Tuesday, December 22, 2009

A snake of june de Shinya Tsukamoto (2002)


Shinya Tsukamoto n'est pas homme a se limiter à un genre et il s'attaque donc ici à l'érotisme. Cependant, l'érotisme de Shinya Tsukamoto n'est certainement pas celui de M6, RTL9 et Playboy et ne compte donc pas satisfaire un quota de femmes nues et de scènes de sexe simulés. A snake of june est un tryptique au cours du quel les pulsions de trois personnages vont se révéler au travers des désirs refoulés par la société japonaise.

Rinko Tatsumi (Asuka Kurosawa), jeune conseillère dans un centre d'appel, aide des inconnus à trouver le courage de vivre et de dépasser leurs peurs. Marié à Shigehiko Tatsumi (Yuji Kohtari), obsédé par la propreté, apparemment plus âgé qu'elle, ses désirs sont réprimés par une vie de couple dénués de sexualité et de sensualité (la révulsion de Shigehiko pour la propreté ou les odeurs en sont des manifestations) mais vont être révélés par Iguchi (Shinya Tsukamoto) au moyen d'un chantage.

Ce mystérieux voyeur soumet des clichés intimes à Rinko pour la forcer à "révéler ses propres désirs". Contrainte pour que ne soit pas révélé ses plaisirs secrets, elle va rentrer dans le jeu au prix de sa fierté et de sa peur du regard et du jugement des autres. Il est alors important de préciser que la honte des femmes peut-être très prisé et fait l'objet de films érotiques au Japon. Etrange et même douloureuse, cette épreuve peut donc être percu comme une scène érotique pour un public japonais.

Toutefois, à l'issu de cette épreuve, Rinko va progressivement devenir maîtresse du jeu auquel elle a été contrainte et s'affirmer comme femme. La deuxième partie du film peut donc commencer pour se focaliser sur le personnage de Shigehiko. A snake of june devient alors le théâtre de l'évolution du rapport entre les sexes au sein de la société japonaise. Contraint à des horaires de travail et à un régime d'entreprise épuisant, les hommes ne domine plus autant les femmes qui s'affirment sexuellement beaucoup plus qu'eux. Le couple va donc progresser devoir s'épanouir au sein de cette nouvelle relation dans laquelle Iguchi jouera le rôle d'electrochoc.

Visuellement proche de Bullet ballet, Tsukamoto retourne aussi, l'espace de la première dans le grand magasin, au style nerveux qui caractérise ce film. Un mélange de lumière bleu et grise recouvre la pellicule pendant toute la durée du film aux plans superbes capable de saisir l'intensité de l'évolution du personnage de Rinko. La scène de strip tease sous la pluie avant le dernier quart d'heure de film en est même un des moments les plus intense où la jeune femme exprime par un érotisme catharsique toute la douleur et le désir qu'elle a réprimée. En conséquence, le personnage de Shigehiko paraitrait presque terne si son évolution pareille, mise en image par des scènes oniriques (évoquant "Brazil" malgré la différence de registre des deux films) comme celle que l'on aperçoit sur la couverture.

En dépit d'une histoire complexe conté de manière chaotique, la puissance d'A snake of june triomphe grâce au talent de réalisateur et de photographe de Tsukamoto et l'interprétation de son actrice principale. Encore une fois, l'originalité de Tsukamoto dans un genre aussi stéréotypé que l'érotisme s'exprime dans une histoire complexe où sont à la fois retranscrit le malaise de la société japonaise et les difficultés d'un couple a exprimer leurs désirs.

Monday, December 21, 2009

Vital de Shinya Tsukamoto (2004)


Très loin de la violence des films qui l'ont fait connaitre de son public, Vital explore toujours la question du corps, cher au réalisateur Shinya Tsukamoto, mais aussi celle de l'âme. Riche, aux images superbes et au jeux d'acteur nuancé, Vital interroge de nombreux point dont celui de la relation entre le corps et l'esprit. Où se situe l'âme et comment la définir?

Un étudiant en médecine, Hiroshi Takagi , joué par Asano Tadanobu, victime d'un accident de la route à l'issu duquel il a perdu la mémoire, reprend ses études. Il se retrouve alors dans la même classe qu'une mystérieuse jeune fille, Ikumi, interprété par le modèle prénommé Kiki. Fasciné par la beauté mystérieuse du jeune homme, elle va alors tenter de l'approcher et rejoindre son groupe de dissection. C'est durant celui-ci que l'esprit encore fragile de Hiroshi va être mis à mal quand il prend conscience que c'est le corps de sa compagne défunte, lors du même accident de voiture qui lui couta la mémoire, qui se trouve sur sa table.

Commence alors un voyage intérieur où la découverte du corps de Ryoko, que la danseuse Nami Tsukamoto joue dans les nombreuses scènes où Hiroshi se souvient de leur relation étrange, entre désir de vie et de mort, lui permet de se redécouvrir mais aussi de transmettre encore une part de vie au père de la défunte à qui il fait progressivement part de ses souvenirs. La frontière entre le corps et le subconscient est alors franchit par la dissection du corps et les souvenirs déterrés de l'esprit d'Hiroshi forment alors l'âme de la défunte.

Pris dans cette tourmente, Ikumi sera plus qu'un témoin mais aussi une actrice de cette spirale intérieur dont tout les compagnons d'Irochi s'éloigne avant d'être emporté par son obsession. D'un romantisme troublant, la réalisation superbe de Tsukamoto éclaire d'une lueur, entre rêve et réalité, les tréfonds de l'esprit et du corps. La douleur est toujours psychique, et bien que l'on observe parfois des étudiants au travail, la vision de ces corps n'est pas utilisé comme un ressort de dégout mais traité avec révérence et fascination. Vital ose interroger et montrer des êtres dans toute leur fragilité, autant psychique que physique, au court d'un voyage spirituel pour retrouver le désir de vivre.

Haze de Shinya Tsukamoto (2005)


Enfermé dans un espace confiné, un homme amnésique rampe sur le béton et tente de comprendre comment trouver une sortie et comprendre pourquoi il a été enfermé ici.
Quarante minutes de torture physique pour le personnage principale et le spectateur, compressé par un écran tout les deux aussi restreint dans leur champ de vision. Interprété par le réalisateur même, Shinya Tsukamoto, Haze est un film d'auteur dans tout les sens du terme. Seul deux personnages interviennent durant toute la durée du film. La caméra est focalisé sur le visage de l'acteur et sur son corps. Comme a son habitude, la chaire est le sujet centrale de ce film. Celle du "héros" mais aussi celle des défunts, démembrés et abandonnés dans les couloirs exigus de cette espace non identifié, flottant dans un bassin noire et rouge, sans qu'aucune justification ne soit donné à ce massacre.

Les raisons de l'enfermement n'ont absolument aucune importante. Seul compte le sentiment de compression et le besoin de se libérer. Chercher aussi un propos à ce film est peut-être aussi vouloir trop en dire. L'objectif principal est de comprendre l'importance de la liberté de mouvement que nous prenons pour acquise. Le corps est vie, bien plus que l'esprit. La rencontre de la chaire vivant permet l'expression des sentiments et la montée d'un espoir, d'un désir de vie.

En se concentrant sur la perception d'un personnage tout aussi perdue que le spectateur, Tsukamoto crée un climat capable de rendre un scénario focalisé sur le seul ressentit du personnage vraiment intense et prenant. Pourtant, rien ne se passe véritablement durant ce film. Haze est un ovni au sens où il n'emprunte aucun shéma classique. C'est une nouvelle mise en image avec la même volonté d'immersion et d'aboutissement que Tetsuo dans un univers ne comprenant aucune référence connue (alors que Tetsuo pouvait au moins s'insérer dans l'univers cyber punk).

Plus une expérience qu'une histoire, Haze plaira surtout aux fans du réalisateur et aux curieux dont l'absence de narration générale, de morale ou de sens, n'effraie pas. Entre fantastique, horreur et introspection, Haze franchit le pas et réussit un exercice de style étrange mais malgré tout satisfaisant.

