Tuesday, June 30, 2009

McMafia - Seriously organised crime de Misha Glenny (Vintage books)


La couverture de ce livre a du dérouter pas mal de mes voisins de transport en commun qui ont du se demander si je lisais un roman parodique sur la mafia. La question que je me pose encore à son sujet, par rapport à la très sobre couverture de l'édition cartonnée, les raisons d'une telle accumulation de clichés sur une même page pour un livre dont le but final est de briser tout les clichés que l'on peut avoir sur la mafia et le crime organisé d'une manière générale. Misha Glenny, journaliste pour la BBC, introduit son volume avec l'anecdote du meurtre de la soeur d'une reporter, injustement tué par un meurtrier qui s'est, un soir, trompé de cible.

Le fait que ce livre débute avec une histoire qui pourrait très bien arriver a son auteur pour avoir traiter d'une manière extensive le sujet de la mafia mondiale suffit a introduire un degré de sérieux qui ne retombera a aucun moment. La débauche de détails est un testament à l'analyse méthodique de l'auteur qui traite de manière synthétique, la mafia Bulgare, l'ex URSS (où l'on apprend qu'un assassinant ne sera jamais aussi bien mené a bien, pour un prix raisonnable, que par un serbe), les émirats arabes, l'Inde (où Bollywood ne fait pas qu'embrasser la mafia locale), le Niger (où l'extorsion de fond de victimes occidentales est tellement répandus qu'elle a son hymne), les traffics de marijuana au Canada (dont la politique tolérante cause de nombreux problèmes avec les Etats-Unis) et les effets réels de la lutte anti drogue (négligeables) puis le Japon (les yakuzas, leurs liens avec la droite nationaliste et leur place dans l'économie locale) et enfin, la Chine (la tolérance du gouvernement envers la contrefaçon).

Les nombreuses anecdotes sur chaque pays permettent d'en apprendre bien plus sur les cultures de chaque pays qu'un guide touristique tout en découvrant l'ampleur d'un mécanisme économique mondiale grandissant auquel chacun contribue d'une manière ou d'une autre tout en ignorant qu'il le fait. Misha Glenny pointe du doigt de nombreux phénomènes mais il s'appuie aussi sur de nombreuses études. Son travail est donc celui d'un journaliste d'investigation mais, à la manière d'un Noam Chomsky dans "Manufacturing consent", son travail de recherche est tout aussi impressionnant comme le prouve l'excellente bibliographie, chapitre par chapitre, où il pointe du doigts des volumes spécifiques en anglais, allemand et espagnol qui lui ont servis et qui peuvent permettre d'approfondir un sujet en particulier. Un ouvrage qui n'a donc rien en commun avec sa couverture quelque peu déroutante.

Le titre pourtant pourrait laisser entendre un contenu plus léger. Il n'en malheureusement rien. "McMafia" est en fait une expression employé par un interlocuteur de l'auteur pour qualifier les méthodes qu'utilisent aujourd'hui la mafia tchétchène pour étendre leur emprise. La sinistre réputation qu'elle détient leur permet maintenant d'inspirer la crainte rien qu'en les évoquant. Ils vendent donc aujourd'hui le droit d'utiliser leur nom pour faire plier des victimes en inspirant la crainte. Le contrat n'est cependant pas dénué de danger puisque toute menace non porté a exécution dans le cas où les victimes décident de ne pas payer sont réprimandés par l'intervention de la véritable mafia tchétchène contre les associés n'ayant pas respecté leur part du contrat. Ce n'est malheureusement qu'un des symptômes de la mondialisation et de l'emploi de pratiques d'entreprises par le crime organisé, de mieux en mieux organisé.

Sunday, June 28, 2009

The Conscience of a liberal - Reclaiming America from the right de Paul Krugman (Penguin)


La récente déclaration de Barrack Obama concernant une réforme du système de santé américain arrive a point nommé après "Conscience of a liberal" qui est avant-tout un manifeste démocrate en faveur de cette même réforme. Paul Krugman, économiste engagé, récompensé par le prix nobel de sa profession en 2008 pour son travail sur les échanges internationaux et autour d'articles pour le New York Times, n'a jamais fait un secret de sa position politique. Le sous titre du livre le précise bien : se ré approprier l'Amérique des mains de la Droite. Krugman terrasse cependant le spectre du "manifeste indigeste" en offrant au lecteur une analyse intelligente et complète de l'évolution des Etats Unis sous l'angle de la domination des idées conservatrices contre celle des démocrates.

