares. Le Spiderman de Junko Mizuno, fidèle à son style, se déroule de manière très bancale et approximative. L'homme araignée et le shoujo manga ne vont tout simplement pas de paire. En revanche, les deux histoires sur le fantastique et ridicule MODOK (Mental Organism Design Only for Killing) démontrent parfaitement le potentiel comique du personnage, concentré ultime de la folie démoniaque et grotesque des super vilains de l'age d'or des super héros quand ils étaient encore dessinés par Jack Kirby. Cependant, à l'image du King Kirby, Strange Tales déborde d'imagination et d'enthousiasme pour les aventures de ces personnages que chacun ne cesse de se réapproprier.

Une parfaite démonstration de tout ceux que le milieu indépendant peut apporter aux super héros et de l'inventivité de ceux-ci par rapport aux clichés fatigués dans lesquels sont souvent tombés des séries, ceinturés par le poids des demandes des fans et des licences qu'ils représentent. Vous ne verrez jamais à l'écran le Punisher contraindre un étudiant a faire ses devoirs mais vous pouvez heureusement en profiter dans ce volume.

Sixteen miles to Merricks and other works de Barnaby Ward


Les afficionados du flux d'image FFFFound ont surement vu passer de nombreuses illustrations de Barnaby Ward extraite de son site, Somefield.com. L'artiste semble beaucoup plus reconnu pour ces œuvres individuels représentant de jeunes femmes accompagnés d'animaux de toute sorte. des illustrations qui ne dévoilent qu'une part infime de l'univers graphique de l'auteur tel qu'il est développé dans Sixteen miles to Merricks (and other works). Le présent recueil de trois courtes histoires, une longue et de diverses illustrations (dont certaines tirés de son projet personnel, et inachevé, inspiré par Alice au Pays des Merveilles) présente un jeune auteur au style affirmé et aux scénarios fantastico onirique présentant tout les symptomes d'un artiste compétant graphiquement mais encore maladroit pour exprimer ses idées.

Les couloirs interminables et les bribes de discussions des deux protagonistes de l'histoire titre ne sont pas sans rappelés les déboires de Killy à travers l'univers de Blame! A la diférence de son auteur, Tsumoto Nihei, Barnaby Ward résout plus rapidement son intrigue et explique partiellement le sens de cette aventure. Reste toutefois en suspend bon nombre de question à la dernière case et l'on ressent une part d'inachevé une fois la page tourné vers des interprétations par d'autres artistes des protagonistes. Ceux-ci auraient encore beaucoup à dire derrière les tatouages recouvrant les bras du jeune homme, les raisons de leur présence sur l'ile, sa nature même et enfin, la dualité entre la personnalité de jeune femme enthousiaste et amoureuse et celle de fil d'Ariane de l'héroïne.

Les histoires suivantes, d'autant plus courte, laisse encore beaucoup de points d'interrogations entre le peu de dialogue et la richesse des planches. Les designs robotiques et l'obsession pour les héroïnes courte vêtu de l'auteur rappelle aussi le travail d'Ashley Wood. Toutefois, contrairement à l'auteur de Popbot, Lore, Automatic Kafka et tant d'autres séries inachevés, l'influence de la narration japonaise propre au manga (ainsi que cette approche narrative centré sur des tranches de vie et non des épopées), les points de vue très variés des cases orientent très efficacement le lecteur et rendent ce parcours, aussi étrange soit-il, très prenant, tout autant que le design à la fois mécanique et organique de son univers (le robot géant de Rooftops semble être fait de bois).

Comme perdu au sein d'un futur post apocalyptique qui se redécouvre intégralement, les personnages de Barnaby Ward n'apporte que peu d'aide au lecteur car ils sont tout aussi perdu que lui. Entre les univers de Nausica et de Blame!, Barnaby Ward extrait un compromis entre un trait américain tiré par une conception scénaristique japonaise et une envie d'expérimenter avec tout. Un style personnel s'affirme ainsi que des imperfections heureusement comblé par un graphisme envoutant qu'un scénariste compétant saura surement dirigé efficacement dans de prochain travaux.

