Saturday, June 26, 2010

Stranges Tales de Various artists (Marvel)


La plupart des recueils d'histoires courtes que j'ai acheté, jusqu'à présent, m'ont toujours un peu déçu. Les auteurs les plus connus se retrouvent en première ligne et sont généralement les plus satisfaisant. Quand aux découvertes de jeunes pousses prometteuses, elles sont rares. Beaucoup de remplissages avec des histoires trop familières et des graphismes approximatifs ou beaucoup trop influencés. Le pire souvent que j'ai vient d'un volume autour de la musique dont la plupart des auteurs avaient une vision nostalgique et ennuyeuse de la musique, une attitude que j'exècre tout particulièrement en matière de musique! Strange Tales part en revanche avec un appriori positif de par la liste plus que conséquente de noms familiers du milieu indépendant que l'on retrouve. Des vingt sept auteurs, seulement neuf ne m'évoquent rien à la lecture de leur biographie.

Pour cause, difficile d'ignorer le talent de Paul Pope (100%, Heavy Liquid, Batman 100), Stan Sakai (Uzagi Yujimbo), Peter Bagge (Hate) ou Nicholas Gurewitch, dont toutes personne ayant un tant soit peut trainé sur internet a forcemment rencontré au moins une fois un strip de la fameuse Perry Bible Fellowship. Des références n'ayant que peu ou jamais (à l'exception de Jonathan Hickman, signé à temps plein) travaillé pour Marvel ou avec ses personnages.

Leurs interprétations des personnages de l'éditeur, des X-Mens à MODOK jusqu'à Captain America et Dr Voodo ne souffrent d'aucune préoccupation éditoriale (respecté la continuité, faire avec les récents évènements polito super héroïque). Chacun parodie ou s'approprie les déboires des héros mais pratiquement tous se retranchent sur le mode de narration rapide et remplis de rebondissement des débuts. Même Peter Bagge, tout aussi habile pour la caricature dans son trait de crayon que dans ses bulles, se réapproprie le mythe de Spiderman pour en faire un héros Ditkoesque consumé par des préoccupations Randienne (voir le reportage sur la vie de Steve Ditko pour plus de détails).

Strange Tales caricature mais avec un plaisir non dissimulé sans se moquer des poncifs mais en se les réappropriant à leur manière. La quête désespéré du chien des Inhumains pour un ouvre boite à tout de l'humour des histoires comiques de Paul Pope (un genre dans lequel il s'illustre rarement mais toujours avec beaucoup d'efficacité, voir El Enmascararad Karimbah! dans l'artbook PulpHope). Le Iron Man de Tony Millionnaire (Sock monkey), au prise avec deux saucisses humaines est gorgé de jeu de mot. Quand au Hulk de Stan Sakai, il se retrouve naturellement au Japon parmi les Samouraï.

Les ratés, ou plutôt les imperfections sont rares. Le Spiderman de Junko Mizuno, fidèle à son style, se déroule de manière très bancale et approximative. L'homme araignée et le shoujo manga ne vont tout simplement pas de paire. En revanche, les deux histoires sur le fantastique et ridicule MODOK (Mental Organism Design Only for Killing) démontrent parfaitement le potentiel comique du personnage, concentré ultime de la folie démoniaque et grotesque des super vilains de l'age d'or des super héros quand ils étaient encore dessinés par Jack Kirby. Cependant, à l'image du King Kirby, Strange Tales déborde d'imagination et d'enthousiasme pour les aventures de ces personnages que chacun ne cesse de se réapproprier.

Une parfaite démonstration de tout ceux que le milieu indépendant peut apporter aux super héros et de l'inventivité de ceux-ci par rapport aux clichés fatigués dans lesquels sont souvent tombés des séries, ceinturés par le poids des demandes des fans et des licences qu'ils représentent. Vous ne verrez jamais à l'écran le Punisher contraindre un étudiant a faire ses devoirs mais vous pouvez heureusement en profiter dans ce volume.

Sixteen miles to Merricks and other works de Barnaby Ward


Les afficionados du flux d'image FFFFound ont surement vu passer de nombreuses illustrations de Barnaby Ward extraite de son site, Somefield.com. L'artiste semble beaucoup plus reconnu pour ces œuvres individuels représentant de jeunes femmes accompagnés d'animaux de toute sorte. des illustrations qui ne dévoilent qu'une part infime de l'univers graphique de l'auteur tel qu'il est développé dans Sixteen miles to Merricks (and other works). Le présent recueil de trois courtes histoires, une longue et de diverses illustrations (dont certaines tirés de son projet personnel, et inachevé, inspiré par Alice au Pays des Merveilles) présente un jeune auteur au style affirmé et aux scénarios fantastico onirique présentant tout les symptomes d'un artiste compétant graphiquement mais encore maladroit pour exprimer ses idées.

Les couloirs interminables et les bribes de discussions des deux protagonistes de l'histoire titre ne sont pas sans rappelés les déboires de Killy à travers l'univers de Blame! A la diférence de son auteur, Tsumoto Nihei, Barnaby Ward résout plus rapidement son intrigue et explique partiellement le sens de cette aventure. Reste toutefois en suspend bon nombre de question à la dernière case et l'on ressent une part d'inachevé une fois la page tourné vers des interprétations par d'autres artistes des protagonistes. Ceux-ci auraient encore beaucoup à dire derrière les tatouages recouvrant les bras du jeune homme, les raisons de leur présence sur l'ile, sa nature même et enfin, la dualité entre la personnalité de jeune femme enthousiaste et amoureuse et celle de fil d'Ariane de l'héroïne.

Les histoires suivantes, d'autant plus courte, laisse encore beaucoup de points d'interrogations entre le peu de dialogue et la richesse des planches. Les designs robotiques et l'obsession pour les héroïnes courte vêtu de l'auteur rappelle aussi le travail d'Ashley Wood. Toutefois, contrairement à l'auteur de Popbot, Lore, Automatic Kafka et tant d'autres séries inachevés, l'influence de la narration japonaise propre au manga (ainsi que cette approche narrative centré sur des tranches de vie et non des épopées), les points de vue très variés des cases orientent très efficacement le lecteur et rendent ce parcours, aussi étrange soit-il, très prenant, tout autant que le design à la fois mécanique et organique de son univers (le robot géant de Rooftops semble être fait de bois).

Comme perdu au sein d'un futur post apocalyptique qui se redécouvre intégralement, les personnages de Barnaby Ward n'apporte que peu d'aide au lecteur car ils sont tout aussi perdu que lui. Entre les univers de Nausica et de Blame!, Barnaby Ward extrait un compromis entre un trait américain tiré par une conception scénaristique japonaise et une envie d'expérimenter avec tout. Un style personnel s'affirme ainsi que des imperfections heureusement comblé par un graphisme envoutant qu'un scénariste compétant saura surement dirigé efficacement dans de prochain travaux.

Sunday, June 20, 2010

Smoke - Sous la fumée, le brouillard


Il fut une époque, vers la fin des années 80, où l'Angleterre était le berceau de nombreux scénaristes de bande dessiné aux opinions politiques bien apparentes. L'époque d'Alan Moore et John Wagner. Autour de la même époque, aux Etats-Unis, un scénariste de comics appelé Frank Miller publiait aussi des histoires qui marquèrent l'imagination des scénaristes. V pour Vendetta, Judge Dredd et Martha Washingtown goes to war sont tous des références impériales dans l'univers de la bande dessinée anglo-saxonnes et Smoke est à la fois tributaire de celle-ci et digne de la comparaison.