La vie politique des Etats Unis y est disséqué et l'on prend alors beaucoup mieux conscience de la nature du débat qui nous a toujours échappé à nous, européens, éloigné et dominé par les figures médiatiques des nombreux leaders et de leurs frasques qui les ont tous fait passer pour des icônes aux opinions indistinctes. En parlant de la Droite américaine, Krugman parle aussi de ce que cela signifie d'être démocrate aux Etats Unis. Une analyse que j'aimerais beaucoup lire en ce qui concerne notre pays pour mieux comprendre son histoire politique qui m'est ici apparu plus clairement. Les lobby, les conflits idéologiques et les différents problèmes qui ont empêchés les Etats Unis de se doter d'un système de santé digne de celui des pays européens. Les plus amoureux de la belle France seront d'ailleurs heureux de lire ce que Paul Krugman a de beau à dire sur notre système de santé considéré comme un des meilleur au monde. En 273 pages, l'analyse claire de Krugman rend intelligible des dizaines d'années de politiques américaines. De même, son engagement, bien qu'il ne soit jamais déguisé, éclaire d'autant mieux les raisons de l'engouement que Barrack Obama a provoqué aux Etats Unis lors de son élection. Un livre actuel et nécessaire pour qui s'intéresse à la politique américaine.

Kaïro de Kurosawa Kiyoshi (édition Picquier)


Après avoir vu Ring et en avoir demandé plus, je trouvais Kaïro et accueillit alors Kiyoshi Kurosawa dans ma vie. Cinéaste à la large palette d'univers, Kurosawa s'introduit dans le spectateur et lui fait découvrir de large plans instables pour s'insérer au plus profond de ses émotions durant toute la durée du film. Kaïro, récit de la fin du monde dans un Japon dépassé par une menace fantomatique plongeant ses victimes dans une spirale les menant à une mort inéluctable et dénué d'émotions. Dans la version romancé de sa vision du film de fantôme il approfondit la vie et la psychologie de ses personnages ainsi que l'intrigue qui est seulement abordée dans le film. En effet, Kaïro est un film qui repose sur son atmosphère grisâtre et nuageuse s'échappant de tout les pores de l'écran à la manière de la petite fille qui franchit la télévision de ses victimes dans Ring.

Le rythme du roman n'est donc pas aussi lancinant mais conserve cet aspect laconique dans les réactions de ces personnages dont la panique semble toujours être contenu par la force de la pression sociale japonaise. La fantaisie ironique dont parle la quatrième de couverture n'est pas terriblement évidente bien que les personnages soient effectivement assez pathétique dans leurs efforts pour s'échapper de l'embrase de la menace qui dévore leur environnement. Tout comme dans le film, le destin rattrape tout ceux qui tentent de lui échapper mais ce n'est pas la peur qui dévore le spectateur mais la dépression et le désespoir de ne rien pouvoir faire contre tout cela. L'auteur étant d'abord cinéaste avant d'être romancier, la version cinématographique est pour moi la plus efficace des deux versions mais les deux se complètent suffisamment pour que les fans de l'un ou de l'autre puisse se tourner sans trop de risque d'être déçu vers l'autre versant de l'œuvre qu'il leur resterait à découvrir.