Wednesday, November 25, 2009

Shivering sands de Warren Ellis (lulu.com)


Entièrement édité par Ellis et son collaborateur de longue date, la dénommé Ariana, Shivering sands est une collection d'essais publiés par Bad Signal, la mailing list de l'auteur, divers articles et quelque pages de post twitter. Assouvissant ainsi un besoin personnel de collecter ses propres écrit tout en proposant une compilation d'écrits trop variés pour être relié par un thème autre que son propre nom, Ellis montre le chemin vers une auto édition moins couteuse que l'édition à compte d'auteur et débarrassé du filtre de la maison d'édition.

Celui-ci est essentiel dans le monde de l'édition mais inutile pour des articles à la liberté de ton garantit par le public de passionné auquel il s'adresse. D'après mes souvenirs, aucune modification n'a été apporté aux anecdotes ou aux flash de chroniques musicales d'Ellis. Ses posts Twitter, dont le fantastique enchainement de post sur sa manière de consommer de la viande, sont reproduits sur un support toujours aussi pratique (quoi qu'en dise Amazon et son kindle) pour une plongée tête la première dans le monde d'un Ellis franc qui ne parle qu'en son nom de ses obsessions, ses idées, sa vie, sa cuisine et ses anecdotes d'auteurs touche à touche dont le travail ne connait pas de frontière entre les médias.

Les fans de longue date de Warren Ellis n'apprendront rien de nouveau en lisant ce recueil mais tous ceux dont la passion n'atteint pas le besoin d'être connecté 24 / 24 au cerveau de leur auteur favoris retrouveront assez de traces du génie de l'auteur de Transmetropolitan, Desolation Jones et The Authority pour y mettre la somme demandé.

Acheter Shivering Sands sur Lulu.com

Saturday, October 24, 2009

Placebo - Rock sur ordonnace de Thierry Desaules (Editions Alphée - Jean-Paul Bertrand)


Quinze années de Placebo et toujours autant de passion autour de ce groupe. "Nancy boy" m'avait, moi aussi, marqué à sa sortie. Le style et la voix de Brian Molko impressionnait alors ma petite tête d'ado. Un peu plus tard "Nancy boy" me reste à l'esprit grâce a un très beau clip. Placebo a l'art de la mise en scène mais pas celui de garder mon attention. J'oublie tout ce que peux bien représenter ce groupe pour un adolescent jusqu'à la lecture de cet ouvrage consacré à la carrière et, surtout, à la vie de Brian Molko.

Thierry Desaules, journaliste de profession, y raconte dans les moindres détails l'enfance du trio, la formation du groupe et les événéments marquants, médiatiques et personnels. Entre les extraits d'interviews du groupe, de proche et de collaborateurs, Desaules détaille les influences avoués des musiciens et leurs envies. Sa voix, en revanche, celle du journaliste, est mise sous silence pendant toute la durée du livre. Je peux comprendre que l'on soit fan d'un artiste et qu'on l'aime suffisamment pour y consacrer deux cent pages. En revanche, je suis très étonné de l'adulation que celui-ci porte aux moindres faits et gestes du groupe. Chaque concert, chaque chanson, chaque nouvel album est présenté sous un angle positif, enthousiaste.

"Rock sur ordonance" n'est pas qu'une ode à Placebo, c'est une profession de foi. Les témoignages de fans qui occupent la vingtaine de pages, avant la discographie détaillée, viennent asseoir cette impression de culte. Brian Molko est un être unique et fascinant dont le regard seul émerveille et guérit quand il se porte sur ses fans. Celles-ci en chantent les louanges et l'on peut se douter qu'il en est de même pour l'auteur tant sa propre voix ne fait qu'accompagner en cœur le sentiment d'exaltation qui entoure le groupe et sa musique.

Admiration sans limite pour le groupe mais aussi pour tout ses collaborateurs. Lors d'une partie consacrée à l'enregistrement de l'album de reprise de Serge Gainsbourg par des artistes français et internationaux, on apprend donc que Françoise Hardy est "l'icône absolue des rockers britanniques". Tout le monde n'est pas seulement beau et gentil mais aussi fantastique, talentueux et génial. Un débordement de louanges fatigantes pour le regard critique que je porte sur ce groupe dont je ne suis pas fan. Il est donc probable que les fans désireux de lire une biographie détaillée de l'artiste y trouveront leur compte. D'analyse journalistique et musicale, l'auteur n'en fait aucune et s'arrête donc à détailler succinctement la biographie des groupes et artistes que les musiciens reconnaissent comme influence.

Claire et facile à lire, cette biographie se veut détaillée et complète et n'use d'aucun effet de style. Une décision un peu surprenante puisque l'auteur a déjà écrit un roman et aurait pu démontrer ses prouesses littéraires à quelques occasions. Or, en dehors de la première page servant de description à la ville d'enfance de Brian Molko, l'auteur use d'un style dénudé et riche en adjectifs dithyrambiques pour raconter l'existence de Placebo. Comme si le groupe devait être adoré sans jamais questionner chacun de ses faits et gestes. Ses défauts plairont peut être aux fans passionnés comme ceux dont la foi enthousiaste sert de conclusion approprié à cet ouvrage.

Saturday, October 03, 2009

Thirst de Park-Chan wook


Sang-hyeon, prêtre coréen désespéré de sauver des vies et de ne pas juste prier pour leur salut dans l'autre-monde, rejoint un centre de recherche africain sur le virus Emmanuelle. Similaire au virus Ebola dans ses effets, le virus Emmanuelle est meurtrier et ne laisse aucune chance de survie à ceux qui en sont infectés. Des 500 personnes infectés volontairement par le virus, Sang-hyeon sera pourtant le seul survivant après avoir été transfusé d'une dose de sang d'origine d'inconnu. A l'insu du personnel médicale et de lui-même, à son retour en Corée, il se transforme progressivement en vampire et le gout du sang devient irrépressible ainsi que celui de la chaire.

Thirst, neuvième film réalisé par Park Chan-Wook (JSA, Old Boy, Lady Vengeance), l'un des chef de file du cinéma coréen et l'un des réalisateur les plus talentueux de sa génération, entreprend de se réapproprier le mythe vampirique. Érotique, sanglant et romantique, Thirst use des codes du film de vampire pour raconter la découverte progressive de la vie par un prêtre dont l'existence a toujours été tourné vers les autres.

Sang-hyeon n'embrasse pour autant pas ses nouveaux dons et son ouverture sensorielle (les vampires sont ici dotés d'une force surhumaine, de sens sur-développés et d'un pouvoir de régénération) et interroge sa foi chrétienne. Tout au long du film il évoluera dans sa manière de considérer sa propre nature jusqu'à un final mémorable et silencieux. Thirst diffère donc très fortement d'un conte fantastique comme Old Boy dans son calme où se mêle violence, touches d'humour grinçants et érotisme (qui "rend manifeste la dualité, la multiplicité incluse dans l'unité" selon l'anthropologue Jean-Pierre Vernant). Le pacte scellé par l'acte sexuelle entre Sang-hyeon et Tae-joo est tout aussi centrale que dans Old boy. L'attention est alors porté sur les détails, le jeu de regard. Les acteurs ne produisent pas une scène fantasmé mais tout simplement réaliste où deux êtres apprennent a s'aimer dans une étreinte charnelle puissante et forte en symbolisme.

Le scénario passe donc au second plan puisqu'il, somme toute, assez prévisible. Le jeu des symboles, les scènes se retrouvant en écho durant le film (le discours de Sang-hyeon dans le confessionnal et celui qu'il tiens plus tard à Tae-joo sur le suicide ou les préliminaires de l'acte sexuelle reproduit lors de la scène de la "résurrection") et la mise en image des tourments des personnages forment la majeur partie du film sans que le réalisateur ne perde le rythme de son œuvre. Je ne suis donc pas ennuyé une seule seconde, ni n'ai eu besoin de regarder ma montre durant la projection, tant j'étais absorbé par la beauté des images et le jeu des acteurs.

Ainsi, Kang-oh Song ne manque pas à sa réputation et prouve qu'il est capable d'interpréter des personnages extrêmement variés (voir ses performances dans Memories of murder, sa folie dans Le Bon, la Brute et le Cinglé et les transformations de sa personnalité tout au long de Thirst, tant innocent, enjôleur, dominant, dominé et résigné). Quand à Ok-vin Kim, elle excelle dans un rôle de femme frustré devenant progressivement manipulatrice pour finir par être un véritable chat quand elle joue avec ses victimes.