Caïn, un tueur a gage à la solde du gouvernement anglais, apprend que son mentor a été tué lors d'un cambriolage. Une explication qui ne lui convient pas et l'amène a enquêter. Pendant ce temps, l'Angleterre vit des heures douloureuses, emprunt à une récession économique et à une crise pétrolière majeur. Les manigances politiques vont bon train et rien n'est assez dangereux pour remettre le pays à flot. Les années noirs de Margaret Thatcher que dénonçait Moore dans V pour Vendetta ne sont plus. Le jeu de l'argent et du pouvoir va toutefois toujours bon train et sert de moteur à ce thriller politique complet et complexe où un tueur à gage et une journaliste vont se liguer pour connaitre la vérité. Alors que, finalement, qui s'y intéresse vraiment?

Tout aussi influencé par ces même héros susmentionnés, Igor Kordey, dessinateur populaire grâce à son passage au côté de Grant Morrison sur New X-Men, est tout aussi influencé par ces mêmes œuvres. La patte d'un Dave Gibbons (Watchmen) est perceptible dans son train minutieux et réaliste, de même que celle d'un Steve Dillon (Preacher). En fait, Smoke aurait pu être publié chez Vertigo mais est arrivé entre les mains de l'indépendant IDW. Signe des temps où certaines des meilleurs séries du mythique éditeur de Preacher, the Invisibles ou Sandman est obligé de mettre un terme à ses titres les plus prometteurs (Unknown Soldier, The Exterminators, Young Liars ...)? Smoke ne tient toutefois qu'en quelque numéros compilés dans un seul volume.

Plein de cynisme, de degré de lecture et de petits détails dissimulés dans des extrait d'article placé entre les chapitre ou de publicité discrètement placé dans des cases. Alex de Campi est allé à bonne école mais imite bien, sans que la référence soit trop envahissante, les petites manies d'Alan Moore a vouloir donner au lecteur toujours plus qu'il ne voit à la première lecture. Le final est donc un peu expéditif après un tel déballage de complot mais laisse la porte ouverte à une nouvelle exploration plus attentive. Actuellement, ces deux auteurs ne produisent rien de notable dans l'univers de la bande dessinée et c'est bien regrettable tant celui-ci manque d'auteurs engagés et passionnés comme ceux-la.

Chew - Laisse moi te croquer et je te dirais qui tu es


Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger disait Rabelais par la bouche de Gargantua. Dans le monde de Tony Chu, il faut manger pour enquêter et non enquêter pour manger. Manger ça le dégoutte. Une bouchée d'un aliment lui fait vivre tout ce que le légume, le fruit ou l'animal a vécu. Une capacité bien pratique quand on est enquêteur et qui va le projeter au sein du bureau fédéral d'investigation des aliments et des médicaments (F.D.A.) en tant qu'inspecteur des meurtres et autres affaires liés à la nourriture.

"It's a sad fact, and an awful truth. Sometimes in the course of this job, you're going to eat terrible things, all in the name of justice."
- Mason Savoy

Savoy, son partenaire, expérimenté dans l'art de l'inspection alimentaire, l'accompagne dans ses premières enquêtes, d'Antarctique jusque dans les cuisines de restaurant où l'on prépare du poulet. Met hors la loi depuis la mort par millions de victimes d'une épidémie de grippe affectant ces volatiles. Conspiration ou danger réel? La question est abordé tout au long de ce premier volume mais reste en suspend. Les six chapitre de Taster's choice introduise les différents personnages, l'univers et les capacités de Tony Chu et de son partenaire et mentor. Un mélange de rouage bien huilé propre au série policière et d'originalité des intrigues.

Chew ne se sert pas de l'alimentation comme un gimmick mais d'un ressort scénaristique propre exploité à tout les degrés de la création de son univers. John Layman, scénariste et créateur, fait de la nourriture le centre d'intérêt de chacun. On trafique le poulet, on consomme des doigts pour trouver des indices, on devient même terroriste pour prouver que la grippe du poulet est le résultat d'une conspiration mondiale. La bouffe c'est sacré et Tony Chu mort les preuves à pleine dedans. Il a faim et soif de justice. Il cuisine les preuves et les témoins... Quand à Rob Guillory, son style emprunt du dynamisme d'un jeune Ted McKeever, associé à une coloration moderne, donne vie à des histoires à mi chemin entre la comédie et le thriller. L'absurde cache une intrigue prenante et mystérieuse dont on ne découvre que des bribes à travers les multiples intrigues auxquels sont confrontés les personnages.

Cette pluralité des directions pour un premier volume est aussi le seul point noir car a trop introduire d'intrigues, Layman et Guillory laisse beaucoup de points d'interrogations que l'on espère voir tous résolu. Layman n'en est pas son coup d'essai dans le medium mais Chew est son titre le plus applaudi par la critique et le public à ce jour, et à juste titre. Rare sont les histoires aussi passionnante pour une équipe aussi jeune dans un univers original. Un succès qui rappelle evidemment celui de Powers, publié par le même éditeur il y a plusieurs années et qui fit de Brian Michael Bendis le scénariste populaire qu'il est aujourd'hui. Il serait toutefois injuste de trop comparer les deux séries car Chew a d'ors et déjà trouver sa propre voix et son originalité parmi les histoires policières les plus efficaces publiés ces dernières années (Powers, Gotham Central, Small Gods ...).

Sunday, May 23, 2010

Steve qui? A la recherche du co créateur de Spiderman

Le nom de Steve Dikto ne signifie peut-être rien pour la plupart des habitants de cette planète mais celui de l'un des personnages qu'il a co-crée avec Stan Lee est pourtant reconnaissable instantanément du Gabon à l'Iowa. Il s'agit de Spiderman.

Contrairement à Lee dont la personnalité de show man, en plus de son talent de scénariste, l'a placé au devant de la scène, Ditko est un individu qui a toujours désiré resté loin des projecteurs, refusant même de percevoir un centime sur les revenus des produits dérivés qu'il aurait pu recevoir.

Son talent en revanche n'a pas échappé aux fans et ceux qu'il a influencé compte parmi les créateurs les plus important, tel que Alan Moore (Watchmen, V pour Vendetta, Lost Girls), Mark Millar (Kick-Ass, the Ultimates) ou Neil Gaiman (Sandman, Mr Punch). Le présentateur anglais Jonathan Ross compte parmi ses fans et part à la découverte de l'auteur avec l'espoir de le rencontrer.

Le reportage explore donc autant la somme de ses créations (Spiderman, Dr Strange, The Question, Mr A, the Hawk and the Dove, the Creeper) que son influence. La question de la création de Rorscharh, personnage mythique des Watchmen est donc soulevé et Moore de répondre qu'il a emprunté la personnalité de Mr A pour sa propre création. Un personnage pourtant inconnu du grand public et des fans de comics, au contraire de Rorscharh, qui permet d'aborder les raisons de la vie de reclus de Dikto.

Celui-ci est en effet un adepte de la philosophie d'Ayn Rand, un auteur russo américaine créatrice de l'objectivisme. Cette philosophie est centrale pour l'oeuvre de Steve Ditko qui sépare constamment le bien et le mal en refusant la possibilité d'un flou morale. Ses créations personnels, tels que Mr A ou the Hawk and the Dove, sont des expressions de cette philosophie en exécutant une justice sommaire qui ne tolère aucun faux pas.

Enfin, le reportage souligne à quel point, bien que Dikto ait refusé de percevoir des droits sur sa plus grande création, le crédit qui lui est pourtant due n'a jamais été accordé. Cette question du droit d'auteur, ou du moins de la reconnaissance de la participation d'un dessinateur ou d'un scénariste dans l'existence d'un personnage est essentiel dans l'histoire du comics américain. Le procès contre DC Comics (éditeur de Superman et de Batman) par les familles Siegel et Shuster, créateur de Superman, continue encore. De même, Jack Kirby, l'un des dessinateurs les plus influent de l'histoire de la bande dessinée, n'a jamais perçu l'argent qui lui revenait de droit sur ses créations en dehors du prix qu'on lui payait pour ses planches, et non pour l'exploitation commerciale de ses personnages (Hulk, les X-Men, les Fantastic Four, Captain America...). Récemment encore, une couverture de Tank Girl par Brian Bolland était utilisé par l'artiste islandais Ero, exposé au centre Pompidou, sans aucune reconnaissance de son travail!