La vie en gris et rose de Kitano Takeshi (édition Picquier)


Dans un style décharné de tout effet de style, Takeshi Kitano parle par épisode de son enfance misérable. Comment vivre dans une famille qui n'a pas un sou quand on est à l'école et que tout le monde peut se payer de petits plaisirs et que l'on passe pour le débile de service en ayant pas de quoi s'habiller correctement? De petites galères en petites victoires, sa vie passe de jour en jour avec ses parents. Son père surtout. Alcoolique et maladroit, impuissant devant tout, il se saoule constamment et tâche de gagner suffisamment. Kitano ne sombre pas pourtant dans le misérabilisme. Son enfance est d'abord celle de petites tranches aigre douce. Les petits dessins gribouillés entre les pages complètent le récit que l'on peut lire comme le regard amusé et nostalgique d'un homme sur sa jeunesse difficile dont il ne regrette rien pour autant. C'est seulement au fil des pages que l'on prend en compte le véritable sens de cette collection. Nostalgique de son enfance, Kitano regarde aussi vers le futur et parle de ce qu'il veut être en tant qu'homme et en tant qu'artiste. Il nous parle aussi de son père et de la relation étrange qu'il a entretenu avec ce bonhomme difficile à vivre qui ne savait pas comment encourager ses enfants, dire ce qu'il pensait ou les aimer. A sa manière Kitano témoigne ainsi de tout ce que son père et sa mère lui ont apportés durant son enfance en étant des parents pauvres et sans éducation particulier qui ont toujours tâché de procurer de quoi vivre à leurs enfants.

Mémoires d'un lutteur de sumô de Kirishima Kazuhiro (édition Picquier)


Savez vous qui est Kirishima Kazuhiro? Connaissez vous tout les grades que compte l'échelle de force du Sumo? Si vous avez les réponses à cette question ou si vous les cherchez, ce livre est fait pour vous. Doté d'un lexique et de nombreuses annotations, Mémoires d'un lutteur de sumô est une immersion complète dans les turpitudes d'un sumotori humble et sympathique dont la vie est consacré à son sport. Il parle de sa passion, de sa famille, des sacrifices et de ceux qui le soutiennent, sa compagne, son village, sa famille, ses fans. Les quelques passages où Kirishima en parle sont révélateurs sur la place de ce sport méconnus dans nos contrées qui a une ampleur comparable au football par chez nous. Ce que j'ai pu comprendre par ce livre c'est aussi les efforts dont il faut faire preuve pour pratiquer ce sport et sa complexité qui ne peut pas être évidente pour un occidental qui ne découvre que des bribes de combats où deux épais japonais se poussent pour en faire sortir un d'un cercle. Du curling avec des gens obèses ? Bien plus que ça ! Beaucoup beaucoup plus ! Il n'y a donc pas de véritables "reproches" a faire à ce livre tant que l'on sait à quoi s'attendre. Mémoires d'un lutteur de sumo est bel et bien l'autobiographie d'un lutteur de sumo. Le style n'a rien d'extravagant et l'histoire n'est pas non plus riche et incroyable. Il s'agit juste de la vie d'un homme nous faisant partager sa passion, ses craintes, ses inquiétudes. La vie d'un sportif de leur coté de la planète dont les doutes et les interrogations sont les même que les nôtres.

Tokyo Express de Matsumoto (édition Picquier)


Un double suicide qui se transforme en double meurtre présumé. Un suspect tout désigné par des enquêteurs ingénieux mais un plan qui l'est encore plus. L'intrigue tiens de celle du roman policier classique. Le meurtrier perd les enquêteurs grâce un place complexe qui ne peut être conçu que par un romancier expert. Matsumoto est devenu un écrivain de roman policier culte au Japon grâce à cette intrigue. On en convient sans peine. Par contre, on ne s'adresse ici qu'aux fanas du polar à la Conan Doyle. Tout le charme de l'histoire est dans l'enquête minutieuse et les déductions de policiers passionnés, convaincu du bien fondé de leur enquête. Pas de procédure, pas de plongée dans les méandres de la folie d'un meurtrier psychopathe. Le meurtre est presque trop propre pour être crédible. Le plan diabolique s'est joué sur un échiquier complexe et il faut maintenant remonter en arrière pour comprendre les motivations et chaque mouvement de pièces. Certes, tout cela est très bien fait et amusant mais quand on veut un peu de folie et d'obscurité on est déçu. Je ne l'étais pas a l'issu de ce roman mais je savais un peu à quoi m'attendre. Du bon polar comme on en fait plus. Le monde a changé et notre regard sur les criminels aussi. Ca fait tout de même un peu de bien de lire une intrigue où la motivation criminel est plus clair que son plan pour arriver à ses fins.