Park-chan Wook continue donc de faire évoluer son cinéma et use de ses leçons apprises dans ses précédents films. Thirst use de l'absurde et du développement subtile des relations amoureuses de I'm a cyborg tout en retournant vers la beauté épique et déchiré de Lady vengeance. Park Chan-wook wins again.

Sunday, September 27, 2009

Videodrome de David Cronenberg (1983)


Réalisé en 19823, soit un an après ma naissance, la vision cyber punk des années 80 qu'invoque Videodrome pourrait tout autant s'adapter au 21ième siècle si l'on le débarrasse des traces laissés par la mode de l'époque. Visionnaire est le mot.

Max Renn, directeur d'une chaine cablée où sont diffusés des films érotiques et violents, est à la recherche de la prochaine stimulation visuelle qui attirera le public. La découverte d'un programme pirate intitulé Videodrome par un de ses techniciens va le plonger sur la trace d'un programme irréel où l'on assiste à des scènes de tortures gratuites. Invité a une émission de télévision, il fait la rencontre d'une présentatrice d'émission radio, Nikki Brand, et d'un Marshall MacLuhan allumé prénommé Brian O'Blivion. Chacun va alors prendre place dans l'enigme Videodrome jusqu'à ce que le programme finisse par engloutir son être et sa santé mentale.

Tout en étant marqué par la technologie maintenant dépassé de l'époque, Videodrome est la porte ouverte vers de nombreux concepts sur l'influence de la télévision sur notre psychisme et la place des médias dans notre société dans un fantasme cyber-punk. Une heure et demi et Cronenberg construit un thriller futuriste permettant la rencontre de l'érotisme, de la machine, de concepts ayant traits aux sciences de l'information en oubliant pas quelques effets gore absolument pas gratuit. Pourrait on faire aujourd'hui un film pareille et se permettre une sortie en salle aussi importante ?

Incroyablement intelligent et complexe, les idées que véhicule Videodrome ont ensuite été maintes fois réutilisés dans des films aussi variés que Matrix et Tetuso. L'influence du psychisme sur la réalité. La rencontre de la chaire et de la machine. Ce n'est pas un hasard si ce même réalisateur canadien a ensuite réalisé Crash, l'adaptation du roman de JG Ballard, et le Festin nu, l'oeuvre majeur de William Burroughs, deux des auteurs les plus important du 20ième siècle. Le réalisateur prend ainsi sa place dans le panthéon grâce a des images aussi marquante que cette pénétration d'une vidéo cassette dans l'orifice en forme de vagin qui s'ouvre sur le corps de Max Renn ou les dernier mots de ce même héros / anti-héros incroyable. "Long live the new flesh". Un point finale suffisant pour un monument qui vit encore aujourd'hui et continue de se prolonger dans l'esprit de nombreux autres créateurs.

Tuesday, September 22, 2009

Rip it up and start again (post punk 1978 - 1984) de Simon Reynolds


Pour un gamin à l'investissement tardif dans le monde de la musique, vers 17 ans avec Follow the leader de Korn, le post punk ne voulait rien dire. Né en 1982, deux ans après la fin, je n'en aurais pas même vu les crédits se dérouler à l'écran. C'est en lisant la presse anglais, milieu d'où proviens l'auteur de ce dit livre (aussi auteur de Energy flash : a journey through rave music and dance culture et Blissed out : the raptures of rock) que les noms de Pere Ubu, Joy Division et Cabaret Voltaire ont commencé a se répéter dans les chroniques. Auparavant, les articles de Rock sound m'avait inculqué quelques notions tout en me baignant dans ma douce innocence de fan de neo metal français (chacun son fardot). Rip it up and start again est donc la découverte d'un univers devant lequel j'ai slalommé jusqu'à présent mais que Simon Reynolds réussit a rendre attractif et vivant.

Véritable archiviste du moindre single ou des changements de personnels, Reynolds mêle a sa passion pour ces groupes la rigueur d'un journaliste musicale mélomane et érudit. Les traits se tracent entre les époques et les pays pour recréer la genèse de The Fall, Joy Division, Public Image Ltd et même Frankie Goes to Hollywood dans un des derniers chapîtres.

Plus que l'histoire d'un mouvement, Rip it up and start again est l'histoire d'une mentalité qui s'est exprimé dans la scène post punk britannique, les débuts de la musique electronique, la scène no wave, l'avant garde new yorkais, les débuts de l'indus, le gothic et la musique pop dans sa globalité. Les extraits d'interviewés sont décortiqués, placés dans leurs contextes et enrichit de la perspective de l'auteur. Les chapitres sont donc denses et riches en information mais le tout est fluide.

A l'instar de Michael Baxandall, historien de l'art auteur, entre autre, d'une analyse de la peinture italienne, Simon Reynolds retrace les sources d'influences et permet au contexte historique de prendre sens. Enthousiaste et passionnés, il agit comme un vrai chroniqueur en ne donnant pas simplement son avis mais en le replaçant dans une optique claire qui permet de se former sa propre opinion. 537 pages et assez peu d'illustration, une bibliographie fournit et des milliers de références de chansons que les l'on peut ensuite traquet sur d'obscures compilations ou sur de grands classiques vendus à prix réduits, Rip it up and start again dégage la même énergie et le même enthousiasme a parler de ces groupes qu'eux même ont eu a créer certains des monuments les plus importants de l'histoire de la musique. Un hymne à la créativité et à l'inventivité qui ne s'effondre jamais dans la nostalgie.

Saturday, September 12, 2009

Moon de Duncan Jones


Réalisé par Duncan Zowie, le fils de David Bowie dont l'anonymat n'aura pas fait long feu, Moon est son premier long métrage après un court en 2002 (Whistle). Sam Bell (Sam Rockwell), un astronaute au commande d'une station lunaire servant a renvoyer du carburant sur Terre pour le compte de Lunar Industries, n'a plus que deux semaines à tirer avant de rejoindre sa femme et sa fille et de quitter cet environnement où il vit avec GERTY (doublé par Kevin Spacey), l'ordinateur de bord chargé de la maintenance de la base. Fatigué et fleurtant avec la dépression, Bell est victime de son inatention quand, lors d'une sortie, il a un accident. Le premier twist, qui est révélé dans la bande annonce, ne tarde pas a se dévoiler puisque en retournant sur les lieux de l'accident, Sam Bell va découvrir un homme en tout point identique à lui.

La suite du scénario est alors assez prévisible pour un habitué des intrigues de science fiction. La force de Moon est alors de ne pas perdre le spectateur grâce à l'interprétation maitrisé d'un Sam Rockwell qui se dédouble à l'écran pour jouer un personnage physiquement identique mais fondamentalement différent dans sa perspective des événements. Tout au long de l'heure et demi, l'action ne tourne pratiquement qu'autour de lui et il se porte à la hauteur de la tâche qu'il lui incombe pour faire de Sam Bell un être humain fragile et touchant.

Moon porte aussi la marque d'un réalisateur prometteur qui se révèle surtout dans la dernière partie de son film. Segmenté par un abus de fondus enchainé au début, la réalisation devient beaucoup plus intéressante par la suite dans l'univers confiné de la base lunaire où tout se déroule. Les scènes en "extérieurs" n'abusent donc pas des effets spéciaux futuristes dont Moon aurait pu se barder pour justifier sa place de film de science fiction. Comme dans les bons romans du genre, Zowie préfère privilégier le développement d'une problématique pour interroger le spectateur sur un futur probable tout en mettant en scène, plus qu'un environnement futuriste mais une situation dramatique.

L'intelligence du réalisateur a donc été de mettre au centre de son film un acteur époustouflant dont l'interprétation est mise au service d'un scénario de science fiction dramatique et intelligent. Pas totalement à la hauteur de mes espérances du fait d'une réalisation encore un peu hésitante, Moon laisse toutefois un arrière gout amer bien prononcé une fois la dernière image projeté. Preuve que l'on vient de voir plus qu'un divertissement mais une tranche de vie d'un personnage que l'on aura bien du mal a oublier.