Sunday, June 20, 2010

Smoke - Sous la fumée, le brouillard


Il fut une époque, vers la fin des années 80, où l'Angleterre était le berceau de nombreux scénaristes de bande dessiné aux opinions politiques bien apparentes. L'époque d'Alan Moore et John Wagner. Autour de la même époque, aux Etats-Unis, un scénariste de comics appelé Frank Miller publiait aussi des histoires qui marquèrent l'imagination des scénaristes. V pour Vendetta, Judge Dredd et Martha Washingtown goes to war sont tous des références impériales dans l'univers de la bande dessinée anglo-saxonnes et Smoke est à la fois tributaire de celle-ci et digne de la comparaison.

Caïn, un tueur a gage à la solde du gouvernement anglais, apprend que son mentor a été tué lors d'un cambriolage. Une explication qui ne lui convient pas et l'amène a enquêter. Pendant ce temps, l'Angleterre vit des heures douloureuses, emprunt à une récession économique et à une crise pétrolière majeur. Les manigances politiques vont bon train et rien n'est assez dangereux pour remettre le pays à flot. Les années noirs de Margaret Thatcher que dénonçait Moore dans V pour Vendetta ne sont plus. Le jeu de l'argent et du pouvoir va toutefois toujours bon train et sert de moteur à ce thriller politique complet et complexe où un tueur à gage et une journaliste vont se liguer pour connaitre la vérité. Alors que, finalement, qui s'y intéresse vraiment?

Tout aussi influencé par ces même héros susmentionnés, Igor Kordey, dessinateur populaire grâce à son passage au côté de Grant Morrison sur New X-Men, est tout aussi influencé par ces mêmes œuvres. La patte d'un Dave Gibbons (Watchmen) est perceptible dans son train minutieux et réaliste, de même que celle d'un Steve Dillon (Preacher). En fait, Smoke aurait pu être publié chez Vertigo mais est arrivé entre les mains de l'indépendant IDW. Signe des temps où certaines des meilleurs séries du mythique éditeur de Preacher, the Invisibles ou Sandman est obligé de mettre un terme à ses titres les plus prometteurs (Unknown Soldier, The Exterminators, Young Liars ...)? Smoke ne tient toutefois qu'en quelque numéros compilés dans un seul volume.

Plein de cynisme, de degré de lecture et de petits détails dissimulés dans des extrait d'article placé entre les chapitre ou de publicité discrètement placé dans des cases. Alex de Campi est allé à bonne école mais imite bien, sans que la référence soit trop envahissante, les petites manies d'Alan Moore a vouloir donner au lecteur toujours plus qu'il ne voit à la première lecture. Le final est donc un peu expéditif après un tel déballage de complot mais laisse la porte ouverte à une nouvelle exploration plus attentive. Actuellement, ces deux auteurs ne produisent rien de notable dans l'univers de la bande dessinée et c'est bien regrettable tant celui-ci manque d'auteurs engagés et passionnés comme ceux-la.

Chew - Laisse moi te croquer et je te dirais qui tu es


Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger disait Rabelais par la bouche de Gargantua. Dans le monde de Tony Chu, il faut manger pour enquêter et non enquêter pour manger. Manger ça le dégoutte. Une bouchée d'un aliment lui fait vivre tout ce que le légume, le fruit ou l'animal a vécu. Une capacité bien pratique quand on est enquêteur et qui va le projeter au sein du bureau fédéral d'investigation des aliments et des médicaments (F.D.A.) en tant qu'inspecteur des meurtres et autres affaires liés à la nourriture.

"It's a sad fact, and an awful truth. Sometimes in the course of this job, you're going to eat terrible things, all in the name of justice."
- Mason Savoy

Savoy, son partenaire, expérimenté dans l'art de l'inspection alimentaire, l'accompagne dans ses premières enquêtes, d'Antarctique jusque dans les cuisines de restaurant où l'on prépare du poulet. Met hors la loi depuis la mort par millions de victimes d'une épidémie de grippe affectant ces volatiles. Conspiration ou danger réel? La question est abordé tout au long de ce premier volume mais reste en suspend. Les six chapitre de Taster's choice introduise les différents personnages, l'univers et les capacités de Tony Chu et de son partenaire et mentor. Un mélange de rouage bien huilé propre au série policière et d'originalité des intrigues.

