Tuesday, June 30, 2009
McMafia - Seriously organised crime de Misha Glenny (Vintage books)
La couverture de ce livre a du dérouter pas mal de mes voisins de transport en commun qui ont du se demander si je lisais un roman parodique sur la mafia. La question que je me pose encore à son sujet, par rapport à la très sobre couverture de l'édition cartonnée, les raisons d'une telle accumulation de clichés sur une même page pour un livre dont le but final est de briser tout les clichés que l'on peut avoir sur la mafia et le crime organisé d'une manière générale. Misha Glenny, journaliste pour la BBC, introduit son volume avec l'anecdote du meurtre de la soeur d'une reporter, injustement tué par un meurtrier qui s'est, un soir, trompé de cible.
Le fait que ce livre débute avec une histoire qui pourrait très bien arriver a son auteur pour avoir traiter d'une manière extensive le sujet de la mafia mondiale suffit a introduire un degré de sérieux qui ne retombera a aucun moment. La débauche de détails est un testament à l'analyse méthodique de l'auteur qui traite de manière synthétique, la mafia Bulgare, l'ex URSS (où l'on apprend qu'un assassinant ne sera jamais aussi bien mené a bien, pour un prix raisonnable, que par un serbe), les émirats arabes, l'Inde (où Bollywood ne fait pas qu'embrasser la mafia locale), le Niger (où l'extorsion de fond de victimes occidentales est tellement répandus qu'elle a son hymne), les traffics de marijuana au Canada (dont la politique tolérante cause de nombreux problèmes avec les Etats-Unis) et les effets réels de la lutte anti drogue (négligeables) puis le Japon (les yakuzas, leurs liens avec la droite nationaliste et leur place dans l'économie locale) et enfin, la Chine (la tolérance du gouvernement envers la contrefaçon).
Les nombreuses anecdotes sur chaque pays permettent d'en apprendre bien plus sur les cultures de chaque pays qu'un guide touristique tout en découvrant l'ampleur d'un mécanisme économique mondiale grandissant auquel chacun contribue d'une manière ou d'une autre tout en ignorant qu'il le fait. Misha Glenny pointe du doigt de nombreux phénomènes mais il s'appuie aussi sur de nombreuses études. Son travail est donc celui d'un journaliste d'investigation mais, à la manière d'un Noam Chomsky dans "Manufacturing consent", son travail de recherche est tout aussi impressionnant comme le prouve l'excellente bibliographie, chapitre par chapitre, où il pointe du doigts des volumes spécifiques en anglais, allemand et espagnol qui lui ont servis et qui peuvent permettre d'approfondir un sujet en particulier. Un ouvrage qui n'a donc rien en commun avec sa couverture quelque peu déroutante.
Le titre pourtant pourrait laisser entendre un contenu plus léger. Il n'en malheureusement rien. "McMafia" est en fait une expression employé par un interlocuteur de l'auteur pour qualifier les méthodes qu'utilisent aujourd'hui la mafia tchétchène pour étendre leur emprise. La sinistre réputation qu'elle détient leur permet maintenant d'inspirer la crainte rien qu'en les évoquant. Ils vendent donc aujourd'hui le droit d'utiliser leur nom pour faire plier des victimes en inspirant la crainte. Le contrat n'est cependant pas dénué de danger puisque toute menace non porté a exécution dans le cas où les victimes décident de ne pas payer sont réprimandés par l'intervention de la véritable mafia tchétchène contre les associés n'ayant pas respecté leur part du contrat. Ce n'est malheureusement qu'un des symptômes de la mondialisation et de l'emploi de pratiques d'entreprises par le crime organisé, de mieux en mieux organisé.
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