Thursday, September 10, 2009

Fear of Music : Why people get Rotkho but don't get Stockhausen de David Stubbs


Tous les lecteurs d'eklektik ont forcemment été une fois confronté à des remarques désobligeantes sur leurs gouts musicaux. Situation classique : un proche, un collègue, un camarade de classe vous demande ce que vous écoutez comme musique ? Attendant une réponse consensuel, du type "un peu de tout sauf du rap et du r'n'b", votre interlocuteur est troublé quand vous lui répondez honnêtement "du metal" ou "des groupes suédois" ou alors quand vous éludez la question en y coupant court pas un très général "du rock en général, du rap, de la musique électronique".

Le malaise s'installe alors de plus en plus quand on vous presse de parler un peu plus de ce que vous aimez et que vous vous trouvez alors obligé de donner des noms de groupes qui ne diront strictement rien à votre interlocuteur. Il faudra en venir alors à l'étape tant redouté : celle du test. Vous passez vos écouteurs et appuyez sur play pour vous les voir retourner au bout de quelque secondes après que l'on vous ai regardé bizarrement ou en souriant, comme si l'on venait de découvrir un secret honteux sur votre personne.

Si ce récit vous semble un peu trop personnel vous auriez raison car j'ai tellement eu à faire avec ce genre de conversation qu'un être humain normal aurait préféré écouter R Kelly plutôt que de continuer a tenter de faire comprendre la musique qu'il aime à de parfaits étrangers (c'est comme cela que l'on fini chroniqueur en général).

La question posé par la couverture m'interpellait donc au plus haut point puisque, derrière le nom de Stockhausen se trouve un annuaire de groupes et d'artistes expérimentaux ou manipulant simplement des sonorités plus abrasives que la moyenne et dont le travail est le sujet de moquerie ou de regard perdus. L'auteur ment alors à son lecteur puisqu'il ne traite pas franchement la question jusqu'à la conclusion où il émet divers théories capable d'expliquer pourquoi la peinture d'avant garde est accepté tandis que la musique d'avant garde reste un mystère que le grand public qui fréquente les musées ne veut pas explorer.

A la place, David Stubbs nous raconte l'histoire de la musique d'avant garde et la musique populaire ainsi que les relations entre le peintre Kandinsky et le compositeur Schoenberg qui voyait réciproquement dans leurs travaux un même objectif ou les expérimentations sonores des futuristes et des dadaïstes. En 130 pages, Stubbs tente de mettre de l'ordre dans l'histoire de la musique et de comprendre pourquoi les avancées musicales ont toujours été repoussés pour réapparaitre ensuite dans les albums de groupes contemporains (il crée par exemple un lien entre Aphex Twin et Stockhausen).

Complexe et dense, l'écriture journalistique et les connaissances érudites de l'auteur font de la lecture de cet essai un passage recommandé pour quiconque s'est déjà retrouvé dans la même situation que moi même et possède un petit bagage dans l'art moderne pour pouvoir se repérer. Ecrit par un passionné pour des passionnés, Fear of Music ne décrypte pas totalement la question mais pose de nombreuses questions intéressantes sur la place de la culture noire dans l'évolution de la musique moderne et les motivations des différents artistes sans lesquels la musique moderne ne serait pas ce qu'elle est (Stockhausen et Cage en première ligne).

Wednesday, September 09, 2009

The Dirt de Motley Crue


Sex and drugs and rock and roll qu'il disait Ian Dury. Cette phrase célèbre d'un homme qui l'est beaucoup moins n'a jamais été mieux incarné que par Motley Crue. Haïs par les critiques, adulé par des hordes de fans et de femmes, atteint d'un syndrome d'auto destruction chronique qui fait penser l'Illyade pour un dimanche en Normandie, que l'on aime ou que l'on n'aime pas, l'histoire de Motley Crue reste fascinante.

Fondé en 1981 en Californie, par Nikki Sixx (basse) et Tommy Lee (batterie), le quatuor infernale est complété par Mick Mars (guitare) et Vince Neil (chant). Une fois les quatre réuni, les excès commencent et cela même avant leur signature sur la major Electra records. Motley Crue incarne les excès et la folie de la californie. Les fringues et le maquillage, l'alcool et la cocaïne (ainsi que l'herbe avant de passer à l'héroïne) et des femmes par-dessus la tête. Tout le récit des excès et des déboires du groupe sont racontés par chacun des membres. Tout est raconté selon leur perspective. Des événements sont donc racontés deux fois mais de deux manières différentes. Une bonne manière de se rapprocher de la vérité et de s'écarter un peu du mythe que chacun veut créer autour de lui. Nikki Sixx explique même qu'il veut faire de Motley Crue le groupe le plus outrancier et crétin de la planète. C'est chose faite.

Tout est donc passé en revue. Autant la vie de stars que leur enfance de môme blackboulé dans des enfances et des adolescences à problème. Chacun y va de sa propre tragédie et de ses démons. Que ce soit un père absent (Nikki Sixx), le quotidien dans le quartier de Compton, patrie de N.W.A. (Vince Neil) ou un problème génétique (Mick Mars), Motley Crue est un groupe de nerd que l'on a pas laissé grandir et qui continue donc de se comporter comme des gamins. Ils s'expliquent mais ne s'inventent pas non plus des excuses. Les stars ne sont pas infaillibles et la gloire a autant sa place que la déchéance. The Dirt n'est donc pas un livre écrit pour assouvir l'ego de musiciens délurés mais une thérapie où chacun exprime son opinion de soi et des autres. Les avis se croisent et s'opposent parfois, quitte a révéler des choses qui était resté enfouis pendant très longtemps (comme cette petite amie d'un manager que l'on tringle dans le coin d'une loge pour apprendre, une page plus loin au dit manager, la vérité).

Certains chapitres sont aussi consacrés à des proches du groupe, des managers en général, dont le rôle est de replacer les événements dans leurs contexte ou de se sauver des insultes et des accusations que le groupe lance après eux. Une pluie de controverse mais aussi de véritable drame comme la déchéance de Mick Mars, membre le plus mal lotis du groupe, a qui tout arrive dans la gueule jusqu'à la fin du livre (qui s'arrête en 1999 au départ de Tommy Lee parti fonder Methods of Mayhem) ainsi que le décès de la petite fille de Vince Neil. Le ton de The Dirt est résolument celui du confessionnal. Tout est dit, tout est avoué et quelque trucs sont pardonnés. Mais pas tout !

Sans être dénué d'hypocrisie, The Dirt est aussi un livre qui déborde d'honnêteté mu par le besoin, la nécessité, de mettre les choses a plat après tant d'année de folie (18 ans pratiquement sans interruption) où le groupe réussit a caler des divorces, des dizaines de passages en cure de désintoxication (Motley Crue fréquente ces centres comme d'autres partent en pèlerinage à Lourdes), un accident de la route où décède le batteur de Hanoi Rocks, huit disques et une quantité d'alcool capable de remplacer l'océan atlantique. Les dégâts se chiffrent en centaine de millions, les achats de drogue dans les même proportions mais il reste une histoire incroyable et fascinante, mélange de talent, d'idée géniales et folles et d'une chance incroyable.

Saturday, September 05, 2009

Banksy vs Bristol Museum

Le site officiel de Bristol l'avait pourtant prévenu mais je ne l'avais pas cru. Pas un dimanche, pas avec un temps pareille, pas vers la fin de l'exposition ... ah, en fait si. Deux heures de queue donc pour accéder au musée de Bristol et découvrir les installations de Banksy. L'attente se fait patiemment dans les rangs tranquille d'une foule calme et joyeuse. Peu de gens font la gueule, ça discute, ça laisse passer les gens sans rechigner quand certains coupent la queue après être parti chercher de quoi grignoter. Plus de deux heures de britannique tranquille ça repose.


Dans un coin d'un mur extérieur du musée un petit message écrit avec la même typographie que ceux de Banksy se moque de la situation : This is not a queuing opportunity. Une référence à l'inscription tagué par l'artiste : This is not a photo opportunity. Pourtant, après avoir tant attendu devant le musée et aussi de la part de cet artiste que j'affectionne assez, cela valait le coup de faire le déplacement depuis Londres (deux heures de bus pour l'allé et le même traitement pour le retour).

Le titre de cette exposition était Banksy vs Bristol Museum et c'est effectivement une optique de confrontation que l'artiste a pris. Le rez de chaussé est tout d'abord envahit par plusieurs grandes installations comme un camion de glace tenus par des CRS locaux où la glace géante du toit semble fondre. Un espace de détention pour de faux animaux comme des chicken nuggets animés mangeant leur sauce barbecue, des saucisses cocktails vivantes et un singe déguisé en peintre que l'on regarde en plein action devant sa toile.

