Tuesday, December 22, 2009
A snake of june de Shinya Tsukamoto (2002)
Shinya Tsukamoto n'est pas homme a se limiter à un genre et il s'attaque donc ici à l'érotisme. Cependant, l'érotisme de Shinya Tsukamoto n'est certainement pas celui de M6, RTL9 et Playboy et ne compte donc pas satisfaire un quota de femmes nues et de scènes de sexe simulés. A snake of june est un tryptique au cours du quel les pulsions de trois personnages vont se révéler au travers des désirs refoulés par la société japonaise.
Rinko Tatsumi (Asuka Kurosawa), jeune conseillère dans un centre d'appel, aide des inconnus à trouver le courage de vivre et de dépasser leurs peurs. Marié à Shigehiko Tatsumi (Yuji Kohtari), obsédé par la propreté, apparemment plus âgé qu'elle, ses désirs sont réprimés par une vie de couple dénués de sexualité et de sensualité (la révulsion de Shigehiko pour la propreté ou les odeurs en sont des manifestations) mais vont être révélés par Iguchi (Shinya Tsukamoto) au moyen d'un chantage.
Ce mystérieux voyeur soumet des clichés intimes à Rinko pour la forcer à "révéler ses propres désirs". Contrainte pour que ne soit pas révélé ses plaisirs secrets, elle va rentrer dans le jeu au prix de sa fierté et de sa peur du regard et du jugement des autres. Il est alors important de préciser que la honte des femmes peut-être très prisé et fait l'objet de films érotiques au Japon. Etrange et même douloureuse, cette épreuve peut donc être percu comme une scène érotique pour un public japonais.
Toutefois, à l'issu de cette épreuve, Rinko va progressivement devenir maîtresse du jeu auquel elle a été contrainte et s'affirmer comme femme. La deuxième partie du film peut donc commencer pour se focaliser sur le personnage de Shigehiko. A snake of june devient alors le théâtre de l'évolution du rapport entre les sexes au sein de la société japonaise. Contraint à des horaires de travail et à un régime d'entreprise épuisant, les hommes ne domine plus autant les femmes qui s'affirment sexuellement beaucoup plus qu'eux. Le couple va donc progresser devoir s'épanouir au sein de cette nouvelle relation dans laquelle Iguchi jouera le rôle d'electrochoc.
Visuellement proche de Bullet ballet, Tsukamoto retourne aussi, l'espace de la première dans le grand magasin, au style nerveux qui caractérise ce film. Un mélange de lumière bleu et grise recouvre la pellicule pendant toute la durée du film aux plans superbes capable de saisir l'intensité de l'évolution du personnage de Rinko. La scène de strip tease sous la pluie avant le dernier quart d'heure de film en est même un des moments les plus intense où la jeune femme exprime par un érotisme catharsique toute la douleur et le désir qu'elle a réprimée. En conséquence, le personnage de Shigehiko paraitrait presque terne si son évolution pareille, mise en image par des scènes oniriques (évoquant "Brazil" malgré la différence de registre des deux films) comme celle que l'on aperçoit sur la couverture.
En dépit d'une histoire complexe conté de manière chaotique, la puissance d'A snake of june triomphe grâce au talent de réalisateur et de photographe de Tsukamoto et l'interprétation de son actrice principale. Encore une fois, l'originalité de Tsukamoto dans un genre aussi stéréotypé que l'érotisme s'exprime dans une histoire complexe où sont à la fois retranscrit le malaise de la société japonaise et les difficultés d'un couple a exprimer leurs désirs.
Monday, December 21, 2009
Vital de Shinya Tsukamoto (2004)
Très loin de la violence des films qui l'ont fait connaitre de son public, Vital explore toujours la question du corps, cher au réalisateur Shinya Tsukamoto, mais aussi celle de l'âme. Riche, aux images superbes et au jeux d'acteur nuancé, Vital interroge de nombreux point dont celui de la relation entre le corps et l'esprit. Où se situe l'âme et comment la définir?