En recherchant Steve Dikto, Jonathan Ross explore une partie de l'histoire du comic-book et de sa magie. La passion du présentateur se ressent à chaque pas et avec chaque interview, autant avec des auteurs que des personnes qui ont travaillés au coté de Ditko. Un jeu de piste historique et artistique sur les traces d'un auteur et d'un univers encore incompris et dénigré. Réussit t'il à rencontrer l'homme? A vous de le découvrir.



Looking for Steve Dikto part 2

Looking for Steve Dikto part 3
Looking for Steve Dikto part 4
Looking for Steve Dikto part 5
Looking for Steve Dikto part 6
Looking for Steve Dikto part 7

Sunday, April 18, 2010

Pinocchio de Winshluss (Les Requins Marteaux) 30 Euros


Je me souviens encore avoir ressenti un profond malaise en regardant l'adaptation de Pinocchio à un moment précis. Le film en lui-même ne m'a pas véritablement affecté mais une scène en particulier m'est revenu à l'esprit en lisant ce volume : celle où un petit garçon se transforme en âne. De voir cet enfant que j'aurais pu être crier de peur en voyant son corps perdre sa forme humaine et devenir un simple animal m'a énormément effrayé. Comme la réalisation d'une possible perte du contrôle de soi et de ce que l'on peut considérer comme acquis.

Je n'en ai jamais parlé par la suite avec des amis et je ne crois pas non plus avoir lu d'expériences similaires vis-à-vis de cette scène. Peut-être étais-je (et suis-je) très impressionnable? Le souvenir de cette sensation de malaise ne m'a pourtant pas quitté et c'est juste fixé dans mon esprit en lisant l'adaptation de la même histoire par Winshluss. Rien non plus de ce volume ne m'a évoqué la même sensation. Les évènements y sont pourtant beaucoup plus terrible mais j'ai aussi grandit (facilement vingt ans de plus, ça se ressent). Je n'ose par contre pas imaginer que j'aurais fait de cette histoire à huit ans...
Cette relecture de Pinocchio expurge tout principe morale pour ne laisser que le besoin de chaque personnage de faire sa vie sans faire attention aux autres. La morale que les films de Walt Disney dispensait aux spectateurs est remplacé par toute la crasse et la bêtise dont l'humanité est capable autour de ce petit enfant mécanique qui devient très vite le spectateur, et l'hôte, de la violence la plus grotesque et la plus pathétique. Winshluss ne cherche pas pour autant le malaise, ni la violence. Il pince toutefois aux bons endroits pour que le rire soit toujours grinçant sans être malsain. Il empreinte pour se faire à toutes les écoles de la bande dessinée humoristique française. Le meilleur de Fluide Glaciale (Gotlib, Maester) a été digéré, de même que l'humour de comptoirs de Vuillemin.

Au contraire de ce dernier, il n'y a pour autant rien de gratuit dans l'histoire (ou les histoires) que raconte Winshluss. Si il introduit une scène en apparence étrangère la logique de l'histoire, c'est pour mieux s'en servir plus tard. De même, puisque l'on parle de narration, seul le personnage de Jiminy le cafard (les criquets sont trop sympathiques), ainsi que l'inspecteur, parlent. 188 pages et pratiquement pas de dialogue sans que cela nuise à la compréhension de l'histoire! L'histoire conté par Winshluss est pourtant loin de respecter celle d'origine et il n'a donc aucune béquille sur laquelle se rattraper.
Son graphisme synthétise aussi parfaitement ce mélange entre l'univers enfantin et la perversion humaine à son plus grotesque, son plus pervers et son plus ridicule et chaque case est une merveille dans lesquels des bulles de textes n'ont besoin d'en rajouter pour traduire l'action ou apporter une dimension supplémentaire. Winshluss parle avec ses crayons, ses pinceaux et son talent et son dessin se suffit à lui-même pour nous faire sourire, grincer des dents et rire tout à la fois. Les pleines pages sont des plus superbes quand elle permette à son imagination de s'exprimer à pleine voix mais il suffit parfois de se pencher sur une seule case perdu en coin pour retrouver aussi tout le talent de l'auteur. Perdu entre deux galaxies qui n'étaient jamais censés se rencontrer : la bande dessiné comique et grossière et le roman graphique intellectuel prisé par les lecteurs de Télérama, Pinocchio est une œuvre à part et complètement géniale.

Nemesis #01 de Mark Millar et Steve McNiven (Icon/Marvel) 2,99$


J'imagine très bien Mark Millar appeler John Romita Jr. avant la publication de Nemesis pour lui demander :

"Dit, ça te pose pas problème si sur ma nouvelle série j'annonce que mon nouveau dessinateur te fait passer pour un branleur?"

Millar a le don de prendre a rebrousse poil le monde entier pour se faire aimer et ne déroge pas à la règle avec ce premier numéro de Nemesis. Celui-ci est le super criminel le plus talentueux au monde et aussi le plus meurtrier. D'origine japonais, il tient à sa merci la police locale et exécute même dès les premières pages le commissaire qui ressemble à s'y méprendre au Comissaire Gordon. Coïncidence pour un personnage revêtu d'un costume quasi-identique à celui de Batman (hormis la couleur blanche)? Oh, surement ...

Passé cette introduction tout aussi efficace que celle de Kick-Ass (reprise à l'identique dans le film), Millar et McNiven (au style de plus en plus proche de celui de Leinil Francis-Yu) vous présente ennemi de Nemesis qui sera prochainement incarné au cinéma par Clint Eastwood (je prend les paris). Cet Inspecteur Harry apprend alors très vite que Nemesis en a après lui et qu'il doit donc se préparer au pire ... comme sauver le président des Etats-Unis par exemple.

Millar et McNiven ont donc très bien saisit les règles du blockbuster et s'en servent de belle manière pour une histoire jouissive pré packagé pour être adapté prochainement au cinéma, et pour cause, tout les éléments de son scénario sont des clins d'œils grossier au septième art. Le Joker de The Dark Knight rencontre l'Inspecteur Harry. L'affaire peut être résumé en ces termes et ce ne serait pas la desservir pour autant. Après, Mark Millar n'est pas Alan Moore ou Grant Morrison et McNiven est encore moins J.H. Williams III ou Frank Quitely. Rien ne sera réinventé mais tout le monde en aura pour son argent à condition de bien savoir où l'on met les pieds. Personnage bad ass, train qui explose, anti-héros charismatique adressant un majeur bien dressé envers Chow Yun Fat en chevauchant le capot d'une voiture de sport tout en tirant avec deux uzis. Millar et McNiven s'amusent et il vous propose de les rejoindre. Pouquoi pas?

Sparta U.S.A. #01 de David Lapham et Johnny Timmons (Wildstorm) 2,99$


A la lecture des premières pages, Sparta U.S.A. ne me plaisait pas. Traits trop amplement encrés, scénario crypté par de multiples listes avancés sans qu'aucune piste ne soit dessiné. La ville de Sparta semble être la parfaite petite ville dystopique du sud des Etats-Unis où l'on respecte les vrais valeurs tout en se plantant des couteaux dans le dos. Etrange et pas attrayante. Puis, le personnage de Godfrey McLaine est introduit. D'abord très brièvement, en pleine page à côté des crédits pour souligner son importance.

C'est lui le héros.

Non, le type peint en rouge avec un sabre dans le dos qui marche dans la neige, tout de noir vétu, alors qu'un faucon s'envole à ses côtés? Ce serait lui le héros? Le héros américain moyen fait son entrée dans l'histoire et mon cerveau pousse déjà un soupire. Hormis la couleur rouge qui recouvre sa peau, rien ne le distingue.