Saturday, June 27, 2009

Mirage de Edogawa Rampo (Picquier)


Avec un style simple et des descriptions fine et précises, Edogawa Rampo instaure lentement mais surement une atmosphère troublante dans ses nouvelles. Edgar Alan Poe japonais, il partage avec l'auteur anglais le gout pour le fantastique et le suspens mais y ajoute la perversité nationale dont fait preuve ce pays en terme de perversité. L'histoire qui introduit ce court volume n'est pourtant rien en comparaison de l'histoire suivante où un homme s'enferme lui même dans sa propre psychose. Il se glisse dans le cachot de sa propre peur et jette la clé lui même sous les yeux du lecteur qui le voit perdre toute humanité sous le coup d'une obsession mélangeant l'amour de la chaire et une psychose terrifiante emprunt de bêtises et de naïveté. Chaque sentiment rivalise l'un contre l'autre et embrouille le lecteur dans une nuée vaporeuse et étrange, dérangeante et fascinante. Decrire l'ignoble est une chose mais l'imaginer est une autre. Edogawa Rampo crée de terrifiantes histoires où se mêlent le corps et l'esprit dans une danse a en perdre la raison. Quelque 130 pages que l'on tourne lentement de peur de comprendre ce vers quoi l'histoire s'achemine et que l'on referme en soupirant. Pas de violence démesuré, pas de perversion grotesque, juste la folie sous sa forme la plus pure.

Les autres achats du jour

Side B - the music lover's comic anthology Une anthologie d'histoires courtes autour du thème de la musique. Edité par Poseur Ink pour 22$, la somme dépensé est justifié par les noms de Jim Mahfood, Ryan Kelly (Local, Northlanders, The New York Four) et l'envie de soutenir un petit éditeur. C'est peu pour une telle somme mais les deux cents pages de ce recueil débordent de styles différents et de pages noirs et blancs tellement différentes de la horde de publication américaine classique que la dépense se justifie très vite quand on a envie de soutenir une initiative un peu différente. Seule la lecture me dira si j'ai eu raison.

The Stuff of Life - A graphic guide to genetics and DNA par Mark Schultz (scénario) et Zander et Kevin Cannon (Ill and Wang)
Depuis Understanding Comics de Scott McCloud (le Marshall McLuhan de la bande dessinée), les comics / livres n'ont pas pullulés mais depuis quelques années certains titres perpétuent le concept comme Action Philosophers (l'histoire de la philosophie en comics) et Comic Book Comics (l'histoire du comic book en comics, quoi de plus naturel ?) et le présent volume illustré par Zender Cannon (Smax avec Alan Moore, rien que ça) où l'on nous compte sous la forme de comics les secrets de la génétique. Typiquement le genre d'initiative auquel je ne peux résister.

Awesome 2 - Awesomer (Top Shelf)
un autre recueil publié par l'élite de l'indépendant intelo américain, Top Shelf. L'achat est ici justifié par les noms suivants : Jeff Smith (Bone, Rasl, rien de moins qu'un des auteurs les plus talentueux de ces dix derniers années) Jeff Lemire (la trilogie Essex Country et une nouvelle série chez Vertigo, Sweet tooth), Brian Maruca (Street Angel, 'nuff said), Jim Rugg (Street Angel, the Plain Janes, Janes in love) et encore d'autres noms qui me sont vaguement familiés. Le prix de 14,95$ sera utilisé pour soutenir différentes causes.

My inner bimbo de Sam Keith (scénario et dessin), Josh Hagler (dessin) et Leigh Dragoon (dessin) (Oni Press)
Le seul nom de Sam Keith (The Maxx, Four Women ...) suffit a justifier l'achat d'un comics. Un nombre incalculable d'auteurs ont tentés d'avoir une approche "psychologique" pour densifier leur personnages de papiers mais peut y arrivent aussi bien que Keith dont la formation de psychologue et l'incalculable talent en font un des auteurs les plus honteusement ignorés de la décennie. Seul un groupe de fans fidèles semblent être responsable de sa survie et de sa publication chez DC autant que chez Image, Marvel ou Oni Press. Il n'y a pourtant besoin que de feuilleter ce volume pour voir que rien que les illustrations et le découpages justifie amplement l'achat. 19,95$ de bien investis.