Banksy adapte donc son discours critique à un nouveau format plus vivant mais convenant mieux à l'espace d'un musée où les spectateurs vont tourner en rond autour de l'objet et le découvrir sous différents angles. Une autre pièce, beaucoup plus grande, regorge d'œuvres anciennes ou nouvelles permettant au public de découvrir le travail de l'artiste.

Ainsi, bien que le musée se distance au début de l'exposition de tout soutien vis à vis de l'activité illégale que Banksy exerce en tant que graffeur, il lui donne la parole sans censure apparente. Le résultat est même très efficace pour quelqu'un qui ne connaitrait pas du tout son travail. Moins pour le fan assidu mais on ressent tout de même quelque chose à découvrir devant soi ce que l'on a feuilleté dans les pages de son art book.

Le reste des détournements se cherche ensuite dans les allés du musée et il faut donc découvrir le musée de Bristol pour compléter son expédition de cette installation. Ainsi, en détournant le musée qu'il critiquait pourtant dans l'introduction de son livre comme étant un outil servant a cautionner l'art que l'on juge de qualité, Banksy se l'approprie et invite les visiteurs à découvrir ce lieu. Cependant, par le biais de ce détournement plus proche de l'optique du street art où il faut ouvrir les yeux pour découvrir une oeuvre perdus sur un mur gris, le détournement des peintures demande de l'attention et un peu de sens critique. L'artiste emploie donc ici la même technique de détournement de tableaux qu'il pratiquait en mode guerilla en attendant de voir combien de temps les responsables allaient se rencontre de son ajout.

Cette visite m'a d'ailleurs permis de découvrir le travail de John Armstrong dont un tableau représentant une maison déconstruite peut être mis en rapport direct avec l'utilisation par Banksy de la destruction d'un élément du décors pour détourner le sens d'une peinture. L'artiste ne s'est d'ailleurs pas consacré uniquement au détournement de peinture mais aussi aux sculpture en ajoutant des sex toys et d'objets divers et variés à des statuts antique. Une pratique en forme de pied de nez qui permet aussi de rappeler que ces œuvres n'étaient pas non plus dénués de sensualité à leur conception.


L'exposition se parcours en trois quart d'heure et permet aux novices de découvrir tout l'étendu du travail de Banksy qui passe ainsi du détournement de symbole dans la rue au détournement de symbole dans le musée. Je conclurais donc ce compte rendu de la même manière que ma visite, en reproduisant le message que j'ai laissé sur le livre d'or : This may not be street art, but it's great art nonetheless.

Banksy vs Bristol Museum from Butterfly on Vimeo.

Visite au Tate Modern - part 1

Sur la recommandation d'un ami qui m'avait parlé du musée d'art moderne de Londres, le Tate Modern, j'ai trainé mes pattes difficilement là bas. Pas que j'avais des reticence a visiter le musée mais que j'ai eu un mal fou à le trouver. En fait de passer par le devant, j'ai, sans le vouloir, contourner le musée et suis passé par la sortie qui donne sur de petites rues perdus entre des immeubles de bureau et un grand hôtel. Le bâtiment en lui même est un grande usine faite de brique rouges. Comme si on avait utilisé une ancienne prison pour y coller des œuvres d'art. L'entrée que j'ai ensuite emprunté était a coté de celle du personnel, dissimulé derrière l'entrée des voitures. A croire, l'espace d'un instant, que personne ne voulait que je trouve ce musée.

Puis, une fois arrivé devant la véritable entrée, je me suis rendu compte qu'il suffisait de continuer un peu sur les quais pour la trouver. Passé cette première impression ridicule je me suis donc dirigé vers les portes gigantesques du bâtiment. Sa présentation extérieur fait cependant passer Beaubourg pour un temple de la Rome antique. Une fois à l'intérieur par contre je n'ai plus eu qu'à ravaler toute mes critiques tant l'installation moderne et le vaste hall qui m'accueillait convenait parfaitement à accueillir le public d'un musée d'art moderne. Rien a voir avec le hall de Beaubourg où il est difficile de se repérer.

Le prix des expositions était par contre assez élevé puisque j'ai déboursé 15£ pour les deux expositions en cours. Par contre, ce que je n'avais pas prévu, c'est que quatre autres sont totalement gratuites et représentent un trésor inestimable pour mes petits yeux avides mais vierge de toute grande expérience de visite de musée. Jusqu'à présent je me suis toujours contenté de regarder avec un minimum d'attention les pièces exposés dans les musées français que j'ai visité, n'y trouvant jamais mon compte ou me sentant mal à l'aise dans cet environnement. Le Tate Modern m'a fait totalement changé d'avis à ce sujet.

J'ai donc décidé une fois le début de mon exploration soldé par des découvertes marquante de noté dans mon carnet toutes les références des œuvres que j'aimais pour ensuite les présenter brièvement et inviter mes quelque lecteurs a visiter eux aussi ce lieu.

Les peintures suivants se trouvaient dans la partie réservés aux peintres surréaliste et dada

La vertu noire de Roberto Matta Echaurren
J'ai été frappé par la ressemblance entre le style et l'atmosphère des premiers travaux de Dave McKean et celui de ce peintre. L'univers fantastique y est similaire et le jeu des couleurs sombre se retrouve aussi en échos. Surement une influence majeur de l'artiste britannique.

Les transparents (traduit en anglais "The Invisibles") de Yves Tanguy
Autre influence propable d'un autre britannique, Grant Morrison, auteur de la série The Invisibles. Lee style autant que la citation qui accompagnait la toile m'ont frappés puisque ce titre est définit comme étant "that escape normal understanding". Une définition rappelant l'absurde et la folie dont sont infectés les personnages qu'écrit Morrison.






Masks survive de Franz Roh
Un collage réalisé par cet auteur allemand dont le style m'a fait penser aux premiers flyers de concert Punk et Hardcore. Le style n'a bien sur rien à voir mais j'ai tout de suite pensé au travail de Raymond Pettibon, artiste qui a profondément marqué les visuels de cette époque et qui a travaillé notamment avec Black Flag puisqu'il en était un membre de la première heure.





Forest and dove de Max Ernst
J'ai été marqué par le style utilisé par l'artiste pour la colombe aux traits rouge caricaturaux et rectilignes (à l'opposé de l'image même de la colombe qui se veut un harmonieux symbole de paix) en opposition totale à la forêt qui toise totalement le reste et évoque des formes animales et monstrueuses. A noter qu'une exposition sur Max Ernst est en cours au Musée d'Orsay.






La famille du peintre de Giorgio De Chirico
Présenté à l'entrée de cette exposition, j'ai été marqué par l'aspect fantastique des personnages composés de formes géométriques. En revoyant cet oeuvre je note aussi l'enchevêtrement de sorte d'armoire qui composent le personnage blanc et me rappellent les Merzbau de Kurt Schwitters (transformé ensuite en Merzbow par le japonais Masami Akita pour son fameux alter ego noise / ambiant).






Henri Matisse par Andre Derain
Un peintre en peint un autre avec une touche expressionniste tout en usant des couleurs qu'affectionne l'artiste. Beaucoup moins marquante dans le format ridicule que l'on trouve sur internet (le Tate Museum a tout de même le mérite de proposer ces illustrations pour toutes les pièces de sa collection), j'ai un peu de mal a retrouver ce qui m'avait marqué dans ce tableau au point de le noter mais je vous encourage a faire le voyage pour la découvrir par vous-même.





Letter to my son de Asger Jorn
J'avais noté sur mon carnet le nom du Timide orgueilleux mais en redécouvrant ce tableau sur le site du musée je pense m'être trompé de référence et préfère donc mettre en valeur celui-ci. Les couleurs et le style enfantin que les adultes ne sont pas censés maitrisés et parfaitement aboutis. C'est peut être là l'exemple type de l'oeuvre que les plus détachés de l'art moderne ont du mal a appelé de l'Art mais au delà des débats stériles comme ceux-là je pense surtout que ce que dégage ce tableau n'aurait pas pu être obtenu autrement qu'en prenant cette approche presque primitive, d'où se dégage une véritable vie, dans les mouvements des coups de pinceaux, et dans l'expression même de quelconque fantasme propre a l'artiste.


