Décliné en pièce de théâtre et en émission radiophonique et peut-être, aussi, bientôt, en film, Signal to Noise fut d'abord une collaboration entre Dave McKean et Neil Gaiman commandé à McKean pour le magazine The Face dont la publication a pris fin, de son plein gré, à la fin des années 80. Jugeant que son rôle était accompli et que franchir le seuil des années 90 ne pourrait que ternir la réputation de porte parole des années 80, le contenu éditorial se préparait à tourner la page derrière une décennie satisfaisante. La commande se voulait liée alors à l'avenir et les deux auteurs étaient déterminés, comme ils l'expliquent dans l'introduction, a éviter tout les clichés possibles.
Avec Signal to noise, ce couple de créateur fait de son union un chef d'œuvre aussi poignant que Violent cases ou Cages sur la fin de la vie et comment l'appréhender. Un réalisateur de renom apprend qu'il ne reste que quelque mois à vivre. D'abord déterminé à s'isoler complètement et a abandonner le projet de film qu'il comptait réaliser, il retourne à l'écriture et commence à rédiger le scénario d'un film sur la fin du monde.
Superbement illustré par le graphisme de McKean, entre onirisme et photo réalisme, les mots choisit par Neil Gaiman dépeignent autant un absolu insaisissable dans lequel l'imagination du réalisateur se plonge en tentant de donner du sens à son existence sur le point de s'achever tandis qu'il donne naissance à une nouvelle œuvre. L'alternance entre la vie de l'auteur et les épisodes du scénario rappellent la double narration métaphorique du Watchmen de Moore et Gibons pour en atteindre la puissance de l'union du littéraire et du graphique qui font la richesse de ce médium.
En atteignant la dernière page, le conflit entre la vie et la mort n'est jamais résolu car s’il faut tenir une leçon de cet ouvrage c'est celui que la fin du monde est inéluctable pour chacun de nous sans que la vie ne cesse pour autant d'exister. La complémentarité de la vie et de la mort trouve dans Signal to noise une poésie douloureuse mais apaisé dont la lecture ne cesse de fasciner une fois achevé. On comprend alors aisément pourquoi tant d'adaptation ont succédé la publication de cette histoire dont le terme de "graphic novel", comme le souligne en introduction Jonathan Caroll, est bien trop limité pour les illustrations de McKean à mi-chemin entre la narration et le tableau. Alors, à quand Signal to noise : l'exposition?
Sunday, January 24, 2010
DMZ vol. 7 : War and powers de Brian Wood, Riccardo Burchielli, Kristian Donaldson & Nikki Cook (Vertigo) 2009
Quand j'ai écris mon article précèdent sur DMZ, la série ne faisait que commencer et j'y voyais des points communs avec Transmetropolitan, autre série publié par Vertigo où le protagoniste est un journaliste. Or, quand dans War Powers, le septième recueil de la série, Matt Roth se retrouve au coeur d'une intrigue politique complexe, la comparaison entre les deux histoires pourraient encore être pertinente. Toutefois, si comparaison il y a, ce n'est que pour souligner l'originalité de DMZ par rapport à sa présumé source d'inspiration.
L'amitié entre Warren Ellis et Brian Wood n'est pas a discuter. Les deux auteurs s'apprécient et vantent les mérites de leurs diverses séries respectives. En revanche, aucun ne copie l'autre car leurs deux histoires sont situés dans des contextes totalement différent.
Spider Jerusalem, clone futuriste de Hunter S. Thompson était la voix de la raison face à la violence, la stupidité et la corruption. Matt Roth en revanche n'est la voix de la raison de personne. Beaucoup moins expérimenté que son équivalent cyber punk, ce journaliste seul contre tous débouche à la fin de ce volume sur une conclusion totalement différente de celle d'un Spider Jerusalem. Jeune et perdu dans un univers sur lequel il pense avoir une emprise sans savoir laquelle, Roth est l'opposé du scénariste de son histoire puisque Wood tire ici tout les fils narratifs qu'il a disposés depuis six volumes pour ne former qu'une pelote encore plus complexe.
Divisé en deux histoires, ce volume commence avec l'histoire d'un campement militaire neutre mis au pied du mur par leur peur et leur naïveté. Illustré par Kristian Donaldson (Supermarket, Forsaken), son trait rectiligne se focalise sur les personnages et délaissent les décors de la base militaire pour souligner les nombreux personnages introduit l'espace de cette courte histoire. Une fois celle-ci terminé, les cinq suivants plongent de nouveau Roth dans la DMZ puisqu'il est obligé de contacter de nombreuses personnalités rencontrés lors des volumes précédents pour le compte du nouveau président élu démocratiquement.