Hitman - A rage in Arkham (DC Comics) 2009


Tout les personnages mémorables crées par Garth Ennis (Preacher, the Boys ...) sont des bad ass. Tommy Monoghan, assassin de profession, tue et jure toutes les deux cases et n'exprime aucun remord. Publié chez DC Comics et non sous l'emblème Vertigo pourtant réservé aux séries adultes, Hitman est une anomalie, même dans le paysage de Gotham City où Tommy exerce sa profession de tueur à gage.

Batman n'aime pas son attitude, ni ses manières mais Monoghan s'en bas les couilles et se moque de lui constamment. Un comble dans les rues de Gotham où l'ombre seul de la chauve souris suffit a faire déguerpir les criminels. Peut être est ce parce que Tommy Monoghan, aka Hitman, peut lire les pensées et a des rayons X dans les yeux ou tout simplement car il est née avec le majeur perpétuellement levé.

John McCrea durcit même le personnage grâce a un trait anguleux et une tendance maladive a dessiner tout les personnages avec une carrure de joueur de football américain. L'impertinence et la violence ne font cependant pas le charme de la série. La visite d'un univers parallèle à celui des héros et peuplé de criminels normaux confrontés à des fous dangereux est ce qui rend Hitman si riche et dépaysant dans tout le catalogue DC Comics.

Bien avant le label Marvel Knight, Ennis et McCrea prenne possession de la ville de Gotham City et vont plus loin que l'univers de Bruce Wayne / Batman pour faire connaissance avec la pègre et les pires têtes brulés que la terre ait portés. Violent et explosifs, Hitman continue d'être toujours aussi frais plus de dix ans après sa publication. DC a interêt a réédité toute la série et ne pas s'interrompre en cours de route comme il l'avait fait auparavant. Hitman mérite largement d'être lut et relut encore aujourd'hui.

Les débuts de Tommy Monoghan dans l'univers DC sont aussi les premiers pas de Ennis et de McCrea chez l'éditeur où il balance des coups de pieds dans tout les sens pour asseoir leur identité. Les personnages servent leur univers et pas l'inverse. Etrigan se fout de la gueule d'un gros type. Batman est ridiculisé par Hitman. Tommy Monoghan tire, tire et tire encore sans jamais louper sa cible. Les débuts d'un anti héros bien plus crédibles que le Punisher est d'un univers des plus hauts en couleurs, même en comparaison avec le reste des séries écrites par Garth Ennis durant sa carrière.

Monday, June 22, 2009

Anthony Bourdain - Kitchen confidential (Adventures in the culinary underbelly) (Bloomsbury PBK)


La vie d'Anthony Bourdain, avant d'être celle d'un chef renommé pour ses émissions culinaire, fut constitué d'aventures variés fait de gloire éphémère ou de déconvenue magistrale. Le cuisinier écrit donc son autobiographie sans laisser de coté un seul aspect de sa vie à travers les cuisines du monde entier. De ses débuts jusqu'à son ascension, il nous fait découvrir la vie dans les cuisines et au sein d'un groupe de cuisinier. La drogue, les insultes, le sexe et la bouffe. La bouffe, la bouffe, la bouffe. Anthony Bourdain aime la bouffe et la vie comme une religion. Elle gouverne tout et sa femme même semble s'en accommoder quand il raconte que dès le réveil il se met a penser a son restaurant en ignorant parfois ce qu'elle peut lui dire. Cependant, Bourdain ne se cache pas derrière sa réputation pour apprendre a ses lecteurs la vie derrière les fourneaux. Quand il dévoile sa vie, il ne cache pas qu'il parle de son expérience. Ainsi, après nous avoir conté des centaines d'anecdotes de folies et d'excès, celui ci finit son livre en parlant d'un cuisinier qu'il considère comme beaucoup plus talentueux que lui et dont la vie fut en tout point différente a la sienne. Une manière de dire : la vie dans une cuisine peut être ainsi ou totalement différente, ne vous fiez pas qu'a moi et faites vous votre propre idée ! Son style n'est pas pompeux, il ne se perd dans des descriptions que pour nous enivrer. Ses chapitres sont pour la plupart des articles de journaux concis et efficaces où l'auteur concentre donc une bonne somme d'information sans s'épandre trop sur le superflu. Le fil d'Ariane de ce recueil est donc sa vie et sa passion pour la cuisine. L'amour de la bouffe, l'amour des saveurs et des sensations. Vous ne cuisinerez plus de la même manière !