L'arbre de fluide de Jean Dubuffet
Encore une fois, le rendu internet est bien loin du choc frontale de l'oeuvre physique. Il faut donc bien se pencher sur son écran pour voir les lignes de cette peinture et comprendre à quel point le terme de "fluide" est approprié. D'après ce que je me souviens de la description, Dubuffet n'a usé d'aucun fluide corporel pour le réaliser mais on serait en droit d'en douter. De plus, la représentation de cet enfant grotesque en serait d'autant plus justifié par l'utilisation d'un mélange de peinture et de fluides provenant de l'artiste même. Il n'en reste pas moins que les veines de peintures de cet œuvre en font un tableau remarquable.

Friday, September 04, 2009

Pineapple express de David Gordon Green


Dans son interview au Daily Show, Seth Rogen et Jon Stewart parlait des stoner movies (les films de et sur les fumeurs de joints). C'est un genre qui n'a pas l'air d'être très bien qualifié mais dans lequel on retrouve surement "How high" avec Method Man et Redman, Clerks pour ses deux personnages de dealers génialement crétins : Jay & Silent Bob ou les films de Cheech & Chong. Or, bien que j'ai entendu parler de ces derniers (l'un d'eux figure même en featuring sur l'album "Follow the leader" de Korn) je n'ai encore jamais vu aucun de leurs films et j'en resterais surement là pour toute l'éternité. Pineapple express, bien que beaucoup plus moderne (Up in smoke date de 1978) et beaucoup moins centré sur la consommation de drogue que ce que j'ai compris du scénario des films du duo, n'est pas une réussite.

C'est même une assez grosse déception vu la foi que je mettais dans Seth Rogen. Je détestais les comédies américains de jeunes avant de connaitre cet acteur et il m'a donné envie de voir des films de ce genre. Attachant et doté d'un solide répondant, il l'est beaucoup moins quand on le lâche en roue libre dans un scénario (pourtant écrit par lui et Evan Goldberg).

Le début du film où on le voit distribuer des assignations à comparaitre est pourtant très drôle. Rogen se déguise et se fait haïr de toutes ses victimes tout en fumant des joints au volant et en appelant des stations de radio pour participer à des débats. Sa petite amie, une ravissante lycéenne, semble lui poser un petit problème puisqu'elle insiste pour qu'il rencontre ses parents mais ce n'est là qu'un élément mineur du scénario. Le second rôle majeur est tenu par James Franco et c'est son personnage de dealer crétin au grand coeur qui va pousser Rogen dans un enfilement de dialogues où il tente de les sauver d'un gros dealer qui tiens a s'assurer que le personnage de Rogen ne parle pas du meurtre que le dit gros dealer a commis chez lui avec une femme flic.

Rogen n'est d'ailleurs pas non plus très malin mais tente de faire du mieux qu'il peut avec ses pôtes accrocs de la fumette dont la durée d'attention est celle d'un poisson rouge sous speed. Le reste du casting n'est pas moins atteint de ce déficit de l'attention, de même que le réalisateur qui s'endort sur ses scènes pendant que les dialogues durent en longueur puis décider de brusquement passé à autre chose. Les dialogues ne sont donc pas aussi savoureux que ceux de The 40 year old virgin où Rogen improvisait avec Paul Rudd, devant un jeu vidéo, un échange mythique autour de "You know why I know you're gay ?".

Aucun des échanges de ce film n'arrive à la cheville de ce moment et les meilleurs répliques sont donc perdus au milieu d'autres totalement anecdotique. La fin du film est d'ailleurs révélateur de ce désastre puisque tout s'essoufle après une scène d'action comico / héroïque très drôle lors d'une discussion dans un diner ou le trio rigole bêtement sur leur amitié et leur envie de rester des copains pour la vie. Oooooh ! Bourré de bons sentiments, attachant mais aussi très chiant par moment, l'heure et demi du film passe un peu difficilement au bout d'une heure de tâtonnement jusqu'à une conclusion qui laisse de nombreuses questions en suspends. Fumer avant de voir ce film ou alors dites à Seth Rogen de moins fumer ? Je ne sûr de rien pour être honnête mais ce film m'a aussi confirmé toutes les raisons pour lesquels je n'ai vraiment pas envie de commencer à fumer quoi que ce soit.

Achats Londonien part 3 : Les livres

Moisson beaucoup plus maigre niveau livre mais je me suis interdit de rentrer trop longtemps dans Foyles pour éviter d'être tenter par quoi que ce soit. Ce magasin est à la fois une malédiction et une bénédiction pour un lecteur comme moi avec des gouts éclectiques allant du roman de gare jusqu'à la vulgarisation scientifique un peu poussé (type "The elegant universe" de Brian Greene). Je n'ai glané ces quelques ouvrages que dans des boutiques trouvé au hasard (Forbidden planet pour le Greg Egan, Koening books de théories et HMV pour The Dice man) ce qui n'est pas plus mal puisque cela rend la recherche encore plus passionnante et les découvertes d'autant plus agréables.

The Medium is the massage de Marshall McLuhan et Quentin Fiore
Agrémenté d'illustrations et de photos commentés, cet ouvrage de MacLuhan a pour avantage de donner un ressort visuel à son argumentaire qui en avait bien besoin dans Understanding media. Cependant, sans avoir lu cet ouvrage, ni même parcouru, je le vois comme une suite logique de son analyse des médias et du développement de la relation qu'ils exercent dans le développement de la société moderne. McLuhan est un expert dans le déroulement de la bobine emmêlé dont personne ne retrouve le bout. Beaucoup plus synthétique lors de ses apparitions télévisés et aussi efficace "qu'une pilule de LCD" (dixit un de mes professeurs qui me l'a fait découvrir), la lecture de McLuhan a surtout pour objectif de fixer sous la forme d'une phrase claire et précise le fondement de sa pensée. Ainsi, tout comme une expérience hallucinogène, on ne peut prendre bien conscience de tout ce que l'on a vécu qu'en revenant dessus. La lecture permet ceci tandis que l'expérience télévisuel est direct et permet l'immersion mais moins le retour sur soi. Tout fonctionne donc par étape et je vous encourage donc a prendre la dose suivante pour découvrir ne serait ce qu'un peu le fondement de la pensée de ce grand homme.



Design as art de Bruno Munari
Acheté car il se trouvait a coté du livre de McLuhan, l'élément décisif fut surtout la citation de Pablo Picasso au dos appelant l'auteur "le nouveau De Vinci". Or, une telle qualification venant d'un des maîtres de la peinture du XXième siècle ne peut qu'attirer mon attention. De plus, je travaille dans une bibliothèque pour des étudiants de publicité qui ont a faire avec le design donc le moins que je puisse faire est de me renseigner un peu plus sur le sujet. De plus, le design est un des pendant de l'art moderne que l'on ignore encore beaucoup trop en France à cause de la suprématie du musée comme justificateur de la qualité artistique d'une œuvre.



Schild's ladder de Greg Egan
En sa qualité de professeur de science, Greg Egan peut se permettre d'utiliser de véritables théories scientifiques pour les distordre et créer des intrigues de science fiction complexes qui ne sont pas juste de la foutaise en barre. Ici, un trou noir qui commence a engloutir l'univers pousse un groupe de survivant a créer une civilisation au bord du gouffre pour vivre le plus longtemps possible tout en assistant à la fin de l'univers. Le roman précèdent de Egan que j'ai lu portait sur la physique quantique et fut aussi fascinant que la lecture d'un ouvrage parlant de ce sujet. Ce sera donc là mon deuxième livre de l'auteur et si la lecture se révèle aussi satisfaisante il va falloir que j'investisse vite dans le reste de sa bibliographie.

The Dice Man de Luke Rhinehart
Recommandé par un ami comme étant un roman terrifiant car décrivant une envie que l'on connaissons tous de laisser le hasard décider pour nous par moment, je l'ai trouvé dans plusieurs librairies londonienne pour 3£ comme un best-seller ultime tellement vendus qu'on le brade sur les tables des meilleurs ventes. Même un magasin de disque en avait sur son comptoir ! N'étant pas très habitué au roman best-seller je crains du coup que le contenu ne soit un peu trop consensuel mais j'imagine que je verrais bien par moi même si le grand public anglais a autant besoin de simplicité que le public français. L'histoire de ce psychiatre qui décide de laisser des jets de dés guider toute sa vie est en tout cas des plus intéressantes pour débuter une histoire complexe. Reste a savoir si l'auteur joue le jeu jusqu'au bout lui aussi.