A l'issu de ce volume, Roth s'engage alors dans une nouvelle direction pouvant changer considérablement le ton de la série. Un retournement dont seul un auteur comme Brian Wood est capable grâce à sa maitrise de ce qu'il a crée patiemment et qu'il avait surement prémédité depuis le début de la série. La fin de l'histoire de Matt Roth n'est donc pas encore proche mais qu'importe puisque la série évoluera avec sa vie et de celle de l'Amérique désuni.
JSA (Joint Security Area) de Park Chan-wook (2000)
Sortie il y a dix ans, Joint Security Area (J.S.A.) est le premier long métrage de Park Chan-wook (réalisateur de Old Boy, Sympathy for Mr. Vengeance ou Thirst) a lui avoir valu une reconnaissance critique et public conséquente au point d'être devenu, pendant une période, le plus gros succès au box-office de l'histoire du cinéma coréen. Son importance est tel que son intrigue centré sur le conflit politico militaire entre la Corée du Nord et la Corée du Sud se prolongea dans la réalité quand un exemplaire du film fut offert à Kim Jong-Ill, actuel président de la Corée du Nord.
Cette zone de sécurité où se déroule le film est une zone démilitarisé (une DMZ) où deux postes de gardes de chaque côté de la frontière s'observent et réagissent au rythme des alertes d'attaque présumés de l'ennemi. La mort de deux soldats de Corée du Sud impliquant un soldat de Corée du Nord et un autre de Corée du Nord va alors demander l'intervention d'une enquêtrice extérieur dépêché par la Commission d'Observation des Nations Neutres. De nationalité suisse mais d'origine coréenne, le Major Sophie E. Jean (Lee Yeong-ae) commence a interroger les soldats présents lors des faits et retrace les évènements.
L'intrigue se dévoile à la fois dans le passé et dans le présent car, comme le précise le supérieur de E. Jean, le tout n'est pas de découvrir qui, mais pourquoi? Les raisons vont alors être dévoilés progressivement ainsi que les circonstances tout au long d'une intrigue où se mêlent une amitié franche et naïve prend pas sur l'appartenance de deux groupes de soldats à l'une des deux parties de ce pays divisés par la politique et une haine fondée sur la peur inculquée à tous.
Park chan-wook n'a pas encore le budget pour les effets visuels de ses derniers films (bien que les scènes "en miroirs" sont déjà présentes à plusieurs occasions) et tient donc son intrigue grâce à la performance de chacun des acteurs principaux, dont deux grandes figures alors au début de leurs carrières, Lee Buyung-hun (A bittersweet life) et Song Kang-Ho (The Host, Memories of Murder) et la complexité d'un scénario à la hauteur des sentiments de chacun divisés par la loyauté, la peur et l'amitié. En ramenant un problème politique à une intrigue fondé sur ces relations complexes, Park chan-wook fait de JSA un film exemplaire pour comprendre l'intensité et la complexité du conflit entre les deux Corée.
A la fois réaliste et idéaliste, ce drame politique transformé en intrigue policière est le point de départ d'une carrière que l'on sait toujours aussi prometteuse après avoir délivré plusieurs grands classique au septième art (Old boy et Sympathy for Mr Vengeance). Incomplet par rapport aux œuvres suivantes du réalisateur, l'intrigue et les performances de tous en font toutefois un film essentiel dans l'histoire du cinéma coréen, autant artistiquement qu'historiquement parlant, dont la tension ne s'amenuise pas jusqu'aux dernières images.
Sunday, January 17, 2010
The Mission de Johnnie To (1999)
Célébré comme l'une des plus grandes réussites de Johnnie To, The Mission est un héritier à la fois du cinéma Hong Kongais et du cinéma japonais par le biais des productions du studio Nikkatsu. En effet, les figures de truand en costard dont la camaraderie n'a d'égale que leur propension à utiliser leurs armes sont aujourd'hui des figures de proue du cinéma de Hong Kong. Mais là où la complicité dans les films de John Woo s'établit souvent entre des frères ennemis amenés a consacrer leur lien dans le sang, The Mission réussit autant à maintenir ce lien dans les scènes les plus violentes et les plus innocentes.