Une petite famille bousille un mec (The family that slay together stay together disait la chanson de The Abominable Iron Sloth) tandis que notre héros défait et se repait du coeur du Yéti. Non, rien n'est clair dans toute cette histoire. Puis, le jour se lève et dans la ville de Sparta une parade marque le retour d'un homme important. Sa peau et bleu et il joue à merveille le rôle du dictateur. Le nom de David Lapham n'aurait pas figuré au générique, je ne pense pas que j'aurais choisit de lire cette histoire. J'aurais eu tort car il y a de quoi intriguer. De quoi perdre aussi quand aucune accroche ne vient et que l'on a pas spécialement envie de connaître le destin de chacun de ces personnages et encore moins de cette ville entière.

Les pages se tournent facilement et d'autres personnages sont introduit, d'autres galère pour chacun et d'autres élément qui complexifie le scénario. Les pages se tournent et l'on en arrive à la fin. Godfrey McLaine débarque dans le stade où toute la ville est réuni. Il brandit son sabre et annonce alors à la population : "Spartans ! There is no united states of America."

C'est à ce moment précis que j'ai su que je voulais continuer de lire cette histoire.

Monday, April 05, 2010

Le guerrier solitaire / Valhalla Rising de Nicolas Winding Refn (2010)


Pour une fois, la traduction française d'un titre de film sera tombé juste. Valhalla Rising, vendu dans notre pays sous le nom du Guerrier Silencieux ne ment pas sur la teneur du produit. Centré sur un guerrier que l'on nomme Le Borgne (Mads Mikkelsen qui était déjà dans Pusher 1 et 2 ainsi que dans le rôle du grand méchant machiavélique dans Casino Royale), ce voyage jusqu'en terre sainte pour un groupe de guerrier venu chercher gloire pour leur dieu et richesse pour eux étouffe les doutes que l'on pouvait encore avoir sur le talent du réalisateur danois Nicolas Winding Refn. De même, la prestation de Mikkelsen dans son rôle de guerrier est magistrale puisqu'il ne souffle mot durant le film et laisse le film se reposer sur la qualité de son interprétation physique.
Ainsi, à l'instar de ce personnage silencieux dont toute la "communication" passe par l'action et non par le verbe, il est pratiquement impossible de raconter ce film sans décrire une scène. Winding Refn étouffe ses personnages sous le poids de la nature environnante. Que ce soit sur les terres nordiques exsangue, l'océan brumeux ou une forêt rayonnante de verdure, l'environnement domine les guerriers dont les armes sont futiles, autant face à leur territoire que face à ce guerrier faisant preuve d'une violence inouï.
Celle-ci est par ailleurs souligné par le caractère du Borgne qui ne laisse filtrer que peu d'émotion. D'abord enragé contre ses esclavagistes, il ne déchaine ensuite sa foudre que par réaction et ne cherche plus le conflit. L'humanité que l'on voulait lui prêter en le voyant étriper et fendre la chaire est remplacé par une animalité presque plus saine que la violence qu'exerce les croisés contre leurs ennemis au nom d'un Dieu qui les a indiscutablement abandonné tout au long d'une route qui les amènera vers l'enfer.

L'enfer est d'ailleurs le titre du sixième chapitre de ce film, découpé tel un roman par des titres et des numéros. Cette technique souligne les différents actes du film afin de clarifier son déroulement pour le spectateur, pris dans un enchainement de plan fondus et enchainé et de répliques chargés de plusieurs niveaux de lectures. Toutefois, tout comme dans There will be blood, l'atmosphère constante maintient la tension et l'attention jusqu'à la "conclusion" de cette histoire. La nature domine tout et lui résister n'est que futilité.
A l'opposé de la mentalité de la culture black metal norvégienne que certains thème souligné dans la bande annonce pouvaient évoquer (un guerrier seul contre tous, des chrétiens perdus en enfer, la culture viking), Valhalla Rising écarte toute ressemblance avec les groupes d'adolescent norvégien qui ont terrifié le pays en s'inspirant du heavy metal satanique grossier des anglais de Venom. Le Borgne n'est pas seul contre tous, il ne fait qu'un avec la nature et connait ses forces et ses faiblesses face à elle. Si la chrétienté est tourné en dérision, c'est aussi le cas de toutes les croyances ou les histoires que peuvent inventer les personnages tout au long du film sur leur destin. Qui est responsable? Qui est véritablement maudit? Tout cela n'a aucune espèce d'importance et toute tentative de faire sens est futile. Ni la culture viking ou la chrétienté n'est épargné. Ne reste que l'immensité des paysages superbes que Nicolas Winding Refn emploie avec force et intelligence.
A l'issu de ce film il ne reste donc qu'un seul constat à faire : Nicolas Winding Refn règne en maître et personne ne pourra plus l'ignorer (bien que cela était déjà bien difficile après la trilogie Pusher et le génial Bronson). Une seule ombre au tableau : il lui faudra maintenant réaliser un film à la hauteur de ce chef d'œuvre.

Dolemite de Martin D'Urville 1975)


Sans le vouloir, les deux films que je chronique à la suite sont reliés par un même rappeur, Old Dirty Bastard du Wu-Tang Clan. Après avoir emprunté aux Shaw Brothers le titre de Retour à la 36ème Chambre, ODB se servit ensuite d'extrait d'un classique de la blackspotation pour le clip de "Hey Dirty", Dolemite.



La première scène de ce clip est celle de l'introduction du maire de la ville aux invités d'une petite réception organisé en son honneur. Celui-ci n'intervient toutefois dans l'histoire que tardivement. Avant cela, l'écran est occupé par le charisme de Rudy Ray Moore, aka Dolemite, un mac grande classe récemment libéré de prison pour démêler une affaire de vente d'armes, de corruption et de drogue dans lequel on a voulu l'impliquer pour mieux saisir son territoire. Dès sa sortie, il retrouve ses fringues, ses filles et toute sa classe et commence a botter des culs à la douzaine.

Le scénario de Dolemite n'est prétexte qu'aux bagarres, aux filles nues et à afficher l'attitude dominante d'un noir américain sur lequel les blancs n'ont aucun impact. Tous sont finalement mis en position de faiblesse et l'arrestation des deux derniers coupables blancs est d'ailleurs faites par des policiers noirs. A petit budget et affreusement réalisé pour faire le plus de place possible aux blagues de Rudy Ray Moore, comique avant d'être acteur, et à son machisme imparable, Dolemite glisse pourtant grâce à une bande son funk et soul d'époque parfaite pour accompagner la classe masculine du héros.

On oublie alors les multiples incohérences comme une censure grossière sur le combat final entre Dolemite et son ennemi mortel a qui il arrache un bout de bidoche, un micro pendant en haut de l'écran lors d'une discussion avec Queen Bee ou encore le final d'une chanson où la chanteuse salut son public alors que son voix continue de chanter en fond sonore. Malgré tout, Dolemite n'est pas un nanard car il n'échoue pas dans son objectif: montrer un black foutre sur la gueule a des blancs avec toute l'attitude cool que l'on attend d'un mac indétrônable. Un classique dont il ne faut pas attendre grand chose d'autre que du divertissement mais qui aura marqué de l'empreinte de son poing les consciences de générations de rappeurs et de réalisateurs.

Sunday, April 04, 2010

Retour à la 36ème chambre de Lui Chia-Liang (Shaw Brothers) 1980


Moins prestigieux que le film dont il est la suite (Enter the 36th Chamber est mondialement connu pour partagé son nom avec l'un des albums de rap majeur des années 90, le premier disque du Wu-Tang Clan), Retour à la 36ème chambre conjugue kung fu et comédie dans un scénario simple mais chargé en chorégraphie spectaculaire.

