Saturday, August 30, 2008

Youngblood - Focus tested (ou comment Joe Casey dépoussière une série moribonde)


La première fois que j'ai lu un numéro de Youngblood c'était une version française de deux numéros. La publication s'arrêtait alors à un cliffangher qui n'aura surement jamais été publié par la suite. Le deuxième numéro publié dans l'édition française était une histoire totalement différente, très mal dessiné, centré sur un des personnages qui devenait une star du cinéma.
Une star.
Les personnages de Youngblood étaient tous des stars. C'était là le concept du créateur de cette série à la vie chaotique et à la publication on ne peut plus laborieuse, une équipe de super héros gouvernementaux traités comme des idoles, des stars de cinéma. Un concept intéressant qui fut ensuite exploité de manière parodique dans la série X-Statix, crée par Peter Milligan (scénario) et Mike Allred à partir de personnages crée par, comme par hasard, le créateur de Youngblood.
Son nom : Rob Liefeld.
Sa présence sur la couverture d'un comics attire une partie du lectorat et repousse le reste. Détesté par le plus grand nombre, adulés par une foule de fans qui assure le succès commercial de ses productions, il est l'antéchrist pour certains et un dessinateur talentueux pour d'autre.
Indéniablement, Liefeld ne sait pas dessiner. C'est un fait. Ses personnages sont grotesque, son style n'évolue pas d'un poil depuis des années. Il s'enfonce lui même en s'auto copiant ou en ré utilisant des planches non utilisés dans de nouvelles histoires et promet toujours un rythme normal pour finir par ne pas le respecter.
Une incohérence pour un type qui ne sait pas bien dessiner.
Liefeld a cependant crée des personnages dont les fans raffolent : Cable, Deadpool, Youngblood.
Scénarisé aujourd'hui par un Joe Casey que l'on attendait pas sur un tel titre et un illustre inconnu pas plus glorieux que Liefeld mais dont les personnages ont au moins des corps respectant des proportions à peu près normal, une série comme celle ci a tout pour se casser la gueule en beauté.
Sauf que ... en fait ... même si tout laissait penser à croire le contraire ... Youngblood sous cette forme est franchement lisible. J'en redemanderais même.
Bien que déjà exploité, l'idée des super héros star sert ici une cause différente de celle d'une parodie des excès de la culture pop et s'interroge plus sur les manipulations médiatique dans l'air des chargés de la communication.
Les personnages sont toujours aussi uni dimensionnel mais un peu plus de personnalité se dégage progressivement au fil de l'histoire et des rebondissements.
Le rythme se veut rapide. Tout change très vite. Quatre numéros et la première histoire est déjà conclu et s'ouvre vers de nouvelles opportunités. Quelques passages amusants, pas de grandes théories ou même d'expérimentation narrative. Joe Casey, que l'on a connu beaucoup plus aventureux, fait dans le comics pop corn et ça marche. Pour dix dollars je n'aurais pas demander plus de toute façon. Je me suis même demandé si je ne faisais pas une bourde et si je n'allais pas pouvoir mettre ensuite sous verre ce volume en guise d'exemple pour les générations futurs de ce qu'il ne faut pas faire : croire le nom d'un auteur que l'on respecte sur une couverture de comics qui hurle a plein poumons pour que l'on ne la touche pas.
Musclés, les personnages de Youngblood le sont toujours mais les têtes se remplissent au même rythme que les corps s'équilibrent, contrairement aux disproportions flagrantes des dessins de Liefeld qui trahissaient le manque de profondeur du scénario. Les interview placés à la fin du volume le disent de toute manière très bien : Youngblood est un bon concept qui n'avait donné lieu jusqu'à présent qu'à des comics médiocres. Aujourd'hui le niveau se relève et il est impossible de nier que les personnages n'ont surement jamais était aussi intéressant (même après le court passage de Alan "grand magicien du comic book" Moore sur la série pendant quelque numéros).
Et donc, pour une fois, une fois enfin, une série crée par Rob Liefeld mérite d'être lut, d'être suivis et d'être attendu avec intérêt au fil des mois. A quand la suite ?