Engagé pour protéger un parrain de la pègre vieillissant après qu'il ai survécu de justesse à une tentative d'assassinat, le quintet de garde du corps mené par Curtis (interprété par le traditionnel compagnon de tournage de To, Anthony Wong Chau-sang), Roy (Francis Ng), Shin (Jackie Lui Chung-yin), Mike (Roy Cheung) et James (Suet Lam sans sa désormais classique moustache) s'active alors à la tâche tout en développant un lien fraternel de respect mutuel pour les qualités et les défauts de chacun.
Orchestré à merveille quand il s'agit des scènes de combat, To démontre tout autant de maîtrise dans des scènes silencieuses et comiques comme celle du foot de bureau en attendant le retour de leur patron. Toutefois, la complicité peut aussi prendre des formes plus sanglantes comme lorsque Curtis invite à une rencontre un ennemi de Roy pour le débarrasser de ce problème qui l'empêche de faire son travail correctement.
Enfin, le dernier tiers du film montre les limites de cette complicités quand Frank (joué par Simon Yam, autre grand habitué), frère du parrain protégé par le quintet, demande à Curtis de tuer l'un des membres de son ancien équipe. La mission s'est achevé mais il reste encore un travail à accomplir auquel Curtis est contraint par fidélité et implicitement aussi par la force. Dernier acte de ce film sublime, entre polar et film d'action, il conclut une intrigue complexe construite autour d'un jeu constant entre des acteurs parfait dans leurs rôles. Moins aboutit visuellement que des films plus récents de Johnnie To et accompagné d'une bande son made in ejay, The Mission ne fait par contre que briller dans tout les autres registres pour en faire un classique du film de gangster.
Triangle de Tsui Hark, Ringo Lam et Johnnie To (2007)
Trois amis, trois histoires, trois réalisateurs. Raconté l'histoire de Triangle prendrait beaucoup trop de temps tant les histoires s'entremêlent. Autant dire simplement que l'on y parle d'une antiquité, d'une histoire d'amour et de trahison et d'un casse dont la préparation tourne mal.
Tsui Hark réalise la première demi-heure et installe tout les personnages. Presque comique, l'intrigue prend progressivement sens de tout les côtés de la ville où se déroulent les évènements. Le réalisme prend un sérieux coup quand la récupération de l'antiquité par le trio se fait sans trop de problèmes et qu'un élément du scénario pouvant donner lieu ensuite à une plus grande intrigue concernant le personnage du policier, amant de la compagne d'un des voleurs (vous voyez comme ça se complique en un rien de temps?) est abandonné par les deux réalisateurs suivant.
Les trois réalisateurs n'ont donc pas en tête de faire un polar réaliste mais de garder une certaine cohérence dans le déroulement de l'histoire, malgré leurs styles différents. Hark est beaucoup moins nerveux et complexe dans sa manière de filmer qu'à l'habitude ce qui rend sa partie beaucoup plus claire que celle de ses compères. Il n'en est aussi qu'au début de l'histoire, le chanceux.
L'arrivée de Ringo Lam dans la deuxième demi-heure précipite beaucoup de choses pour en arriver à une confrontation d'une partie des personnages dans un entrepôt abandonnée. Le personnage du mari prend alors une dimension beaucoup plus torturé qui ne sera toutefois pas exploré par la suite. De même, sa femme qui avait alors un rôle d'apprenti manipulatrice mythomane se déchaine et plus personne ne sait plus qui croire.
Arrive ensuite la troisième demi-heure, dirigé par Johnnie To, où le réalisateur retourne aux fondamentaux dans une course poursuite à travers un champ où les pistolets parlent alors plus que les personnages. De même, la psychose ambiante du segment de Ringo Lam est mis au second plan puisque tout le monde ne pense plus qu'à survivre ce qui laisse cette problématique totalement en suspend. Haletant et chaotique, ce segment l'est toutefois beaucoup moins que le reste, et tout en sacrifiant la possibilité d'un tel enchainement de concours de circonstances puissent arriver, il mise tout sur le rythme et permet aux nœud de se boucler.
Malgré cela, Triangle est un film distrayant et efficace. Le scénario souffre de quelque longueurs, surtout lors du deuxième segment, ainsi que d'excès dans les détours que prend l'histoire et les personnages sans entacher la réalisation des trois têtes pensants ni le jeu des trois acteurs principaux. Entre la course de relais et le cadavre exquis, Triangle offre tout ce qu'un polar de Hong Kong peut promettre pour un patchwork cinématographique de qualité inégale.