Chao Jen-Cheh (Gordon Liu) est un simple jeune homme dont le gagne pain est de se faire passer pour une moine Shaolin pour berner les gens en faisant la quête pour différentes causes. Son frère travaille dans une teinturerie est au prise avec un propriétaire tyrannique qui engage des assistants d'origine Mandchou pour assister et surveiller les employés tout en s'en servant comme excuse pour baisser leurs salaires. Les employés demandent alors assistance au jeune homme pour se faire passer pour un puissant moine Shaolin et contraindre l'employeur et ses nouveaux assistants à rétablir leurs salaires à un prix normal. La négociation syndicale par la menace avant l'heure. Malheureusement, le stratagème échoue et Chao Jen-Cheh, se sentant responsable, part à Shaolin pour apprendre le Kung-Fu et l'enseigner en retour aux employés.

Pour un simple jeune homme seulement capable de se faire passer pour d'autres personnes, Gordon Liu saute, agrippe et voltige "maladroitement" pour tenter de pénétrer dans la 36ième Chambre de Shaolin. Une fois à l'intérieur, il n'aura de cesse de multiplier encore les pirouettes au cours d'un entrainement très personnel qui n'est pas sans rappeler l'apprentissage du jeune disciple dans Karate Kid. Ce dernier est en effet une simple adaptation d'un scénario de film de kung fu classique avec un entrainement fait de tâche ménagère adapté au quotidien d'un adolescent américain. L'entrainement de Chao Jen-Cheh est bien-sûr beaucoup plus violent, énergique et complexe bien que tout soit placé sous l'angle comique d'un disciple dévoué à sa cause mais ignorant de ses propres capacités. Même une fois revenu auprès de ses amis, il mettra même du temps à se rendre compte de la qualité de son entrainement avant de partir affronter les oppresseurs.

Le dernier combat démontre toute la richesse des chorégraphies des films de cette époque où tout est prétexte à des combinaisons de mouvement ahurissant. L'affrontement contre les quatre sbires du patron à coup de banc en est un exemple parfait avant que leur maître ne s'approche du jeune homme dans un combat où il le domine par mille tour où chacun de ses membres sont utilisés dans des prises allant des coups de têtes aux multiples sauts sur de minces planches de bois. Filmé en 1980, Retour à la 36eme chambre est un fantastique film d'époque qui n'apporte rien d'autre au genre que d'en être un exemple parfait dans tout ce que les films d'art martiaux peuvent apporter en divertissement et en prouesse physique.

Sunday, March 28, 2010

Essex County de Jeff Lemire (Top Shelf Production) 49,95$


Difficile de se dire que l'on va se sentir complètement abandonné à cause de quelques pages de bande dessinés. Perdu dans une campagne canadienne, isolé de l'effervescence des villes ou seul dans la foule, les personnages d'Essex County n'ont pour compagnie que leurs rêves et le silence du paysage et des conversations où tout se dit quand personne ne parle. Chargé de douleur et de maladresse, les points en guise d'yeux que Jeff Lemire donne à ses personnages suffisent à les faire parler plus que quand une bulle de dialogue ne se pose à côté de leurs têtes.

D'origine canadienne, l'auteur a parcouru ce pays pour en capter autant l'essence même. A tel point que même si sont présent des éléments typiquement canadien comme l'amour du Hockey, ce sont les paysages qui distinguent cette histoire d'une autre conté dans un autre pays. Chaque arbre et chaque monticule de neige déplacé par les pas de ce jeune garçon recueilli par son oncle à la mort de sa mère, ou de ce vielle homme dont la vie se défile devant nos yeux, au fur et à mesure que ses souvenirs le quitte, à l'aube de son existence, a autant sa place dans la narration que ceux à qui l'on donné le pouvoir de parler.

Des générations d'hommes et de femmes s'animent tout au long de ce volume d'Essex County où sont recueillis les trois volumes précédemment paru, Tales from the farm, Ghost stories et The Country Nurse et les réunir dans ce même recueil n'aurait pas pu être plus approprié. Les pas et les souvenirs se croisent entre les pages et entre les époques. Les tragédies rejoignent les moments de tendresse et d'amitié. Les histoires les plus intimes font échos à nos souvenirs et l'ont parcours sa propre histoire en découvrant celle de ces personnages que l'on ne peut imaginer comme des êtres fictifs. Chacun a forcement du exister dans un coin du Canada ou du monde entier.

Sobre et gorgé de sensibilité, Essex County est d'ors et déjà le chef d'œuvre de la jeune carrière de Jeff Lemire qu'il continue sur Sweet tooth, publié chez Vertigo. Son trait se prête parfaitement au noir et blanc, de même que les histoires qu'il raconte ici, entre souvenirs, rêve et réalité. Les cordes se tendent, on retient les larmes et on tourne la page jusqu'à en arriver à la dernière. Le volume se referme alors, les pages partent se perdre dans nos propres souvenirs et notre vie continu, enrichi de superbes instantané d'humanité fantasmé par un esprit des plus talentueux que le comics canadien nous ai donné.

Batman Year 100 de Paul Pope (DC Comics) 19,99$

L'impact de Batman Year One ne pourra jamais été reproduit sans que cela empêche des auteurs de talents de proposer leurs visions de Batman. Sans plus d'introduction qu'il n'en est nécessaire pour un personnage aussi connu que Batman, Paul Pope trempe son personnage dans le mystère d'un Gotham City Owerlien où les ennemis ne portent des masques que pour se protéger et préfère se cacher derrière la loi et le pouvoir pour venir à bout de la légende urbaine du guerrier chauve souris.

En cela, Batman Year 100 se rapproche de la première année d'activité de Batman écrite par Frank Miller et David Mazuccheli quand la corruption grignotait Gotham City et que Gordon et Batman était les seuls rempart contre la folie de l'humanité courant à sa perte. Cent ans plus tard, les rues de la ville sont toujours aussi oppressantes et l'intelligence et l'agilité de Batman semble toujours aussi vaines. Paul Pope n'a pourtant pas oublié que malgré la folie et la violence qui habitent les rues, la présence d'un monstre de muscle déguisé sous un costume gris et noir, volant presque entre les immeubles, est toujours aussi effrayante, faisant de Batman un spectre dans lequel on ne veut pas croire.

C'est dans la folie même du personnage et son incroyable détermination que se précipite l'incrédulité de ses ennemis, impatient de se voiler les yeux et d'ignorer ce clou perdu dans rouages acérés de leurs machinations. A la fois futuriste, irréel et enracinés dans tout les fondamentaux du personnage, le Batman agé de 100 ans se cache derrière tout les influences de la jeunesse et de la vivacité d'un Paul Pope toujours aussi inspiré une histoire à la fois proche des origines et aussi très moderne.

L'auteur a scruté tout les facettes du personnage, tout ce qu'on lui a fait, tout ce qu'on lui a apporté. La folie, les gadgets, ce caractère intraitable, pour le rendre encore plus insaisissable pour ses ennemis et presque humain devant ses alliés, une femme médecin - complice indispensable, sa fille - Oracle dont l'usage des jambes n'a jamais été volé par un Joker, auquel on ne fait qu'allusion, un Robin dévoué mais déterminé et un Gordon en tout point identique à son ancêtre - intègre, ingénieux et intraitable. Tout n'est pas que Batman, obscurité et violence. Les habitants de Gotham City usent intelligemment de leurs bulles tandis que Batman frappe, saute et suent silencieusement, réservant chaque mot pour ne garder que l'essentiel et ne rien révéler de sa véritable identité, de ses faiblesses ou de ses inquiétudes. Bill Finger et Bob Kane aurait bien du mal à reconnaitre leurs créations derrière les traits acérés de ce justicier transformé par l'évolution du paysage urbain. Il est pourtant bien là ce personnage insaisissable mais grâce à l'intelligence de Paul Pope il semble revivre. Pas de ride, pas de perte de souffle, pas de surpoids. Batman ne viellira jamais et continuera de vivre dans les pages tant que des auteurs aussi talentueux animeront chacun de ses pas.