Thursday, September 03, 2009

Parking de Chung Mong-Hong


Poursuivi par la malchance ou par le destin, Chen Mo est condamné à passé sa nuit devant un bloc d'immeuble en compagnie d'un mystérieux coiffeur pour retrouver le propriétaire de la voiture garé en double file qui empêche la sienne de sortir. D'une petite tranche de vie banale, Mong-Hong Chung (réalisateur et scénariste) extrait une collection de quotidien bousculés qui se retrouvent au même endroit, le même soir, et tente de donner un nouveau sens à leur existence interrompu par de mauvaises décisions.

Pourtant conduit par un réalisateur / scénariste dont c'est ici le premier passage au film de fiction (après un documentaire, des courts métrages et des publicités), Parking excelle en rendant ce voyage entre les tranches de vie de chacun fluide malgré les différences d'émotions de chaque tableaux. Violent, tragique et tendre, il évoque par moment le chef d'œuvre d'Eric Khoo, "Be with me", par cette rencontre de destin tragique dont l'humanité profonde se révèle dans les situations les plus désespérés, comme celle de cette fille aux parents décédés, élevés par un grand père et une grand mère qui se berce encore de douces illusions sur le retour possible de son fils; exécuté il y a six ans après un enlèvement qui a mal tourné.

Parking évite pourtant le case du larmoyant grâce a une réalisation qui se concentre sur les mouvements subtiles des personnages qui trahissent le mieux leur état d'esprit. Lent et avare en grande réplique, Chung Mong-Hong se situe à la croisé du cinéma japonais pour son atmosphère douce et ses relations entre les personnages qui se délient à la vitesse des mouvements et non des dialogues ainsi que de la Corée pour son travail des atmosphères par la couleur et la lumière. Les scènes ont leurs couleurs et celles-ci permet de créer la tension (la visite chez le proxénète) nécessaire ou le relâchement permettant un petit moment de comédie (la scène dans les toilettes avec la tête de poisson). Personnage centrale de toutes ces interactions, Chen Mo se révèle progressivement en laissant paraitre ses émotions qu'il contient péniblement sous le coup d'une relation difficile avec sa compagne et de ces destins tragiques qui viennent se mêler au sien de force alors qu'il tente de réintégrer son petit ilot de tranquillité, sa voiture.

Présenté à Cannes dans la catégorie "Un certain regard", Parking est à la fois un drame réaliste et superbe et un panorama de la vie des habitants de Taïwan. En se concentrant sur la vie d'une poignée de héros atypiques, Parking parle à la fois de sexualité, d'économie, de politique, d'amour et de criminalité. Tout ce que l'on demande et bien plus encore à un film réaliste et intelligent.

Un prophète de Jacques Audiart


Je peux compter sur une main le nombre de films français que j'ai eu envie de voir ces dix dernières années : Irréversible, Seul contre tous, Martyrs et 13 Tzameti. Un prophète vient s'ajouter à la liste et comme les quatre autres je ne regrette en rien ma décision. Étranger des salles de cinéma depuis plusieurs années, par lassitude de devoir se déplacer et payer un prix prohibitif pour une seule séance quand un DVD acheté d'occasion coute a peu près le même prix, l'enthousiasme d'un ami m'a tiré jusqu'à une salle du sixième pour recevoir ma claque cinématographique.

Incarcéré pour six ans, Malik El Djebena (Tahar Rahim) est vite pris a parti par un groupe de prisonnier Corse qui le contraignent a commettre un meurtre pour leur compte. Protégé mais exploité comme femme de ménage pour le chef du groupe, César Luciani (Niels Arestrup), El Djebena, analphabète et seulement âgé de 19 ans, apprend et sert bientôt de relais avec l'extérieur pour ce parrain à la dérive quand ses compagnons partent rejoindre leurs familles en Corse suite à une décision du président de la République. L'ascension se fait pourtant toujours dans les murs de la prison et Jacques Audiart ne cesse de le rappeler grâce a une réalisation claustrophobe centré sur les personnages et les quatre murs qui les entoure. Les prises en extérieurs dans la prison privilégient les murs et non le ciel. La lumière n'enveloppe le héros que lors de ses sorties mais elle disparait très vite dès qu'il replonge dans ses affaires.

Plus qu'un film sur l'univers carcéral, Un prophète est une mise en abime dans le quotidien d'un prisonnier. Qu'il soit à l'intérieur ou à l'extérieur du lieu, il reste enfermé. Ainsi, la progression d'El Djebena au sein de la prison se fait au prix de porte qui se ferment tour à tour autour de lui plus ils montent ses différents business. Les truands de Jacques Audiard n'ont donc rien à voir avec ceux de Michel bien que le don dans l'écriture des dialogues soit resté dans la famille. Le fils excelle de toute manière dans tout les registres et use de nombreux outils visuels comme d'écrire les noms des personnages principaux à l'écran quand ils apparaissent pour la première fois à l'écran. Les apparitions du fantôme du prisonnier assassiné par El Djebena sont aussi très réussis en croisant parfaitement la frontière entre un réel halluciné et une apparition fantasmatique qui va bien plus loin qu'exprimer la culpabilité du meurtrier.

Dense, magistrale et d'une puissance constante tout au long de ses deux heures trente, Un prophète est un film ouvert aux interprétations symboliques (la dernière image où El Djebna endosse le rôle d'Abraham, accompagné par la femme et le fils de son ami et suivi par une fille de voiture) tout en restant crue et impeccable dans son rendu de la vie de criminels dont la violence banale explose pour les raisons les plus stupides (comme cette chasse aux cerfs improvisée après qu'une voiture en est percuté un). Audiard mêle obscurité et clarté pour un résultat que l'on ressent parcourir à l'intérieur de soi bien après que l'on soit sorti de la salle. Toutes les marques d'un chef d'œuvre habité par des auteurs de talents, autant les acteurs principaux à l'interprétation parfaite que par les hommes derrières la caméra, depuis le scénario jusqu'au rendu visuel.

Achats Londonien part 2 : Les comics

En retournant à Londres il y a quelque jours je n'avais pas prévu de liste d'achats. Mon intention était de faire des économies et de ne pas dépenser de la même manière que la dernière fois. Comme le prouve la liste suivante, ces intentions en sont restés. Beaucoup moins tournés vers les indépendants et plus vers la continuité de séries, cette liste d'achat n'intéressera surement pas les aficionados mais indiquera peut-être aux jeunes pousses le mouvement à suivre puisque tout les volumes suivants sont des classiques ou de nouveaux incontournables.

Scott Pilgrim vol. 1 & 2 de Bryan Lee O'Malley
Après avoir fait la sourde oreille au consensus qui accompagnait la sortie de chaque nouveaux volumes, j'ai fini par prendre en main un volume et le ramener à mon hôtel. Lu dans la soirée, le deuxième volume m'appelait maintenant avec insistance. Je résiste maintenant à la tentation de le dévorer pour ne pas avoir tout de suite besoin du troisième. Scott Pilgrim est à ce point addictif. Toutes les critiques que l'on peut adresser à son style manga minimaliste se transforme en atout grâce aux dialogues et à la personnalité des héros qui en font d'adorables copains un peu emmerdant comme nous en connaissons tous. Sorte de chainon manquant entre le shonen manga (les combats, l'amitié) et le shojo (les histoires d'amour compliqués) appliqués à un univers adolescent fan de rock, Scott Pilgrim est la série de générations d'adolescents ayant vécu durant les 90's ou vivant dans les années 2000.