Sweet tooth de Jeff Lemire (Vertigo) 2009
Inspiré de "L'homme invisible" d'HG Wells, The Nobody marquait l'entrée de Jeff Lemire chez Vertigo. Fait rare chez l'éditeur, celui-ci illustre ses propres histoires d'un style "simple en apparence" (comme le fait remarquer Jeff Smith dans la citation qu'il apporte au dos du volume de "The Nobody") qui sied parfaitement à ses personnages mystérieux aux intentions tout aussi "simple en apparence".
Le personnage principal de Sweet tooth est un jeune enfant dont le caractère ne le distingue pas des autres enfants de son âge. Naïf et encore ignorant de bien des choses, il vit avec son père dans une cabane au fin fond d'une forêt. Dissimulé du reste du monde, l'enfant ignore donc que la présence ses petites cornes de cerf sur sa tête le distingue et le rende l'objet de convoitise. Bientôt forcé à partir de chez lui en compagnie d'un mystérieux homme dont les bonnes intentions ont tout l'air d'être mensongères, Sweet tooth (prénommé ainsi par ce même homme pour son gout pour les sucreries) doit quitter la forêt et découvrir ce qu'il reste du monde.
Ce type de récit post apocalyptique n'est pas étranger à l'éditeur américain dont diverses publications précédentes comme Y the Last Man ou Preacher fonctionnaient sur le même principe de découvertes progressives d'un univers au cours d'un voyage semi initiatique. Le héros de Sweet tooth n'est toutefois pas un adulte mais un enfant dont le regard est amené à évoluer au fil des rencontres et des découvertes. Son destin est aussi amené à être lié à celui de ce monde détruit. Est il un symbole d'espoir ou un nouvel être amené à se perdre dans la violence environnante?
Malheureusement coloré, surement pour des raisons de publication et d'accessibilité à un plus large public, Sweet tooth aurait gagné à conserver le même jeu tricolore (bleu, blanc et noir) que The Nobody. Hormis cela, Lemire maitrise tout autant sa narration en jouant sur les dialogues et les visuels comme les meilleurs scénaristes / dessinateurs savent le faire. Maitre de son art du mot jusqu'au trait, il tient le lecteur par la main dans ce nouvel environnement et le découvre en mêlant l'assurance de ce mystérieux homme et la peur et l'espoir de son jeune protagoniste.
Sweet tooth est tout ce que The Road de Cormac McCarthy aurait pu être, en terme d'histoire post apocalyptique, et ce n'est pas peu dire pour un auteur aussi fantastique que Cormac McCarthy.
Vengeance de Johnnie To (2009)
Le miracle de l'industrie du cinéma est de concentrer toute l'attention du marketing sur son élément le moins réussit tout en réussissant a vendre le dit film. Johnny Hallyday sur la couverture. Son nom au-dessus du titre. Deux fois en photos au dos de la jacket. Trois citations de journalistes se joignent au cœur pour et passe une bonne dose de cirage sur la "performance de "l'acteur".
Contrairement à To, il n'est pourtant que l'ombre de lui-même. Parfait dans son interpretation physique d'un homme brisé et fatigué, toutes ses répliques sont plates. Vides. N'ayant pas regardé la version française je ne peux pas affirmer si il se rattrape en se doublant mais dans la version originale toutes ses répliques en anglais sont récités comme si il ne les comprenait pas. Il en vient même à déclarer lors d'un dialogue "They killed my family" sur le même ton qu'il aurait pu dire "I'm going to buy a new pack of cigarettes".
Pourtant, Johnny To ne s'est pas trompé en le choisissant pour interpréter ce rôle d'un homme en quête de vengeance. Brisé par la vie, le meurtre de la famille de sa fille l'amène jusqu'à Macau où il trouve un trio de tueur pour l'épauler. Habitué aux films de To, Suet Lam (toujours dans son rôle de rondouillard maladroit mais sympathique), Ka Tung Lam et Anthony Wong Chau-Sang (jouant respectivement le truand infiltré et le commissaire dans Infernal Affairs 1) n'ont pas mal à retrouver leurs marques dans un registre qu'ils maitrisent parfaitement. L'interprétation de ce trio permet au film de trouver son véritable souffle en soutenant Hallyday, autant dans leurs rôles que dans leur jeu.
La photographie est à un niveau rarement vu dans un film de Johnny To. Le jeu d'ombre et lumière superbe atteint son paroxysme dans la scène de combat du parc et la scène finale opposant Hallyday, malheureusement (pour lui) parfait dans un rôle d'homme à bout de souffle et de vie, et Simon Yam (parfait dans son rôle de truand stéréotypé mais efficace).