Sunday, June 21, 2009

Marshall McLuhan - Understanding media (Routledge Classics)


La nuance entre avoir lu et avoir compris ne s'est jamais fait autant sentir qu'à l'issu de ce volume. Marshall McLuhan est un prophète dont chaque parole offre un regard nouveau sur des phénomènes que l'on pense avoir compris et intériorisé. L'introduction de McLuhan où il explique qu'un éditeur craignait que son livre ne se vendent pas car son contenu est à 80% neuf continue d'être vrai. Les idées de McLuhan ont bien sur trouver leur échos depuis mais la prose de l'auteur est toujours aussi saisissante dans sa manière nonchalante de disséquer notre société avec la facilité d'un chirurgien aguerri. Chaque chapitre est consacré à une notion (argent, habillement ...) ou à une invention (télévision, téléphone ...). Sont analysés les origines, les circonstances de leur création, leur impact et en quoi elles ont modifiés notre manière de vivre. L'originalité de McLuhan est de ne pas prendre pour acquis une notion mais de l'expliquer en créant un lien avec notre société. McLuhan comprend la société de l'intérieur et l'explique avec le regard extérieur de quelqu'un qui semble capable de s'élever au dessus de toutes les influences ou, tout du moins, de comprendre chaque implication de ses propres actions. Ses affirmations sont accompagnés de citations venant de personnalités aussi diverses que des journalistes ou Marylin Monroe afin de mettre en perspective chacune de ses déductions. J'ai d'ailleurs beaucoup de mal a imaginer comment ce livre pourrait être traduit sans que la richesse du langage et les références de l'auteur ne perdent de leur force. J'encourage donc chacun a lire ce livre dans une version originale. Pour cela, frotter vous d'abord à ses apparitions télévisés et décider ensuite par vous même si vous souhaitez découvrir avec un nouveau regard le monde en compagnie de Marshall McLuhan.

Marshall McLuhan interviewé à propos du débat télévisé entre Carter et Ford
http://www.youtube.com/watch?v=ZF8jej3j5vA

Generation Kill de Evan Wright (Berkley Caliber)


Maintenant adapté à la télévision par les créateurs de The Wire, la meilleure série télévisé qu'HBO ait jamais diffusé, Generation Kill est avant tout le récit d'une ballade en Irak en compagnie de deux régiments de l'armée américaine racontée par un journaliste aux accents Hunter S Thompsonien pour ce qui est de la franchise et de l'attention au détail. Evan Wright ne dépeint pas ses compagnons d'une tournée sur le territoire irakien comme des gamins innocent mais comme des adultes venus retrouver un peu de leur adolescence et perdre le peu d'illusion qui leur restait. A l'époque où se déroulent les faits, je me souvient que les premières manifestations voyaient des troupeaux scander des phrases comme "No blood for oil !". Pas de sang pour le pétrole. Pensez vous que les innocents soldats ne soient pas au courant de tout cela ? Pourquoi voudriez vous qu'il se soit engagé dans l'armée si ce n'est pas pour défendre leur pays et surtout porter un gros flingue et faire comme dans les films. Tous n'ont pas des raisons aussi simple bien sur mais au fond de chacun il y a ce plaisir du gros flingue que la série Spaced définit comme étant inhérent au caractère masculin. L'histoire ne s'arrête pas là et le but n'est pas de peindre le portrait psychologique de chacun mais de dire, franchement, ce que c'est de venir en Irak pour libérer le peuple du joug de Sadam Hussein. On est accueilli par les flingues des résistants à l'envahisseur américain et par les bras tendus des habitants heureux de les voir. Tous habillés de la même manière. Tous parlant la même langue. La tension, les sourires, la peur et l'incompétence des dirigeants se mêlent dans des moments glorieux et d'autre beaucoup moins. Bref, un regard vrai et honnête sur deux bataillon de soldats et une occasion de reconsidérer l'armée et ses hommes grâce a la vision extérieur d'un journaliste venu raconter ce qui se passe à l'intérieur.

