S'il y a bien un sujet que je trouve épuisé, c'est celui de la seconde guerre mondiale. Epuisé car tourné à toutes les sauces les plus mélodramatique possible et imaginable pour dépeindre l'horreur de la guerre et du nazisme. Le plus frustrant n'étant pas que l'on parle continuellement de cette guerre et de ce qu'elle a engendré sans évoqué les génocides et les guerres de notre temps. Faut il attendre que les esprits se réveillent après les faits pour pouvoir enfin en parler et hurler sans grand conviction : Plus jamais ça, en attendant que "ça" se reproduise?
Fort heureusement, pour moi du moins, la Guerre d'Alan n'est pas un énième livre sur la seconde guerre mondiale où l'on pointera d'un doigt accusateur les coupables en s'érigeant comme les héros invincibles du bon droit. Crée à partir des conversations enregistrés que l'auteur, Emmanuel Guibert, eu avec le héros de cette histoire, bien des années après les faits, la guerre d'Alan est le récit d'une vie passé à travers l'Europe pendant la seconde guerre mondiale auprès d'amis. Soldats, pasteur, peintre, pianistes, les rencontres que pu faire Alan Ingram Cope, ont enrichis sa vie et sa quête de sa propre identité, la seule véritable quête que nous menons tous à chaque instant.
Sans effet de style dans l'écriture, les paroles et les souvenirs d'Alan accompagnent les vignettes, clichés photographiques mentaux imaginés par Guibert, pour documenter la vie de son héros et ami. La force du récit ne prend forme qu'au fil de la lecture quand on finit par s'imaginer à table avec le narrateur pendant qu'il vous raconte ses souvenirs. un grand-père avec de belles histoires, des petites leçons de vie et surtout pas de morale à la con, débité machinalement. La leçon que vous pourrez tiré de ces histoires, elle viendra d'elle-même. Qu'elle sera t'elle? A vous de le voir. Un tel récit contient tant de degré d'appréciation que l'on peut y revenir continuellement, parcourir un souvenir parmi tant d'autre et se remémorer une situation similaire.
A l'instar d'A drifting life de Yoshihiro Tatsumi, la taille conséquente de l'histoire n'entrave en rien le plaisir que l'on a tourner les pages. Celle-ci se tourne d'elle-même soutenu par la parole et la mémoire d'Alan, seule fil conducteur d'une histoire parfois perdus entre plusieurs époques quand il évoque des retrouvailles après avoir décrit une première rencontre. Guibert est lui aussi au confluent de plusieurs influences. Son travail supporte parfaitement la comparaison avec le gigantesque Maus d'Art Spiegelman, autant dans l'émotion dégagé par les souvenirs que dans le mélange de minimalisme que son travail peut utiliser avec pourtant beaucoup d'efficacité. Si les visages sont parfois vague et les décors perdus dans la lumière ou l'obscurité c'est pour mieux renforcer l'impression d'une collection de souvenirs, tout comme les cases où des personnages sont dessinés à même des photographies.
La guerre d'Alan c'est celle qu'il a mené contre les vents contraires de sa propre vie. Les souvenirs éparses du carnet de voyage prennent progressivement tout leur sens et s'assemblent pour former un récit à la fois unique et famillié dans lequel il est facile de s'identifier et pour lequel on se passionne instantanément. Alan est notre grand-père a tous et Guibert son admirable biographe, le filtre de l'imaginaire pour l'histoire de toute une vie pour trouver sa propre identité, ses amis, ses compagnes et sa propre spiritualité. Les balles, les notes de piano, les aventures et les blagues de potes rythment ce beau et somptueux récit qui nous rappelle que la guerre ce n'est pas seulement une histoire de politique et d'idéologie mais d'homme et de femmes, de nationalités et d'opinions différentes, confondus sous leurs drapeaux respectifs. En accompagnant Alan Ingram Cope dans son parcours, on découvre l'Europe de l'époque. Ses cons, ses gens simples et admirables, ses héros oubliés et ses à_côté dramatique ou heureux. Un parfait compagnon au Maus de Spiegelman comme compte rendu de la vie de soldat de l'époque, mais aussi et surtout, de la vie d'un homme.
Saturday, September 25, 2010
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