Efficace car rodé dans l'art du film noir et du duel de flingues, Johnny To offre à Hallyday un rôle parfait au milieu d'une petite troupe d'acteur tous aussi efficace que leur réalisateur attitré. Ce n'est cependant pas la personnalité de l'acteur ni du chanteur qui vient soulever ce film mais bien le scénario et la maitrise de ses rouages que To emploie pour faire de ce film une histoire efficace et originale. Décrit au dos du DVD comme un "film d'action", Vengeance est d'avantage un polar hong-kongais marchant avec assurance sur la frontière entre le film noir et une humanité douce et réconfortante.
Sunday, January 10, 2010
Batwoman - Detective comics #860 (DC Comics)
Présenté il y a deux ans à la presse, le projet Batwoman a finalement éclot l'année dernière avec une équipe créative tel que l'on n'aurait pas pu fantasmer une meilleure. Greg Rucka, créateur de Queen and Country et de Whitehout, deux histoires d'espionnages menés par des personnages féminins au caractère fort, parfait pour mener la destiné d'une lesbienne que l'on désirait loin du 95D et du bikini en latex, au scénario et JH Williams (Promethea, Desolation Jones) au dessin. Au dessin mais aussi au design des pages qu'il est justifié de qualifier d'architecture tant la complexité des doubles pages évoque alcôves des cathédrales.
Cette même complexité qui aurai pu troubler la lecture et la compréhension est adoucis par l'utilisation d'un style plus clair néanmoins riche en angle de vue oblique. Elle est bien loin la ligne claire mais elle est tout de même assimilé De même, le coloriste Dave Stewart comble l'influence Art Nouveau du graphisme pour appuyer encore un peu plus la distinction entre ce personnage et le reste de l'univers de Batman.
Les clichés ne sont donc pas simplement évités mais contournés de plusieurs kilomètre en empruntant des routes de campagnes au décors nouveau et rafraichissant. La construction du mythe se fait pourtant en suivant les traces de celle qui entoure le mythe de l'homme chauve souris. Meurtre, besoin de justice et besoin de la rendre à sa manière. Les leçons ont toutefois bien été apprises et sans parler de réalisme puisque l'on traite tout de même de loups garous, de vengeurs masqué(e)s et de criminels psychopathes possédés par Alice au pays des Merveilles, Rucka et Williams III construisent surtout une histoire qui tiens debout. Elle court même depuis le premier numéro et ne s'essouffle pas en gonflant ses poumons à chaque nouveau numéro.
Les mystères s'éclaircissent et en créent de nouveau. L'intrigue rappelle celle de séries dont les intrigues à tiroir se découvrent au fur et à mesure que chacun s'ouvre pour découvrir de nouveaux éléments de l'intrigue. Judicieux choix que d'avoir incorporer directement cette histoire dans une série possédant son lectorat au lieu de risquer le bide avec un numéro 1 uniquement soutenus par le buzz et la hype de l'évènement.
Même l'histoire supplémentaire incorporé en fin de numéro s'améliore. Les premières histoires, pourtant scénarisés par Rucka, manquaient de toute la classe du personnage titre. DC Comics aurait-il voulu regrouper toutes ses lesbiennes dans un même comics ? Les deux personnages venant de se rencontrer et d'établir une relation dans la série titre, l'incorporation de cette nouvelle incarnation de The Question (bien que je préfère encore largement sa version masculine scénarisé par Denis O'Neil) se justifie et s'améliore progressivement. Toute l'attention est cependant porté, et à juste titre, sur cette femme chauve souris devenu bien plus qu'un gimmick. La course continue, le scénario prend de l'élan et s'impose comme un outsider totalement inattendu.
Saturday, January 09, 2010
Daytripper #01 de Gabriel Ba et Fabio Moon (Vertigo) 2009
Dessinateurs de différentes histoires scénarisés par Gerard Way (The Umbrella Academy), Matt Fraction (Casanova) et Sugar Shock (Joss Whedon), les jumeaux Gabriel Ba et Fabio Moon proposent aujourd'hui leur première série après un recueil d'histoires courtes intitulés De-tales. Accompagné de tels talents, les jumeaux ont pu continuer leur apprentissage de la narration pour construire aujourd'hui ce premier chapitre surprenant.