Sunday, June 14, 2009

Dogra Magra de Yumeno Kyusaku (édition Picquier)


Ce blog est normalement uniquement consacré aux comics mais j'ai décidé de faire une entorse à mon propre règlement pour parler d'un roman exceptionnel que j'ai fini de lire aujourd'hui.

Introduire un livre par plusieurs pages d'éloges est extrêmement risqué. D'autant plus quand ces même éloges s'alourdissent de lourdes menaces sur la capacité du scénario a transcender les genres et mener le lecteur en bourrique. Le lecteur a donc comme réflexe d'être pris au défit et de trouver le moyen de faire mentir l'auteur de l'introduction. Me rendant moi même coupable de ce pêché, je tiens donc a vous faire comprendre que Dogra Magra n'est certainement pas un livre dont l'intrigue se découvre aisement. Le but n'est de toute manière pas de deviner l'identité du tueur avant le héros mais de se laisser prendre au jeu de l'auteur en se perdant les dédales de son univers perdus dans l'enfer des fous.

Le protagoniste lui-même est déjà perdu dans cet enfer. Dans un hôpital psychiatrique, il se réveille sans aucun souvenir de sa propre identité. Lavé, habillé et confronté a de nombreux éléments de sa vie passé, un medecin tente de l'aider a lui faire revenir à la mémoire sa vie et son identité. Rien n'y fait. Il est donc invité a découvrir un manifeste. Ce manifeste, écrit par un professeur qui s'est suicidé il y a un mois et composé de nombreux éléments différents. Un chant récité à travers le pays sur l'enfer que vivent les malades mentaux , des interviews donné à la presse, son mémoire de fin d'étude qui fut sujet a un grande controverse et enfin, les circonstances d'un meurtre mystérieux que ce même professeur compte résoudre grâce a sa théorie psychiatrique de l'hérédité psychologique.

Confus ? Vous le serez. On se perd aisément dans les huit cent pages de ce roman. La vie et la logique des fous suinte de ces pages et vous contamine comme un virus pour que vous même vous perdiez tout repère et toute logique. Rien n'est simple alors que pourtant est évident. La vérité est dans les premières pages, caché au détour d'une phrase. L'introduction le promet, je me joint à celle-ci tout en sachant que vous vous perdrez vous aussi. La seule solution est de ne pas lire ce roman. Perdre l'occasion de perdre la raison. Serez-vous assez fou pour commettre un tel acte ?

Saturday, June 13, 2009

Transhuman de Jonathan Hickman et Jim Ringuet (Image Comics)


Dans son introduction, un professeur exprime sa désaprobation vis à vis du contenu scientifique de ce comics. Il a raison. Transhuman est un comics de science fiction qui se sert d'une aberrante pseudo réalité scientifique emprunté aux comics de super héros pour raconter l'histoire de deux compagnies.

Il faut y voir dans cette manoeuvre la marque de la vie de Jonathan Hickman qui pendant dix ans entre sa tentative de rentrer dans le monde du comics et son entrée fracassante pour les quelques acheteurs qui eurent la bonne idée d'investir dans The Nigthly News travailla dans la publicité. Il est donc beaucoup plus familié du fonctionnement d'une entreprise que d'un laboratoire.

Transhuman est donc un reportage fictif situé dans le futur. Le narrateur est le présentateur d'une émission où sont interviewés toutes les acteurs de la révolution transhumaines où l'humanité découvrit comment modifier son corps et obtenir des capacités dépassant l'imagination de toute personne n'ayant jamais lut un seul comics des X-Mens. De nombreuses références sont faites aux mutants du professeur Xavier tout au long de l'histoire.