Un étudiant en médecine, Hiroshi Takagi , joué par Asano Tadanobu, victime d'un accident de la route à l'issu duquel il a perdu la mémoire, reprend ses études. Il se retrouve alors dans la même classe qu'une mystérieuse jeune fille, Ikumi, interprété par le modèle prénommé Kiki. Fasciné par la beauté mystérieuse du jeune homme, elle va alors tenter de l'approcher et rejoindre son groupe de dissection. C'est durant celui-ci que l'esprit encore fragile de Hiroshi va être mis à mal quand il prend conscience que c'est le corps de sa compagne défunte, lors du même accident de voiture qui lui couta la mémoire, qui se trouve sur sa table.
Commence alors un voyage intérieur où la découverte du corps de Ryoko, que la danseuse Nami Tsukamoto joue dans les nombreuses scènes où Hiroshi se souvient de leur relation étrange, entre désir de vie et de mort, lui permet de se redécouvrir mais aussi de transmettre encore une part de vie au père de la défunte à qui il fait progressivement part de ses souvenirs. La frontière entre le corps et le subconscient est alors franchit par la dissection du corps et les souvenirs déterrés de l'esprit d'Hiroshi forment alors l'âme de la défunte.
Pris dans cette tourmente, Ikumi sera plus qu'un témoin mais aussi une actrice de cette spirale intérieur dont tout les compagnons d'Irochi s'éloigne avant d'être emporté par son obsession. D'un romantisme troublant, la réalisation superbe de Tsukamoto éclaire d'une lueur, entre rêve et réalité, les tréfonds de l'esprit et du corps. La douleur est toujours psychique, et bien que l'on observe parfois des étudiants au travail, la vision de ces corps n'est pas utilisé comme un ressort de dégout mais traité avec révérence et fascination. Vital ose interroger et montrer des êtres dans toute leur fragilité, autant psychique que physique, au court d'un voyage spirituel pour retrouver le désir de vivre.
Haze de Shinya Tsukamoto (2005)
Enfermé dans un espace confiné, un homme amnésique rampe sur le béton et tente de comprendre comment trouver une sortie et comprendre pourquoi il a été enfermé ici.
Quarante minutes de torture physique pour le personnage principale et le spectateur, compressé par un écran tout les deux aussi restreint dans leur champ de vision. Interprété par le réalisateur même, Shinya Tsukamoto, Haze est un film d'auteur dans tout les sens du terme. Seul deux personnages interviennent durant toute la durée du film. La caméra est focalisé sur le visage de l'acteur et sur son corps. Comme a son habitude, la chaire est le sujet centrale de ce film. Celle du "héros" mais aussi celle des défunts, démembrés et abandonnés dans les couloirs exigus de cette espace non identifié, flottant dans un bassin noire et rouge, sans qu'aucune justification ne soit donné à ce massacre.
Les raisons de l'enfermement n'ont absolument aucune importante. Seul compte le sentiment de compression et le besoin de se libérer. Chercher aussi un propos à ce film est peut-être aussi vouloir trop en dire. L'objectif principal est de comprendre l'importance de la liberté de mouvement que nous prenons pour acquise. Le corps est vie, bien plus que l'esprit. La rencontre de la chaire vivant permet l'expression des sentiments et la montée d'un espoir, d'un désir de vie.
En se concentrant sur la perception d'un personnage tout aussi perdue que le spectateur, Tsukamoto crée un climat capable de rendre un scénario focalisé sur le seul ressentit du personnage vraiment intense et prenant. Pourtant, rien ne se passe véritablement durant ce film. Haze est un ovni au sens où il n'emprunte aucun shéma classique. C'est une nouvelle mise en image avec la même volonté d'immersion et d'aboutissement que Tetsuo dans un univers ne comprenant aucune référence connue (alors que Tetsuo pouvait au moins s'insérer dans l'univers cyber punk).
Plus une expérience qu'une histoire, Haze plaira surtout aux fans du réalisateur et aux curieux dont l'absence de narration générale, de morale ou de sens, n'effraie pas. Entre fantastique, horreur et introspection, Haze franchit le pas et réussit un exercice de style étrange mais malgré tout satisfaisant.
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