Flashpoint de Wilson Yip (2007)


Il n'y a pas de mal a filmer des gens qui se battent. Pas besoin de s'excuser ou de tenter de cacher cela derrière un scénario. John Woo l'a bien compris en réduisant ses histoires à leur plus simple appareil avant de faire jaillir les flingues, les rampes d'escaliers, les cordes, les pigeons et les malfrats armés jusqu'aux dents. Raconter les triades de Hong Kong, John Woo aussi l'a fait. Les méchants, la corruption, les flingues. Ce n'est pas très subtile mais ça permet au moins de dresser un tableau convaincant avant de faire pleuvoir les balles.

Wilson Yip essaye par contre de peindre une histoire pleine de clichés en pensant qu'elle peut être convaincante si on ajoute suffisamment d'élément au scénario. Un trio de frère unis dans le crime, un flic infiltré, une mère amnésique, une amitié entre flic, un policier aux méthodes violentes, une histoire d'amour, des immigrés vietnamien voulant revenir au pays ... Des thèmes sont abordés, utilisés pendant quelques plans en grignotant des clichés visuels d'une bêtise affligeante (les mains ensanglantés du héros qu'il lave après avoir tabassé un type pendant une scène deux fois trop longue). Tout cela bouffe allègrement le temps et les scènes de baston se réduisent alors au début et à la fin du film.

Quarante-minutes de scénario servit par des "acteurs" plus capable de donner et de recevoir les coups que d'échanger des répliques ou d'incarner des rôles autrement qu'avec des poses cools ou des airs de bad ass crétin et à peine une demi-heure d'échange de coup de poing et de pied. Le 100% action et 100% free fight promis par la jacket est bien oublié. La scène finale est d'un ridicule insondable et le film se termine sur des images incompréhensibles où l'on voit passer la mère amnésique perdu dans un champ sous les yeux du flic infiltré, défoncé au possible et peinturluré de sang tendant vers le fluorescent. Fondu au noir, le héros est dans sa bagnole, regarde les grattes ciels de Hong-Kong et une phrase du début du film revient en voix off, "Je ne sais pas si j'ai déjà arrêté quelqu'un d'innocent, ça c'est le travail d'un juge. Moi, mon travail c'est d'arrêter les truands".

Ah merde ... est ce que ça veut dire que le type sous entend qu'il se fout de la culpabilité des mecs qu'il vient de tuer ou de tabasser. Tout ce qui compte, c'est sa paye à la fin du mois! Le flic machine ou le flic vengeur? Encore une belle interrogation que le réalisateur aura encore une fois laissé en suspend dans son film. Soutenu seulement pas un enchainement de cascades et de rebondissement laissé à l'abandon à la fin du film, Flashpoint repose sur le jeu d'un très bon combattant dont le talent est bien mal mis en avant. Comme si on avait demandé à Chow Yun Fat de jouer la comédie au lieu de tirer sans cesse sur des criminels! Flashpoint est à peine un film à regarder entre pote tant il manque de moment réellement divertissant, préférant se perdre dans une histoire qu'il ne maitrise pas. Pour un film sur les triades, regarder Election 1 et 2 de Johnnie To. Pour un film d'action, allez aussi voir ailleurs. Flashpoint échoue sur les deux tableaux.

Saturday, March 20, 2010

Scalped - High lonesome de Jason Aaron, R.M. Guéra, Davide Furno et Francesco Francavilla (Vertigo) 14,99$


Une hyperbole en guise de citation sur la couverture attirera surement les petits sourires en coin des plus méprisants. De ceux qui n'auront pas encore ouvert ce volume de Scalped. De ceux qui ne connaissent pas encore Scalped. De ceux qui ne connaissent pas encore Jason Aaron.

"One of the b est comics ever created"
- Philadelphia Daily News
C'est vrai. Scalped est l'un des meilleurs comics à l'heure actuel. L'une des séries les plus intenses. Jason Starr, l'un des auteurs de roman noir américain les plus en vue, le dit lui-même en introduction en comparant Scalped aux meilleurs histoires d'Elmore Leonard (Punch Créol, que tout le monde connait sous le nom de Jacky Brown au cinéma, Get Shorty). Aaron en récupère le gout pour les histoires personnels. Les personnages soutenues par des histoires de coeur, de cul, de coup de couteau. Des petits histoires qui creusent la profondeur des personnages et vous donne envie de les voir vivre pendant encore quelques lignes, aussi con, dégueulasse, stupide ou corrompu soient ils.

Ce nouveau volume fonctionne de la même manière. Chaque numéro détaille la vie d'un personnage introduit dans les volumes précédents et leur donne toute la profondeur qu'il ne méritait pas, sale connard et pauvre vieux manipulateurs qu'ils sont, pour que nous ne les regardions vivre sur une page et que nous ayons envie de suivre encore et encore leurs histoires. Celles-ci sont liés à la vie de la réserve indienne dans laquelle le nœud de l'histoire se déroule. Deux agents du FBI tués il y a une vingtaine d'année. De l'amour, du sang, des trahisons et de la corruption. Un agent du FBI infiltré laisse filer son enquête et s'effondre dans les caniveaux de la réserve. Pendant ce temps, les acteurs bougent et s'activent de toute part. Font valoir leur droit à ne pas être que de seconds couteaux. Il n'y en a pas véritablement dans Scalped car chacun mérite son heure de gloire, un peu de passion pour leurs vies maudites dès leur naissance.

Comme le disait Ed Brubaker dans l'introduction du quatrième volume, les personnages de Scalped sont tous perdus d'avance. Les cinq histoires de ce volume le prouve encore et encore mais l'espoir subsiste...

La chance d'Aaron est aussi d'être entouré de dessinateurs habités par la ville et les personnes qu'ils dessinent. Au nombre de trois, leurs styles s'adaptent à chacune des histoires. Rien n'est exagéré dans les traits qu'ils donnent à Wesley Willeford, Baylis ou Diesel. Ce sont des figures familières sans être des caricatures dont la personnalité s'échappe de chacun de l'une de leurs actions. On lit la douleur sur leur visage, les sourires forcés ou les mines inquiètes déguisés derrière un visage fermés, prêt à recevoir les coups que la vie leurs assènent continuellement, comme si tout cela n'était qu'un long match avec Mike Tyson qui ne s'arrêterait jamais.
A la fin du volume on peut déjà sentir l'histoire tendre vers sa conclusion. Je ne vous encouragerais pas à vous plonger dans Scalped avant qu'il ne soit trop tard car les recueils resteront toujours là, à attendre que de nouveaux lecteurs découvrent l'un des chefs d'œuvres du roman noir moderne. Scalped n'est pas l'un des meilleurs comics jamais crée. Scalped est l'un des meilleurs romans noir qui a jamais été mis en image.

The Anchor - Five furies TPB de Phil Hester & Brian Churilla (Boom Studio) 9,99$


Phil Hester pourra toujours compter sur ma participation financière depuis le duo Deep Sleeper et Sarcophage, tout deux dessiné par Mike Huddleston. Je desespérais un peu de ne pas le voir revenir au scénario sur une création original depuis The Atheist et la mention de son nom sur la couverture de The Anchor me fit sauter sur l'occasion sans rien savoir du scénario. Le pitch de celui-ci se résume dans un personnage puissant mais simple dont la mission sainte est de démolir des esprits de la nature pour protéger l'univers.

La chrétienté prend encore une fois une part importante dans le scénario puisque déjà dans Deep Sleeper il était question d'âme. The Anchor est le nom que porte ce mystérieux homme dont l'esprit semble être prisonnier des enfers où il combat inlassablement les hordes de démons tentant d'envahir la Terre. Son corps est quand à lui présent dans notre monde pour le défendre des attaques de monstres s'éveillant sans raison particulière dans différentes villes ou lieux. Ces esprits sont liés à l'endroit où ils s'éveillent et il serait logique de penser qu'ils ont raison pour apparaitre successivement à ces différents endroits, mais cette raison n'est pas encore abordée.