Doom Patrol #06 - Planet love de Grant Morrison (scénario) & Richard Case, Sean Philipps et Stan Woch (dessin)
Fin de la réappropriation par Morrison de la patrouille de super héros la plus désespérée de tout les temps. La fin du précédent volume a laissé l'équipe dans l'implosion la plus totale après la trahison d'un membre et le meurtre d'un autre par le même traître. Ce n'est plus la dépression qui est a la merci de la Doom Patrol mais l'apocalypse avec un grand A comme Artistiquement déjanté. Morrison continue de donner une couleur dada et surréaliste au pop art du genre super héroïque par la branche la plus étrange de l'arbre. Une oeuvre unique qui trouvera surement ici une conclusion à la hauteur de la folie et du génie (es deux sont indissociables) des cinq volumes précédents.

100 Bullets #08 & #13 de Brian Azarello (scénario) et Eduardo Risso (dessin)
Le roman noir personnifié. Les femmes fatales, les truants torturés par les spectre de leur passés, les êtres violents dénués de moralités, aucun innocent et de la trahison à tout les étages. Ce treizième volume est le dernier de la série et demandera surement une relecture complète de la série (d'où l'achat du huitième volume même si ma collection complète est encore loin du compte) afin de comprendre tout les tenants et les aboutissants des fils du scénario que les deux auteurs vont tirer pour former un joli petit paquet et remballer le tout dans un coin avant de passer à autre chose. Que la conclusion soit à la hauteur n'a plus d'importance maintenant car le voyage a été bien trop agréable pour cracher maintenant sur la destination. Classique depuis son premier numéro (disponible ici en pdf).

Batman Year One de Frank Miller (scénario) et David Mazzucchelli (dessin)
Après avoir relu cette histoire je me demande encore pourquoi ne figure pas dessus une citation de Christopher Nolan où il dirait, en toute honnêteté, "j'ai tout pompé sur cette histoire pour faire mes films". Il faudrait alors ajouter à cela "The Killing joke" de Moore pour retracer la genèse des films de Nolan (bien qu'une citation de Tim Burton figure déjà sur la couverture de "The Killing joke" où il dit s'en être largement inspiré) mais Year one est un pan monumentale de l'histoire de la chauve souris ainsi que de la mythologie du super héros moderne. Intense et réaliste tout en conservant la puissance surhumaine de la légende urbaine de Gotham City. Une renaissance magnifiquement exécuté par un Miller en grande forme et un Mazzucchelli déjà grandiose bien avant son apogée récente sur "Asterios Polyp" (ce qui ne veut pas dire non plus que je pense qu'il ne continuera pas a me surprendre).

Scalped #04 - The Gravel in your guts de Jason Aaron (scénario) & R.M. Guéra et Davide Furno (dessin)
Pendant que 100 Bullets arrive au finish, Azarello a depuis quelque temps passé le baton du relais du meilleur roman noir en comics à Jason Aaron. L'atmosphère est sensiblement différente, l'intrigue beaucoup plus humaine car centré sur quelque personnages et non la trentaine de visages des pages de la série d'Azarello et Risso. Le ton est par contre tout aussi acide et brulant. Comme le confirme Ed Brubaker (autre grand nom dans le bataillon des auteurs faisant dans le roman noir en comics) dans son introduction, Scalped est un concentré de tout ce qui fait la force du noir en laissant entrevoir parfois un peu de soleil pour ensuite le voler au lecteur pour lui faire gouter une nouvelle fois à ce qu'est vraiment l'obscurité.

Criminal #04 - Bad night de Ed Brubaker (scénario) & Sean Phillips (dessin)
Une femme nue dissimulé par une couverture qu'elle ramène timidement vers sa poitrine tout en tenant une arme à feu fermement dans sa main. La contradiction contenue dans cette illustration pourrait figurer a coté de la définition du "roman noir" pour décrire "la femme fatale". Criminal est encore une série qui se dispute le titre de "roman noir à suivre absolument" avec Scalped et 100 Bullets. Le mieux dans ce cas est de suivre les trois car autant Aaron que Brubaker et Azarello sont talentueux et unique dans ce même "genre". Les trois précédents recueils se sont, en plus, payé le luxe d'être de mieux en mieux pour aboutir à une troisième qui m'avait laissé à bout de souffle. Je ne demande qu'à être terrassé par la lecture de ce quatrième morceau.

Pluto #02 de Urasawa Tezuka
L'article que j'ai écris sur le premier volet de cette histoire devrait suffire à décrire la magie et l'intelligence que recèle cette histoire. Je rappelerais juste que la publicité française est imminente et que l'histoire ne compte que huit volumes.








The League of extraordinary gentlemen : Century 1910 de Alan Moore (scénario) & Kevin O'Neill (dessin)
Alan Moore est une raison suffisante pour justifier tout achat. Quand on l'associe au trop rare Kevin O'Neill (Marshall Law, un grand moment de folie dans l'histoire du comics au même titre que Judge Dredd) alors le besoin se transforme en nécessité. J'aurais trop l'impression de passer pour une catalogue de la FNAC si j'essayais de résumer cette série donc je me contenterais d'une anecdote concernant le contexte de mon achat. Ce volume, je l'ai trouvé à 5£ dans un HMV posé sur une table de présentation. Je l'ai non seulement payé un peu moins cher que le prix normal (5,95£) mais surtout je l'ai trouvé dans un réseau de grande distribution parmi les titres les plus vendus. Si ça ne suffit pas a vous faire comprendre tout le bien que je pense de l'Angleterre, alors retournez lire Largo Winch.

Promethea #03 de Alan Moore (scénario) & J.H. Williams III (dessin)
Même problème que pour la League des Gentlemen. Que dire de plus ? Que Promethea est l'oeuvre où Moore explique de façon non didactique sa conception de la magie ? Que l'association d'une des plus grandes références comics aux crayons d'un des magiciens de la planche à dessin est forcement une recette destiné a rentrer dans la légende ? Ce serait donner l'impression que cette histoire est indispensable et mérite d'être lu par toute personne ne serait ce qu'intrigué par le contenu des planches. Or, c'est effectivement le cas.




The Complete D.R. & Quinch de Alan Moore (scénario) & Alan Davis (dessin)
Alors que les deux titres précédents montre Alan Moore comme un grand génie illuminé, il ne faut pas oublier qu'il a commencé a écrire dans les pages de la revue 2000AD et que ses racines sont donc dans la science fiction satyrique. D.R. & Quinch, duo d'adolescent extra terrestre on pour passe temps de saccager le cosmos et de provoquer des guerres pour assouvir de petites vengeance personnelle. Pour autant, il n'en reste pas moins de jeunes gens avec des problèmes de petites copines et avec la justice ... Des ados comme les autres en fait ... avec des armes à neutrons ... et une passion pour les coups tordus. Je ne veux rien raconter au risque de gâcher ne serait ce qu'un des centaines de gags de ces histoires mais D.R. Quinch figure parmis les histoires les plus drôles et outrancière que j'ai jamais lu. Un trésor comique dont je n'entends jamais parler. Ca doit changer !

Brat Pack de Rick Veitch
Vendu comme étant la réédition du chainon manquant entre Dark night et Watchmen pour former la trinité des titres essentiels sur la révolution du genre super héroïque, Brat Pack est surtout pour moi une bonne manière de m'introduire dans l'univers de Rick Veitch. L'homme qui, selon la légende a suivi Alan Moore sur The Swamp Thing sans faire perdre en qualité une série que le britannique barbu le plus mythique et mystique de toute la bande dessinée avait révolutionné. Pour en revenir à Brat Pack, les trente premières pages disponibles m'avait donné l'impression d'un thriller au pays des super héros pervers et amoraux. Un type intrigue devenu maintenant classique (The Boys de Ennis et Robertson, Putain de télé de Stan & Vince ...) en 2009 qui l'était beaucoup moins en 1991.

Crazy hair de Neil Gaiman (scénario) & Dave McKean (dessin)
Les deux auteurs ne s'en doutaient peut être pas, mais The day I swapped my dad for two goldfish allait marquer la carrière de ces deux auteurs habitués à écrire pour les adultes pour les conduire dans la littérature jeunesse. Pour autant, les histoires de Gaiman et McKean parlent autant aux adultes qu'aux enfants et figure parmi les volumes jeunesses les plus superbes et les plus intelligent que le genre recèle. Peinture, collage, manipulation sur ordinateur, les domaines où McKean excelle graphiquement n'ont pas de limites quand la magie de Neil Gaiman guide ses doigts et son imagination. La superbe couverture justifie déjà amplement l'achat alors pourquoi se priver quand le contenu l'est tout autant.