Un clin d'oeil à WE3 de Grant Morrison et Frank Quitely apparait l'espace d'une case. L'influence principale de Hickman n'est cependant pas Morrison mais Warren Ellis. L'histoire qui nous est raconté peut être mis en parallèle, d'un point de vue narratif, avec Orbiter de ce même Ellis avec toutefois l'ajout d'un regard beaucoup plus cynique où Jonathan Hickman reste fidèle au style qu'il a développé dans The Nightly News.

Le retournement finale en guise de conclusion est d'ailleurs une technique qu'il a utilisé précédemment dans ce même comics. Je ne reprocherais cependant pas à l'auteur d'avoir un style. Ce que je tiens par contre a pointer du doigt est le nombre d'excellentes idées qui sont disséminés dans ces pages sans que le récit ne décolle vraiment.

Le format reportage procure au lecteur un regard extérieur qui ne permet pas de s'investir complètement dans l'histoire de la même manière que The Nigthly News où l'on vivait les retournements par l'intermédiaire d'un héros et non d'un narrateur froid et distant. De plus, les illustrations sont confis à un inconnu, Jim Ringuet, qui, quoi que compétent, possède un trait anguleux et sale entre le D'Israeli de Lazarus Churchyard (en compagnie de Warren Ellis) et Ted McKeever.

Efficace pour des plans fixes mais dénué de l'inventivité visuelle qui m'avait fait me saisir de The Nightly news alors que je ne connaissais pratiquement de l'histoire et de son auteur. Transhuman est une moitié de déception en comparaison avec son prédécesseur tout en offrant suffisamment de bonnes idées pour faire de ce reportage futuristo économique une histoire cynique et complète sur un avenir dont l'humanité peut tirer quelque leçon.

Thursday, June 04, 2009

Batman & Robin #01 (DC Comics) Juin 2009


Batman est mort ! Longue vie à Batman ! Vous ne pourrez jamais laisser pour mort un bon super héros sans que quelqu'un ne se ramène avec un appareil pour le faire revenir dans le numéro suivant. Une petite histoire et voilà que Batman réapparait sous les doigts de l'homme qui a orchestré son décès en grande pompe. Grant Morrison, auteur écossais ultra talentueux auteur de nombreuses histoires mélangeant punk / psychanalyse et dadaïsme dans la plus grande folie hallucinatoire (The Filth, The Invisibles, Seaguy ...) joue avec l'univers DC (Superman, Batman, Green Lantern ...) et réécrit les mythes. Après s'être attaqué à Superman dans une série en douze numéros que l'on célèbre déjà comme un nouveau classique de la trempe de Watchemn, le voici sur une série régulière sobrement appelé Batman & Robin. Même équipe que pour Superman et Flex Mentallo, prenez un Morrison, ajoutez un Frank Quitely et attendez vous a être décalquer avec un sourire au livre en l'espace de 24 pages. Point de réinvention, les anglais reprennent juste tout ce qui a fait le succès de la série. Le caractère difficile du personnage, son intelligence et sa précision, sa grâce et sa force face à l'ennemi. Sauf que ... Batman est vraiment mort. Il s'agit en fait d'un ancien Robin, devenu Nightwing (les super héros et leurs histoires épiques rivalisant avec les dieux grecs) derrière le masque en cuir noir. Le petit Robin ? Le fils caché de Batman dont l'existence lui avait été révélé par sa mère, la fille de Ras Al Ghul (le méchant du premier film de Christopher Nolan et accessoirement vieux grands méchants récurent dans le comics). Pas besoin par contre de connaître toute l'histoire des personnages depuis ces dix dernières années. Si vous avez vu les films, vous saurez de qui on parle. Commissaire Gordon ? Bat signal ? Batman & Robin ? Si vous avez aimé les films, la vielle série des années 60 et /ou le dessin animé alors vous allez dévorez les pages en moins de deux ! Morrison & Quitely complotent, visent et marquent une nouvelle fois.