Le scénario de The Anchor pourrait paraitre complexe si il n'était pas entouré de clichés de films d'actions. The Anchor évolue dans ce nouveau monde qu'il a quitté au Moyen-Age avant de rejoindre les enfers, grâce à l'aide d'une jeune islandaise fasciné par ce personnage. Passionnée d'histoire, elle lui apporte conseils et explique les origines des différentes menaces aux "personnes qui les accompagnent". Le ressort est fatigué à tel point qu'Hester a bien du mal a le dissimuler. Le personnage du général qui tente d'exploiter The Anchor est lui aussi un revenant des annales du genre et apparait comme une collection de personnage connus (le général Ross de l'univers d'Hulk en première ligne).

The Anchor a pourtant plus en commun avec Hellboy qu'avec Hulk grâce à ce but et cette aura de mystère qui entoure ses origines et les raisons de son apparition sur Terre. Brian Churilla a même quelques traits de crayons de communs avec Mike Mignola mais c'est surtout vers Tom Scioli (Godland) qu'il se tourne pour son inspiration, lui-même fortement influencé par Jack Kirby. Le passage d'un clone à un autre n'est donc pas du meilleur effet, bien que le travail de Scioli, tout comme celui de Churilla, soit approprié pour les histoires qu'ils illustrent, ce dernier n'apporte que peu à cet histoire hormis des monstres pour qui ce qualificatif est approprié. Le mélange entre un style super héroïque et une intrigue fantastique est maitrisé quand on attends qu'une histoire distrayante suffisamment prenante pour faire tourner les pages. The Anchor réserve cependant beaucoup de secrets et pourrait prendre beaucoup plus d'ampleur au fur et à mesure que Churilla prendra possession de son univers et qu'Hester révélera tout ce qu'il dissimule encore. Mais, plus vite cette histoire se débarrassera de ses stéréotypes et mieux elle évoluera.

Shaolin Cowboy #05 de Geoff Darrow (Burlyman) 3,50$


Au contraire de War Heroes, Shaolin Cowboy est une histoire dont la publication, plus qu'erratique, n'a aucune espèce d'incidence sur la lecture. Qu'importe le scénario. Toutes les personnes qui vous diront lire ce comics pour son "histoire" sont les même qui défendent leur lecture de Playboy en mentionnant qu'on y trouve de très bons articles (ceci étant, il y avait de très bons articles musicaux dans le magazine porno que j'achetais ...). Shaolin Cowboy n'a pourtant rien de commun avec le magazine de Hugh Effner à moins que l'on m'ait mentis et que la PlayBoy mansion soit un lieu de repos pour des extra terrestres adepte du Zen en quête de vengeance contre un guerrier Shaolin perdu dans l'Ouest.

Résumé comme tel, Shaolin Cowboy ne semble pas avoir de sens mais c'est bien là tout l'intérêt de l'histoire conçu par Geoff Darrow (Big Guy, Hard Boiled et collaborateur des frères Wachowsky sur Matrix pour la conception de leur univers), un prétexte géant pour dessiner un affrontement titanesque entre un débonnaire asiatique d'une force surhumaine et des ennemis qui lui en veulent tous pour d'obscures raisons. Il y a quelques numéros (parus il y a maintenant deux ans), le Shaolin Cowboy devait affronter une horde de brigands venus se frotter à lui pour collecter la prime qui a été mis sur sa tête, mené par un crabe l'accusant de parricide lors de sa visite dans un restaurant de crustacé.

Nous sommes aujourd'hui en 2010 et j'ai finalement pu lire ce cinquième numéro paru en 2006. Le suivant est paru l'année suivante et ainsi de suite. Une vitesse de fourmis qui ne nuit en rien à la lecture tant les planches de Darrow sont de véritables merveilles. Dès la première double page, le héros se propulse à travers une montagne, accompagné de sa fidèle mule, narrateur bavard des évènements et de tout ce qui lui passe par la tête, tandis que deux extra terrestres insectoïdes leur font face dans les airs, en position de combat. Chaque pierre, projetée dans les airs, est représenté avec la plus grande minutie. Ainsi, si Darrow ne prête pas attention au réalisme, il se souci de l'exactitude des éléments du décors pour que son univers soit remplis de détails humoristique.

Dans leur chute les bagages du Cowboy s'ouvre et laisse sortir un bébé d'une valise. Rattrapé juste à temps par la mule, celle-ci se retrouve opposé aux deux monstres sur la crête de ce qui se révèle être le museau d'un monstre gigantesque mesurant deux pages. Avalé par le monstre, notre maitre du kung-fu doit maintenant survivre dans l'intestin de la bête en pagayant avec deux tronçonneuse accrochées à un bout de bois. Ah et j'oubliais de préciser qu'une ville gigantesque trône sur le dos du monstre géant où se déroule maintenant l'action (dessus et dedans). Violent et absurde, l'univers de Geoff Darrow vaut pour sa richesse graphique dont l'inventivité se retrouve, non dans les échanges ou le but, mais le déroulement des évènements. L'histoire n'est donc pas ignoré mais comment la raconter sans se passer de l'illustration? Raconté par un autre auteur, elle n'aurait pas la même richesse débridé qui habite ce mélange de Kirby, Gotlib et Druillet. Il n'y a pas d'auteurs similaires à Geoff Darrow et il n'y a pas d'univers semblables à celui de Shaolin Cowboy. Tout se résume en ces termes et justifie l'attente, la recherche et la dégustation incessante de ces planches.

War Heroes #03 de Mark Millar et Tony Harris (Image) 2,99$


Arrivé à la moitié de l'histoire, la publication de War Heroes est interrompu pour le moment. La faute en reviendrait logiquement à Tony Harris tant son style réaliste, inspiré de photos qu'il prend de ses amis pour reproduire correctement les attitudes des personnages (l'un des grands point fort d'une série politico fantastique comme Ex-Machina) mais c'est en fait Mark Millar le responsable.

Son planning chargé de scénariste écossais en a fait une personnalité incontournable du microcosme du comics américain (il est même parodié sur Twitter par @NotMarkMillar). Tour à tour sauveur de l'économie par sa connivence avec le monde du cinéma (Wanted, Kick-Ass, Iron Man) et des histoires générant un rayonnement médiatique (Civil War, son annonce que Eminem voulait à tout prix jouer dans l'adaptation cinématographique de Wanted) ou destructeur par la prolifération de son impact dans les comics Marvel (Civil War et ses retard de publication). Personne ne peut ignorer l'écossais mais celui-ci semble ignorer qu'il a une série à finir.

War Heroes portait pourtant en son sein toute la controverse nécessaire à en faire un best seller ou au moins intéresser le New York Times : la drogue du super-héros confié à l'armée américaine. Des soldats boostés de pouvoirs surhumains en guerre contre les Talibans. Une histoire de jalousie et d'amitié entre frère. Ca aurait très bien pu se passer si la série avait été publié à un rythme normal (et non à une fréquence faisant passer Daredevil Father de Joe Quesada pour un mensuel).

Arrivé au troisième numéro la couverture révèle que rien ne se passe comme prévu pour l'armée. Tout se complique aussi pour le frère du héros national, mis en valeur par l'armée pour vendre son concept de soldats boostés, dont l'implication dans un traffic va le pousser à agir. Ce troisième numéro pose donc War Heroes à un carrefour où tout devra changer pour arriver à une conclusion satisfaisante, happy end ou non. Lâche, les décisions du "héros" seront aussi déterminate car à trop vouloir être un anti-héros il est toujours poussé par son entourage, tout aussi inintéressant que lui, à travers le platane et droit dans le mur de derrière. Se révéler comme un personnage intéressant à la moitié de l'histoire quand seul l'accroche de l'histoire et le nom des auteurs vous fait acheter la série, c'est signe d'un malaise.