Chew ne se sert pas de l'alimentation comme un gimmick mais d'un ressort scénaristique propre exploité à tout les degrés de la création de son univers. John Layman, scénariste et créateur, fait de la nourriture le centre d'intérêt de chacun. On trafique le poulet, on consomme des doigts pour trouver des indices, on devient même terroriste pour prouver que la grippe du poulet est le résultat d'une conspiration mondiale. La bouffe c'est sacré et Tony Chu mort les preuves à pleine dedans. Il a faim et soif de justice. Il cuisine les preuves et les témoins... Quand à Rob Guillory, son style emprunt du dynamisme d'un jeune Ted McKeever, associé à une coloration moderne, donne vie à des histoires à mi chemin entre la comédie et le thriller. L'absurde cache une intrigue prenante et mystérieuse dont on ne découvre que des bribes à travers les multiples intrigues auxquels sont confrontés les personnages.

Cette pluralité des directions pour un premier volume est aussi le seul point noir car a trop introduire d'intrigues, Layman et Guillory laisse beaucoup de points d'interrogations que l'on espère voir tous résolu. Layman n'en est pas son coup d'essai dans le medium mais Chew est son titre le plus applaudi par la critique et le public à ce jour, et à juste titre. Rare sont les histoires aussi passionnante pour une équipe aussi jeune dans un univers original. Un succès qui rappelle evidemment celui de Powers, publié par le même éditeur il y a plusieurs années et qui fit de Brian Michael Bendis le scénariste populaire qu'il est aujourd'hui. Il serait toutefois injuste de trop comparer les deux séries car Chew a d'ors et déjà trouver sa propre voix et son originalité parmi les histoires policières les plus efficaces publiés ces dernières années (Powers, Gotham Central, Small Gods ...).

Sunday, May 23, 2010

Steve qui? A la recherche du co créateur de Spiderman

Le nom de Steve Dikto ne signifie peut-être rien pour la plupart des habitants de cette planète mais celui de l'un des personnages qu'il a co-crée avec Stan Lee est pourtant reconnaissable instantanément du Gabon à l'Iowa. Il s'agit de Spiderman.

Contrairement à Lee dont la personnalité de show man, en plus de son talent de scénariste, l'a placé au devant de la scène, Ditko est un individu qui a toujours désiré resté loin des projecteurs, refusant même de percevoir un centime sur les revenus des produits dérivés qu'il aurait pu recevoir.

Son talent en revanche n'a pas échappé aux fans et ceux qu'il a influencé compte parmi les créateurs les plus important, tel que Alan Moore (Watchmen, V pour Vendetta, Lost Girls), Mark Millar (Kick-Ass, the Ultimates) ou Neil Gaiman (Sandman, Mr Punch). Le présentateur anglais Jonathan Ross compte parmi ses fans et part à la découverte de l'auteur avec l'espoir de le rencontrer.

Le reportage explore donc autant la somme de ses créations (Spiderman, Dr Strange, The Question, Mr A, the Hawk and the Dove, the Creeper) que son influence. La question de la création de Rorscharh, personnage mythique des Watchmen est donc soulevé et Moore de répondre qu'il a emprunté la personnalité de Mr A pour sa propre création. Un personnage pourtant inconnu du grand public et des fans de comics, au contraire de Rorscharh, qui permet d'aborder les raisons de la vie de reclus de Dikto.

Celui-ci est en effet un adepte de la philosophie d'Ayn Rand, un auteur russo américaine créatrice de l'objectivisme. Cette philosophie est centrale pour l'oeuvre de Steve Ditko qui sépare constamment le bien et le mal en refusant la possibilité d'un flou morale. Ses créations personnels, tels que Mr A ou the Hawk and the Dove, sont des expressions de cette philosophie en exécutant une justice sommaire qui ne tolère aucun faux pas.

Enfin, le reportage souligne à quel point, bien que Dikto ait refusé de percevoir des droits sur sa plus grande création, le crédit qui lui est pourtant due n'a jamais été accordé. Cette question du droit d'auteur, ou du moins de la reconnaissance de la participation d'un dessinateur ou d'un scénariste dans l'existence d'un personnage est essentiel dans l'histoire du comics américain. Le procès contre DC Comics (éditeur de Superman et de Batman) par les familles Siegel et Shuster, créateur de Superman, continue encore. De même, Jack Kirby, l'un des dessinateurs les plus influent de l'histoire de la bande dessinée, n'a jamais perçu l'argent qui lui revenait de droit sur ses créations en dehors du prix qu'on lui payait pour ses planches, et non pour l'exploitation commerciale de ses personnages (Hulk, les X-Men, les Fantastic Four, Captain America...). Récemment encore, une couverture de Tank Girl par Brian Bolland était utilisé par l'artiste islandais Ero, exposé au centre Pompidou, sans aucune reconnaissance de son travail!

