Saturday, January 09, 2010
Garde à vue de Claude Miller (1981)
Après avoir craché sur le cinéma français pendants des années pour son manque d'originalité. Pour avoir répété des clichés de son glorieux passé. Voilà que je le prends d'assaut par le plat de résistance. Le coup de massue magistrale sans fausse note.
Claude Martino (Michel Serrault), notaire parisien, est convoqué au commissariat par les inspecteurs Belmont (Guy Marchant) et Gallien (Lino Ventura) pour être interrogé en sa qualité de témoin du meurtre d'une fillette qu'il a retrouvé sur un terrain vague. D'abord accueillis pour préciser quelque point de détails sur son témoignage, la rencontre se transforme en interrogatoire et d'interrogatoire en garde à vue. Belmont, Gallien et Martino jouent leurs cartes, échangent. Au fil de la discussion le couple Martino (dont la femme est joué par Romy Schneider) se dévoile dans toute sa complexité et son histoire dévoré par les mensonges, ou tout simplement les évidences que l'on n'ose pas avouer de peur que la bonne société n'en parle.
Magnifiquement filmé par Claude Miller dont la réalisation sobre donne tout l'espace nécessaire à des performances d'acteurs singulière, Garde à vue laisse à bout de souffle. Les pièces se mettent en place lentement tout au long d'une heure et demi de tension installé doucement et maintenu encore et encore par une intrigue à tiroir dont le dernier volet n'apparait que dans les dernières images de cette tragédie.
Adapté d'un roman de John Wainwright ("A table", découvert par Michel Audiart, dialoguiste de ce même film), Garde à vue aurait très bien pu l'être d'une pièce de théâtre. Le déroulement de l'intrigue se fait en vase clos. Les quelques scènes de flashback n'interviennent que pour éclairer l'intrigue mais la performance des acteurs suffit a posséder l'écran de toute leurs performances. On aurait pu craindre pour Romy Schneider dont le personnage n'intervient que tardivement après trois quart d'heure d'un échange formidable entre un trio d'acteur possédé par leurs rôles, mais la sensualité de sa voix et de son regard suffit à envouter tout comme Ventura semble l'être devant elle.
Il faut aussi dire quelque mots sur les dialogues de Michel Audiart mais quoi? Les siens suffisent amplement. Ceux qu'il met dans la bouche des personnages les rend tantôt amicaux, tantôt désagréable. Dans ce tango émotionnel on ne sait qui croire et qui défendre. Le coupable est il innocent ou cherche t'il à se protéger. Et l'inspecteur Gallien ? Est-il aussi détaché de son interrogatoire qu'il l'affirme ? Garde à vue est un jeu de faux semblant comme j'en ai rarement vu au cinéma. Un maître étalon avec lequel le film noir doit se mesuré ainsi que le cinéma français dans sa globalité. Alors, on m'excusera maintenant d'être encore plus dubitatif sur la qualité des sorties récentes quand le glorieux passé de ce pays l'était à ce point.
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