Les défauts de War Heroes sont pathologiques pour Mark Millar. Le dessinateur de choix qui l'accompagne ne parvient pas à faire oublier le manque d'investissement de l'auteur dans son histoire. En comparaison, le rêve de nerd qu'était 1967 était beaucoup plus jouissif tout en étant foncièrement anecdotique. War Heroes a tout pour décoller mais reste clouer au sol par une publication hasardeuse et un scénariste parti aux quatre vent, désormais incapable de se poser sur un seul projet. Les lecteurs du TPB apprécieront donc surement beaucoup plus la totalité de cette histoire quand ils la découvriront en une traite que dans ces conditions chaotiques.

Monday, March 15, 2010

Siege #01 et #02 de Brian Michael Bendis et Olivier Coipel (Marvel)


Les blogs américains ont beaucoup parlé de Siege il y a quelques semaines pour une certaine double page montrant The Sentry en train d'accomplir une action qu'il aurait été inimaginable dans un comics Marvel il y a encore quelques années (qui plus est dans un titre aussi mainstream mettant en scène des personnages pouvant devenir des licences potentiels pour l'éditeur et son nouveau patron, Disney), ainsi qu'une page de fin immédiatement parodié pour être adopté à l'actualité politique américaine.

Mais, contrairement à Civil War où même le New-York Times s'était interrogé sur les intentions de chacun des deux parties (Iron Man représentant les pro régulation et Captain America les indépendants), Siege n'a pas reçu de couverture médiatique de ce type. De quoi douter que l'évènement soit réellement aussi important que ce que les campagnes publicitaires annonçait ("An event 7 years in the making")? On aurait alors raison de douter car arrivé à la moitié de l'histoire rien de notable ne s'est encore passé.

Il y a bien sur les pages controversés et les débuts d'un conflit majeur dont la conclusion aura un impact sur l'univers Marvel. L'annonce d'un évènement ayant pris sept ans a en arrivé à ce point n'est pas incorrect. Il a d'ailleurs tellement pris de temps pour en arriver là que des lecteurs prenant l'histoire en cours auront bien du mal à voir l'intérêt d'un tel accueil au clairon. Contrairement à Civil War dont le scenario impliquait aussi les préoccupations politiques de l'époque, Siege est un évènement Marvel où les gentils triompheront surement des méchants. D'ailleurs, le scénario est pratiquement annexes tant l'invasion de Asgard par Norman Osborn et H.A.M.M.E.R. n'est qu'un prétexte à faire intervenir l'équipe de Captain America.

Reste donc à voir en quel mesure ceux-ci triompheront et quels seront les évènements à venir en cours de route mais de la même manière qu'un film pop corn, Siege présente toutes les marques d'une histoire bourré d'explosion avec suffisamment d'explosion pour maintenir l'attention. Le dessinateur français Olivier Coipel convient très bien pour une histoire de ce type mais ne se distingue pas particulièrement du canon des histoires de ce type. A l'instar de Steve McNiven ou de David Finch, Coipel est un dessinateur de surhommes apte à à retranscrire la magnitude du conflit entre des hommes et des femmes aux pectoraux sur-dimensionné dont le passe temps est de s'envoyer des nions avec classe. Bendis apporte les dialogues et la direction.

Il est aussi parfait pour superviser cette conclusion en tant que collaborateur présent depuis le début des évènements. Il maitrise donc toute l'intrigue et ses protagonistes, des Avengers (dont il a scénarisé les deux versant, Dark et New) aux Secret Warriors (les jeunot de Nick Fury). Il n'y a donc effectivement rien de bien notable à dire en dehors de la controverse autour de la double page. Une mauvaise nouvelle pour la qualité de l'histoire mais peut-être aussi une bonne pour les amateurs d'histoires de super-héros, classiques mais efficaces, qui n'auront pas à souffrir d'erreur de cohérence comme lors de la publication de l'ensemble de l'event Civil War ou d'Infinite Crisis. Aucune tentative de plaire aux fans extérieurs aux manigances des héros. Un simple retour sur les fondamentaux pour partir, peut-être, vers de nouveaux territoires. L'après Siege nous en dira bien plus mais pour l"instant, l'évènement en question ne nous apprend pas grand chose.

Sunday, March 14, 2010

Joe the Barbarian #01 et #02 de Grant Morisson et Sean Murphy (Vertigo) 2,99$


Un jeune adolescent dans un monde de jouet devenu bien réel. Un adulte perdu dans son monde d'enfance devenu bien réel. Chacun sait que ce qu'il voit est une illusion mais l'impact de leurs actions dans cet univers se retranscrit d'une manière ou d'une autre dans la réalité. Le scénario de Joe the Barbarian est similaire à celui de Kingdom of the Wicked, de Ian Edginton et D'Israeli, mais pas identique. Les deux protagonistes se distingue par leur âge et donc leur vision des évènements. Kingdom of the wicked était une psychanalyse onirique et fantastique d'un auteur de livres pour enfants. Joe the Barbarian se présente pour l'instant comme l'hallucination d'un ado en pleine crise d'hypoglicémie, à la fois conscient de ce qu'il est nécessaire de faire pour aller mieux mais piégé dans l'univers de son imagination qui transforme sa maison en un univers parallèle.

D'abord prévu pour six numéros, cette histoire se déroulera finalement sur huit par la force de la collaboration entre Grant Morrison (The Invisibles, WE3, Superman) et Sean Murphy. Ce dernier fait briller l'univers imaginé par Morrison d'angles originaux où le lecteur peut s'introduire dans l'action et percevoir le malaise constant dans lequel nage Joe. Fils d'un père soldat aujourd'hui défunt qu'il visite au cimeterre dans les premières pages, fils d'une mère absente car trop occupé par ses problèmes d'argents, collégien maltraité par les brutes du coin mais pas abandonné car objet d'attention d'une jeune fille attentionné, Joe est l'adolescent typique de toutes les histoires que l'on semble connaitre dès la première case. Murphy et Morrison ressasse les classiques pour mieux le distinguer par la suite.

Tout dans son univers peut parler au lecteur de comics lambda. Son imaginaire est aussi bondé de visages familiers. Des clones de Transformers, de G.I.JOE ainsi que Batman & Robin accueil le jeune garçon dans cet univers mis à feu et à sang par un ennemi inconnu. Les visages de plastiques sont fermés. Batman s'appuie sur l'épaule d'un autre justicier costumé, un couple d'ours en peluche avance tant bien que mal, l'oursonne rose amputée d'une patte claudiquant sur ses béquilles. Les détails sont dizaines dans ces pages. A tel point que l'histoire que l'on pourrait croire familière devient de plus en plus original. Passé le premier numéro introductif assez peu riche en contenu narratif, le second permet une plus grande exploration des enjeux qui se révèleront surement beaucoup plus important si l'histoire se déroule sur six autres numéros.


L'attention apporté à cette série du fait de la présence de Grant Morrison au scénario permettra à Sean Murphy de devenir l'une des nouvelles star du comics, cela il n'y a pas a en douter. Mais a peine commencé, il ne faudrait pas conclure de suite cette histoire comme si son issu était déjà connu. Morrison n'est pas homme à s'avachir sur ses acquis et l'univers onirique et réel le connait bien puisqu'il s'est fait connaitre avec Arkham Asylum, une histoire dont la force était justement de mêler le rêve à la réalité pour qu'en découle une plus grande vérité sur le personnage de Batman. Joe en revanche n'a pas encore autant vécu que cela que son quotidien semble être tiré de toute part, tout comme le conflit dans lequel il vient de tomber en compagnie de ses jouets. De là à dire que l'on peut pronostiquer une psychanalyse imaginaire d'un personnage de papier, il est permis d'en attendre autant de la part du scénariste écossais.