Daytripper raconte pour le moment l'histoire de Bras de Oliva Domingo, journaliste chargé de rédiger les nécrologies d'un journal et romancier à ses heures perdues. Pour le moment car la conclusion de ce premier numéro est pour le moins surprenante quand toutes les pages d'une histoire sont consacrés à introduire son décès.
Oui, voilà, c'est dit. Désolé de vous gâcher la surprise mais le héros de cette histoire meurt à la fin de sa première histoire. Si celle ci ne devait rester qu'une épitaphe à un personnage de papier il y aurait tout de même là de quoi en vanter les mérites. Cependant, le chiffre 1 situé en haut à gauche de la couverture, en dessous du logo Vertigo, signifie bien que nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
La vie de notre héros l'est pourtant. Entre les amis, sa petite amie, son chien, sa famille et ses regrets, les vingt quatre pages de cette histoire n'ont rien d'exceptionnel. Tout se trouve dans la narration. Celle qui doit autant à Joss Whedon, pour les dialogues, que pour la densité d'information par case de Matt Fraction. Bien que celles ci ne soient pas particulièrement chargés en détails technique (comme dans The Invincible Iron Man de ce même auteur), Daytripper illustre un portrait psychologique dense et superbement construit. Tout est parfaitement maitrisé, des regards jusqu'aux respirations dans les conversations. Les jumeaux, Gabriel au dessin et les deux au scénario, aiment la bande dessinée et en connaissent tout les rouages. C'est là l'évidence même et Daytripper le prouve sans peine par un récit et une ligne clair sous une couverture superbe.
Garde à vue de Claude Miller (1981)
Après avoir craché sur le cinéma français pendants des années pour son manque d'originalité. Pour avoir répété des clichés de son glorieux passé. Voilà que je le prends d'assaut par le plat de résistance. Le coup de massue magistrale sans fausse note.
Claude Martino (Michel Serrault), notaire parisien, est convoqué au commissariat par les inspecteurs Belmont (Guy Marchant) et Gallien (Lino Ventura) pour être interrogé en sa qualité de témoin du meurtre d'une fillette qu'il a retrouvé sur un terrain vague. D'abord accueillis pour préciser quelque point de détails sur son témoignage, la rencontre se transforme en interrogatoire et d'interrogatoire en garde à vue. Belmont, Gallien et Martino jouent leurs cartes, échangent. Au fil de la discussion le couple Martino (dont la femme est joué par Romy Schneider) se dévoile dans toute sa complexité et son histoire dévoré par les mensonges, ou tout simplement les évidences que l'on n'ose pas avouer de peur que la bonne société n'en parle.
Magnifiquement filmé par Claude Miller dont la réalisation sobre donne tout l'espace nécessaire à des performances d'acteurs singulière, Garde à vue laisse à bout de souffle. Les pièces se mettent en place lentement tout au long d'une heure et demi de tension installé doucement et maintenu encore et encore par une intrigue à tiroir dont le dernier volet n'apparait que dans les dernières images de cette tragédie.
Adapté d'un roman de John Wainwright ("A table", découvert par Michel Audiart, dialoguiste de ce même film), Garde à vue aurait très bien pu l'être d'une pièce de théâtre. Le déroulement de l'intrigue se fait en vase clos. Les quelques scènes de flashback n'interviennent que pour éclairer l'intrigue mais la performance des acteurs suffit a posséder l'écran de toute leurs performances. On aurait pu craindre pour Romy Schneider dont le personnage n'intervient que tardivement après trois quart d'heure d'un échange formidable entre un trio d'acteur possédé par leurs rôles, mais la sensualité de sa voix et de son regard suffit à envouter tout comme Ventura semble l'être devant elle.
Il faut aussi dire quelque mots sur les dialogues de Michel Audiart mais quoi? Les siens suffisent amplement. Ceux qu'il met dans la bouche des personnages les rend tantôt amicaux, tantôt désagréable. Dans ce tango émotionnel on ne sait qui croire et qui défendre. Le coupable est il innocent ou cherche t'il à se protéger. Et l'inspecteur Gallien ? Est-il aussi détaché de son interrogatoire qu'il l'affirme ? Garde à vue est un jeu de faux semblant comme j'en ai rarement vu au cinéma. Un maître étalon avec lequel le film noir doit se mesuré ainsi que le cinéma français dans sa globalité. Alors, on m'excusera maintenant d'être encore plus dubitatif sur la qualité des sorties récentes quand le glorieux passé de ce pays l'était à ce point.
Subscribe to:
Posts (Atom)