En recherchant Steve Dikto, Jonathan Ross explore une partie de l'histoire du comic-book et de sa magie. La passion du présentateur se ressent à chaque pas et avec chaque interview, autant avec des auteurs que des personnes qui ont travaillés au coté de Ditko. Un jeu de piste historique et artistique sur les traces d'un auteur et d'un univers encore incompris et dénigré. Réussit t'il à rencontrer l'homme? A vous de le découvrir.



Looking for Steve Dikto part 2

Looking for Steve Dikto part 3
Looking for Steve Dikto part 4
Looking for Steve Dikto part 5
Looking for Steve Dikto part 6
Looking for Steve Dikto part 7

Sunday, April 18, 2010

Pinocchio de Winshluss (Les Requins Marteaux) 30 Euros


Je me souviens encore avoir ressenti un profond malaise en regardant l'adaptation de Pinocchio à un moment précis. Le film en lui-même ne m'a pas véritablement affecté mais une scène en particulier m'est revenu à l'esprit en lisant ce volume : celle où un petit garçon se transforme en âne. De voir cet enfant que j'aurais pu être crier de peur en voyant son corps perdre sa forme humaine et devenir un simple animal m'a énormément effrayé. Comme la réalisation d'une possible perte du contrôle de soi et de ce que l'on peut considérer comme acquis.

Je n'en ai jamais parlé par la suite avec des amis et je ne crois pas non plus avoir lu d'expériences similaires vis-à-vis de cette scène. Peut-être étais-je (et suis-je) très impressionnable? Le souvenir de cette sensation de malaise ne m'a pourtant pas quitté et c'est juste fixé dans mon esprit en lisant l'adaptation de la même histoire par Winshluss. Rien non plus de ce volume ne m'a évoqué la même sensation. Les évènements y sont pourtant beaucoup plus terrible mais j'ai aussi grandit (facilement vingt ans de plus, ça se ressent). Je n'ose par contre pas imaginer que j'aurais fait de cette histoire à huit ans...
Cette relecture de Pinocchio expurge tout principe morale pour ne laisser que le besoin de chaque personnage de faire sa vie sans faire attention aux autres. La morale que les films de Walt Disney dispensait aux spectateurs est remplacé par toute la crasse et la bêtise dont l'humanité est capable autour de ce petit enfant mécanique qui devient très vite le spectateur, et l'hôte, de la violence la plus grotesque et la plus pathétique. Winshluss ne cherche pas pour autant le malaise, ni la violence. Il pince toutefois aux bons endroits pour que le rire soit toujours grinçant sans être malsain. Il empreinte pour se faire à toutes les écoles de la bande dessinée humoristique française. Le meilleur de Fluide Glaciale (Gotlib, Maester) a été digéré, de même que l'humour de comptoirs de Vuillemin.

Au contraire de ce dernier, il n'y a pour autant rien de gratuit dans l'histoire (ou les histoires) que raconte Winshluss. Si il introduit une scène en apparence étrangère la logique de l'histoire, c'est pour mieux s'en servir plus tard. De même, puisque l'on parle de narration, seul le personnage de Jiminy le cafard (les criquets sont trop sympathiques), ainsi que l'inspecteur, parlent. 188 pages et pratiquement pas de dialogue sans que cela nuise à la compréhension de l'histoire! L'histoire conté par Winshluss est pourtant loin de respecter celle d'origine et il n'a donc aucune béquille sur laquelle se rattraper.
Son graphisme synthétise aussi parfaitement ce mélange entre l'univers enfantin et la perversion humaine à son plus grotesque, son plus pervers et son plus ridicule et chaque case est une merveille dans lesquels des bulles de textes n'ont besoin d'en rajouter pour traduire l'action ou apporter une dimension supplémentaire. Winshluss parle avec ses crayons, ses pinceaux et son talent et son dessin se suffit à lui-même pour nous faire sourire, grincer des dents et rire tout à la fois. Les pleines pages sont des plus superbes quand elle permette à son imagination de s'exprimer à pleine voix mais il suffit parfois de se pencher sur une seule case perdu en coin pour retrouver aussi tout le talent de l'auteur. Perdu entre deux galaxies qui n'étaient jamais censés se rencontrer : la bande dessiné comique et grossière et le roman graphique intellectuel prisé par les lecteurs de Télérama, Pinocchio est une œuvre à part et complètement géniale.